Deux millions d’emplois à créer en France, c’est possible selon l’économiste Pierre Larrouturou. Il lance un Appel pour des Etats généraux de l’emploi et milite pour la semaine de 4 jours.
Alors que l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) vient d’annoncer 800 000 chômeurs supplémentaires en France d’ici 2010, s’ajoutant aux 3,7 millions déjà inscrits au Pôle emploi, le gouvernement reste coi. Comme figé dans la glace de son impuissance programmatique. Pas d’idées, pas d’élan, pas de propositions qui tiennent la route pour faire face à la crise et s’attaquer à ses racines. C’est le constat imparable que fait l’économiste Pierre Larrouturou, militant devant l’éternel de la réduction du temps de travail qui, dans un nouvel essai revigorant, Crise, la solution interdite (Desclée de Brouwer) s’en prend à l’apathie de Sarkozy et des siens.
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Non seulement Sarkozy n’a pas vu venir la crise (“Je veux développer le crédit hypothécaire en France, c’est ce qui a permis de soutenir la croissance aux Etats-Unis”, déclarait-il fin 2006), mais il “continue à ne rien comprendre à la situation ou à nier l’évidence”, estime Larrouturou. Or, démontre l’économiste, et derrière lui nombre de signataires de l’Appel du 2 mai pour des Etats généraux de l’emploi, “nous pouvons créer 2 millions d’emplois”.
C’est un nouveau “pacte social” qui doit s’inventer, et qui permettrait de diviser par deux le chômage. Les cyniques et sceptiques auraient tort de rire avant de découvrir la liste des propositions, dont la cohérence et la complémentarité pourraient servir de cadre d’action à un Etat alangui. Tripler le budget alloué au logement, négocier un traité de l’Europe sociale, créer un impôt européen sur les bénéfices pour dégager des ressources nouvelles, créer une vraie sécurité professionnelle contre la précarité, déclarer la guerre au dérèglement climatique, négocier un autre partage du temps de travail et un autre partage des revenus…
Le plan de bataille de Larrouturou joue sur tous les fronts, même si le temps de travail reste le levier essentiel. Pour lui, “le dossier du temps de travail doit être réouvert et débattu sans tabou” : biaisé par le semi-échec des 35 heures, ce débat devrait mettre sur la table la vertu avérée de la semaine de 4 jours dans les 400 entreprises françaises pionnières (de Fleury Michon à Mamie Nova) qui la pratiquent avec succès.
Une étude du ministère du Travail démontrait, dès 1997, qu’un mouvement général vers la semaine de 4 jours créerait 1 600 000 emplois en CDI. C’est donc à un renversement idéologique complet sur les préjugés autour du temps de travail qu’invite cet appel, convaincu que ce ne sera pas avec des demi-mesures ponctuelles que l’on sortira de la trappe sous laquelle le pays s’enfonce depuis des années.
Crise, la solution interdite de Pierre Larrouturou (Desclée de Brouwer), 306 pages, 18 €
Premiers signataires : Noël Mamère, José Bové, Cécile Duflot, Patrick Pelloux, Eric Halphen, Jean-Paul Huchon… (www.appeldu2mai.fr)
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