Au Chili, un séisme d’une magnitude de 8,3 a frappé le centre-nord du pays dans la nuit de mercredi à jeudi. Les autorités ont très rapidement pris la situation en main, menant une vaste politique d’évacuation des zones à risque. Mais la gestion en urgence ne semble pas rassurer la population.
Hier soir, mercredi 16 septembre, autour de 19h30 (minuit heure locale), de violentes secousses se sont fait sentir au Chili. Un séisme de très forte intensité a frappé le centre du pays, l’épicentre du phénomène est situé à quelques kilomètres des terres, au large entre les villes côtières de Coquimbo et Valparaiso. La marine chilienne a déclaré le pays en « alerte tsunami », d’abord pour l’ensemble des côtes, puis pour tout le territoire. Une telle alerte est également annoncée pour Hawaï, la Nouvelle-Zélande, le Pérou et certaines parties maritimes de la Californie.
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La puissance du tremblement de terre a atteint une magnitude de 8,3 selon l’Institut américain de géologie (USGS) et une trentaine de répliques se sont déjà fait sentir a travers le pays. A plus de 1 000 kilomètres de là, le sol a tremblé à Buenos Aires, en Argentine.
Le ministre de l’Intérieur chilien décrit « le sixième tremblement de terre le plus fort de l’histoire du Chili et le plus puissant pour l’année 2015 à l’échelle mondiale« .
En comparaison, en avril dernier, le séisme au Népal atteignait une magnitude bien moindre, 7,8 précisément, et avait fait plus de 8 000 morts. Pour autant, le chili, par son histoire et sa situation géographique est très bien préparé aux remous sismiques. Situé à la jonction de deux plaques tectoniques mouvantes, le pays n’en est plus à sa première catastrophe. Les autorités ont donc su réagir dans l’urgence, limitant, autant que possible, les dommages.
A situation d’urgence, réponse d’urgence
L’ampleur du phénomène a cependant causé de lourds dégâts. Des maisons entières se sont effondrées à Illapel (ville de 31 000 habitants à 50 km du littoral). Au cœur de la capitale, à Santiago, des milliers de citadins, parmi les 6,6 millions d’habitants, pris de panique, se sont précipités dans les rues. Dans la zone la plus touchée par le séisme, à 280 km au nord-ouest de Santiago, de nombreuses personnes n’ont plus accès à l’eau courante, ni à l’électricité. Enfin, au niveau national on recense 250 000 familles n’ayant plus de courant.
L’intervention des autorités ne s’est pas fait attendre. Alors que le bureau national des situations d’urgence ne déclare « aucune altération des services de base et infrastructures« , la présidente de la République Michelle Bachelet doit se rendre au cœur de la zone la plus sinistrée. La réactivité des administrations locales a également permis l’évacuation décidée par le ministère de l’Intérieur. Près d’un million de personnes ont fui les quartiers littoraux, menacés par l’arrivée de grosses vagues jusque dans le centre de plusieurs villes côtières. « Même s’il y a bien eu un tsunami, les dernières séries de vagues sont en diminution, mais nous savons qu’il peut y avoir des répliques et donc nous devons continuer à évaluer minute par minute la situation« , explique encore Michelle Bachelet.
« C’est très bizarre, tu sens vraiment la terre qui bouge sous toi ».
Interrogée par Les Inrocks, Lucie Brisoux, étudiante française à Valparaiso raconte le séisme.
Comment avez-vous vécu les événements ? Vous êtes vous sentie bien prise en charge ?
Lucie Brisoux – « Je suis arrivée en bus autour de 20h, vraiment juste après le séisme. Exactement au moment où ils ont lancé l’alerte Tsunami. On a tous reçu des messages d’alerte sur nos téléphones chiliens, ils nous sonnent sans s’arrêter en disant d’évacuer la zone. Ce sont des messages du gouvernement, j’ai reçu le même texto 28 fois« .
Que s’est-il passé ensuite ? Quelles mesures de sûreté avez vous-pris ?
Lucie Brisoux – « Dans la rue, tout le monde a commencé à un peu paniquer, il y avait des mouvements de foule, les gens couraient partout pour monter dans les cerros (collines). C’est ça en réalité les mesures de sécurité, il faut monter à plus de 30 mètres au dessus de la mer. Dans d’autres rues, il y avait aussi des gens tranquilles, sereins, des chiliens habitués aux tremblements de terre, ça ne semblait pas les déranger. Dans la villes, les pompiers sont partout, ils crient dans des mégaphones d’évacuer: « Alerta Tsunami ! », mais cela effraie plus la population qu’autre chose, tout le monde se met à courir dans tous les sens. Mon coloc’ chilien estime que la crise est gérée n’importe comment, il serait bien mieux de dire aux gens de rester calmes, les rassurer« .
Vous logez en zone sûre, qu’avez vous fait pour vous protéger cette nuit ?
Lucie Brisoux – « Oui et non, je suis en hauteur mais pas très haut non plus, donc pile à la limite. J’ai fait comme tout le monde, les gens montent dans les collines, mais on ne sait pas trop quoi faire. Ce sont des évacuation temporaires, préventives, au cas où il y aurait une vague ou quelque chose comme ça. Mais mes amis chiliens nous expliquent que c’est peu probable. Du coup ensuite, on descend lorsque tout le monde commence à descendre. »
Donc tout est revenu à la normale, vous êtes rentrée chez vous ?
Lucie Brisoux – « Oui mais ensuite, il y a eu des répliques toute la nuit, j’ai lu qu’il y en avait eu une trentaine, à partir d’1 heure du matin, ça bougeait tout le temps. j’avais un peu peur, heureusement mon coloc’ nous expliquait que ce n’était pas si grave. Les secousses n’était pas si fortes mais quand même, mon lit bougeait. C’est très bizarre tu sens vraiment la terre qui bouge sous toi« .
Cet évènement intervient au beau milieu de la semaine des fêtes nationales au Chili, le pays célèbre son indépendance le 18 septembre, et le jour des forces armées le 19. Et de fait, « Personne ne travaille jusqu’à dimanche » raconte Lucie.
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