Après trois années tumultueuses, le Brexit n’est toujours pas scellé. Tant de revirements de situations, de nouveaux mots de vocabulaires, de changements de position qui se résument souvent, pour se débarrasser du sujet, par : “le Brexit, c’est compliqué”. Alors que finalement, le Brexit c’est aussi simple que dix chansons.
23 juin 2016 : « Divorce », Alex Cameron
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Les procédures de divorce peuvent prendre du temps. Celui entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) a commencé il y a trois ans déjà lorsque, le 23 juin 2016, 17 millions de Britanniques ont voté « leave ». 51,9 % de la population a crié son désamour pour l’Union des vingt-sept, 43 ans après l’avoir intégrée. Ce jour marque l’officialisation du « Brexit », un mot-valise composé des mots anglais « British » (britannique) et « exit » (sortie). Cette volonté de quitter l’UE était déjà présente depuis de nombreuses années et incarnée notamment par Nigel Farage, qui a été à la tête du parti eurosceptique UKIP (United Kingdom Independence Party, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni) pendant neuf ans.
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13 juillet 2016 : « Hello, Goodbye », The Beatles
Bye-bye Mr. Cameron, hello Mrs May ! Le Premier ministre qui a organisé ce référendum, David Cameron, un conservateur au pouvoir depuis 2010, démissionne le lendemain du résultat. Il était en faveur du « remain » pour rester dans l’Union Européenne. Le 13 juillet 2016, il cède sa place à Theresa May, qui était alors secrétaire d’Etat à l’Intérieur. Bien qu’elle ait suivi la ligne de Cameron et son gouvernement pendant la campagne, Theresa May est en réalité eurosceptique. Elle est la deuxième femme à entrer au 10 Downing Street, après Margaret Thatcher.
2 octobre 2016 : « 100 Days, 100 Nights », Sharon Jones & The Dap-Kings
« Brexit means Brexit ». Cette phrase très, très, très récurrente depuis trois ans est prononcée par la Première ministre lors de son discours du 2 octobre 2016 à la convention du Parti conservateur. Quasiment trois mois après son investiture et 100 jours après le référendum, Theresa May annonce la couleur. « Brexit means Brexit » signifie qu’elle souhaite entamer la procédure d’un Brexit « dur », aux conditions britanniques, les moins coûteuses possible. Elle promet d’actionner la procédure avant la fin du mois de mars de l’année suivante et se donne deux ans au maximum pour boucler le tout. Ainsi, les Britanniques n’auraient pas à voter pour des députés européens… (spoiler alert) ce qu’ils ont finalement fait.
29 mars 2017 : « Tick Tick Boom », The Hives
Le compte à rebours est lancé. Le 29 mars 2017, comme promis, Theresa May enclenche la procédure de divorce en signant l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne. Cette clause permet à tout Etat membre de se retirer volontairement et unilatéralement de l’Union Européenne. Supposé donner les modalités de ce retrait, l’article 50 est en réalité très court : cinq petits paragraphes. Il indique uniquement que l’UE et l’Etat sortant ont deux ans pour organiser le retrait et restructurer les liens qui les unissaient via les différents traités signés. Une dérogation pour allonger cette période de deux ans peut être négociée si tous les Etats membres l’acceptent.
8 juin 2017 : « You Can’t Always Get What You Want », The Rolling Stones
Patatras. En avril 2017, Theresa May a les yeux plus gros que le ventre. Si elle a déjà la majorité dans la chambre des communes, avec 330 députés sur 650, elle décide d’organiser des élections pour augmenter son pouvoir de décision et faire passer plus facilement les négociations qu’elle prévoit pour le Brexit. Au lieu de se dérouler en mai 2020, les Britanniques éliront leurs nouveaux députés en juin 2017. Et là, c’est le drame. Le parti conservateur perd 13 sièges tandis que l’opposition en gagne 30. Sans majorité absolue, Theresa May est contrainte de former une alliance. Elle choisit le parti nord-irlandais DUP. Un parti ultra-conservateur homophobe et contre l’avortement qui lui demande un milliard de livres en échange pour améliorer les secteurs de la santé et de l’éducation de son pays.
