Retour dans un village du Sud-Ouest, où en 1985 la cinéaste Marie-Claude Treilhou avait mené une enquête sur l’impact de la télévision.
Figure d’un certain cinéma français, rattachée à des figures comme Paul Vecchiali ou Jean-Claude Guiguet, parfois actrice (cf. le récent La Fille et le Fleuve d’Aurélia Georges), Marie-Claude Treilhou est retournée à Labastide-en-Val, sublime petit village de l’Aude où elle tourna un film-enquête en 1985. Les habitants y étaient interrogés sur leur relation avec le petit écran. Quelle était sa place dans leur vie ? Trente ans après, le village est toujours aussi tranquille, mais il ne dépérit pas comme on le craignait en 1985 (sa population a augmenté, atteignant le chiffre de 100 âmes en 2012).
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Changement dans les comportements
Le grand changement, c’est que les gens ne vivent plus dehors comme autrefois (même en été). Fini la pétanque sur la place, plus de vieux qui papotent au bord de l’eau. La faute à la télé ? Difficile à dire. En fait, si, en 1985, l’étrange lucarne était encore une révolution et induisait un changement dans les comportements, maintenant elle ne fait plus débat. Certains s’en sont lassés. Ils la prennent avec des pincettes ou bien la regardent de façon ponctuelle.
La majorité des griefs des habitants interrogés concernent l’information, les journaux télévisés. Les infos à la télé “ce n’est plus forcément la grand-messe, ce n’est plus l’Evangile”, remarque une dame. Aujourd’hui, à part pour un vieil homme qui continue à suivre les rituels JT de 13 h et de 20 h, et un autre qui regarde les infos sur une chaîne au nom incompréhensible, on a l’impression que la télévision n’est plus une référence journalistique.
Soit elle déforme, soit elle rabâche les catastrophes et les guerres. Les JT sont anxiogènes. On trouve plus pratique et rapide de s’informer sur internet, ou alors on préfère la presse écrite, plus détaillée et permettant mieux de se forger une opinion.
Diminution des liens sociaux
Dans ce village de l’Aude, comme sans doute ailleurs, la télé n’est plus qu’un appareil domestique parmi d’autres. Les sources d’information et de divertissement se sont diversifiées. On apprécie le pittoresque du lieu et la survivance de certains accents rocailleux du Sud-Ouest, mais la disparition des particularismes régionaux peut-elle être imputée (seulement) à l’emprise des médias audiovisuels ?
Il n’est pas certain que l’on puisse établir un lien de cause à effet entre l’omniprésence des écrans et la diminution des liens sociaux. Et si la société actuelle est moins grégaire et conviviale, le monde est en revanche devenu plus ouvert et accessible. On n’a plus pour seul horizon le clocher de son village. Vincent Ostria
Il était une fois la télé, trente ans après documentaire de Marie-Claude Treilhou. Lundi 23, 23 h 55, France 3
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