La mairie de Paris mandate un groupe de chercheurs pour examiner, d’ici à la fin de l’année, la faisabilité d’une gratuité partielle ou totale des transports en commun parisiens. La mesure pourrait être très coûteuse : la mairie l’évalue à 6 milliards d’euros.
Peut-être pour tenter de faire oublier quelques déconvenues (voies sur berge, privatisation du stationnement payant) et le fiasco total du Vélib’, Anne Hidalgo relance un projet en apparence quelque peu utopique : la gratuité des transports publics parisiens.
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On en saura plus le 17 mai quand seront présentées les grandes lignes d’une étude par les trois adjoints chargés de la piloter : Emmanuel Grégoire (PS, chargé du budget), Christophe Najdovski (EELV, transports) et Jean-Louis Missika (SE, urbanisme et développement économique).
Anne Hidaldo vs. les voitures
Son principal objectif est de lutter contre la pollution provoquée par l’usage intensif de la voiture et la question est de savoir si une gratuité serait efficace pour “renforcer l’attractivité des transports en commun face à l’urgence sanitaire de réduction de la place de la voiture polluante dans la métropole”, selon Emmanuel Grégoire, dans le JDD.
Evidemment, l’inconnue reste la viabilité économique de ce projet. Quand elle l’a annoncé le 19 mars dernier, Anne Hidalgo avait bien précisé que « rien ne dit aujourd’hui que cela est possible ». Rappelons que la gratuité des transports existe déjà en France. Pas moins de 36 villes la pratiquent, tout ou en partie. Parmi elles, on trouve notamment Niort, qui abrite 120 000 habitants. Mais rien de comparable avec l’immense agglomération parisienne.
Un surcoût de 6 milliards
Aujourd’hui, rappelle Le Figaro, le fonctionnement du réseau de transports en commun à Paris coûte 10 milliards par an, et la part des usagers représente 2,8 milliards d’euros. Or la mairie de Paris estime que la mesure pourrait coûter 6 milliards d’euros, car la gratuité aboutirait à un accroissement du nombre d’usagers. Comment financer ce coût très important ?
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Plusieurs pistes vont ainsi être étudiées. Augmenter par exemple la contribution locale que les employeurs versent à l’Urssaf pour financer les transports en commun. Autre piste, le péage urbain, en faisant faire payer aux automobilistes “l’usage de la voirie plutôt que le stationnement”. Il est aussi possible d’envisager un éventuel financement de l’État, ajoute le JDD.
Quelle gratuité ?
Autre question cruciale, posée par Emmanuel Grégoire : qui pourra profiter de cette hypothétique gratuité ? “Gratuité totale ou segmentée, c’est-à-dire réservée aux seuls Franciliens et excluant les touristes, ciblée sur certains publics, avec des critères sociaux ou d’âge ? Gratuité toute la journée, tous les jours, ou limitée aux heures creuses, avant 7 heures du matin, par exemple ? Gratuité sur l’ensemble du réseau ou seulement pour le métro et les RER, pour ne pas faire concurrence aux mobilités douces ? »
Pour répondre à toutes ces questions, la mairie de Paris a lancé des partenariats entre une “équipe de chercheurs reconnue internationalement”. Des études seront menées par le Liepp (Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques) de Sciences-Po, ainsi qu’avec des étudiants de la Summer School associant Harvard, Sciences-Po et le Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) de l’université Paris V.
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