8 décembre 2017 : « Bruxelles arrive », Roméo Elvis
Les nœuds du Brexit commencent à se dénouer. Le 8 décembre 2017, l’Union Européenne et le Royaume-Uni présentent un premier accord qui comporte trois grands principes. La Grande-Bretagne devra payer toutes les factures pour lesquelles elle s’est engagée avant le Brexit. Et ça risque de lui coûter cher. On parle alors d’une addition entre 45 et 55 milliards d’euros. L’accord prévoit une solution simple pour les trois millions d’Européens vivant au Royaume-Uni : rien ne change pour eux. Ils conservent les droits qu’ils avaient auparavant. Même statu quo concernant la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. C’est ce qu’on appelle le backstop ou “filet de sécurité” en français. Pour éviter de rappeler les temps d’une guerre qui a duré trente ans entre les deux Irlande et pour respecter les accords de paix signés en 1998, aucune frontière physique ne sera installée sur l’unique frontière terrestre entre le Royaume-Uni et un pays membre de l’UE. Le pays de la reine Elizabeth II reste donc pour l’instant dans l’union douanière, jusqu’à trouver une solution durable. Bien entendu, c’est un terme de l’accord qui déplaît énormément aux “hard brexiters” qui souhaitent un Brexit dur, avec notamment un retour des contrôles douaniers.
9 juillet 2018 : « Je suis venu te dire que je m’en vais », Serge Gainsbourg
Au lendemain de la présentation de son plan pour envisager les futures relations avec l’UE, Theresa May doit encaisser une double démission. David Davis, ministre du Brexit, et Boris Johnson, ministre des affaires étrangères se font la malle. Ils sont déçus par les propositions de la Première ministre qu’ils vivent comme une trahison par rapport à sa promesse initiale. Dans ce plan appelé « plan Chequers », Theresa May prévoit une solution pour tenter d’éviter le backstop (qui déplaît au DUP, le parti avec lequel elle a fait une alliance) : pour les échanges, le Royaume-Uni décide des tarifs lorsqu’ils se font avec les pays hors-UE et applique les tarifs européens pour les membres de l’Union. Concernant les normes européennes, elle propose de continuer à les respecter pour les biens mais plus pour les services. Quelques mois plus tard, en octobre 2018, Boris Johnson va même jusqu’à qualifier le plan Chequers de “dangereux et instable” au congrès du Parti conservateur.
14 novembre 2018 : « Let England Shake », PJ Harvey
Quasiment 600 pages pour dire… presque la même chose qu’un an auparavant. Dans l’accord de sortie que Theresa May vient de valider, peu de choses changent par rapport au premier. Les Européens vivant déjà au Royaume-Uni conservent les mêmes droits, Londres est toujours d’accord pour payer la grosse facture et respecter certaines normes européennes et le backstop perdure donc ils ne rétabliront pas de frontière physique entre les deux Irlande pour le moment. Si peu de choses changent, c’est bien ce qui déplaît aux deux camps qui font face à Theresa May. Les partisans d’un Brexit dur se trouvent toujours trop dépendants de l’Europe tandis que les députés contre le Brexit regrettent que ces liens ne soient pas accompagnés d’un pouvoir de décision à Bruxelles. Theresa May déchante et voit quatre membres de son gouvernement claquer la porte.
29 mars 2019 : « No no no », Beirut
C’est non, non et encore non ! L’accord de novembre 2018 ne passe définitivement pas. Les 27 membres de l’UE et Theresa May l’ont, certes, validé et signé mais elle a besoin que le Parlement vote pour. A trois reprises, le 15 janvier, le 12 mars puis le 29 mars, le Parlement s’acharne et le refuse en bloc. Problème : le 29 mars 2019 était la date limite pour boucler le Brexit. Theresa May négocie alors une rallonge jusqu’au 31 octobre prochain.
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23 juin 2019 : « Never Ending Circles », CHVRCHES
Trois ans après le vote du référendum, le Brexit n’est pas encore achevé. S’avouant vaincue, Theresa May a annoncé sa démission le 24 mai. Un nouveau Premier ministre sera élu d’ici le mois de juillet pour finaliser le deal. Ou le no-deal. Parmi les candidats possibles, certains sont partisans d’un départ sans accord, un “no-deal”. C’est le cas de Boris Johnson, ancien maire de Londres très conservateur, qui se trouve largement en tête des sondages. Les résultats pour connaître le prochain Premier ministre, qui sera élu par les adhérents du parti conservateur, seront connus la troisième semaine de juillet.
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