Torture Made In Usa, un reportage visible sur le site Mediapart.fr s’applique à démontrer l’institutionnalisation des actes de torture par l’administration américaine après le 11 Septembre.
Longtemps, l’administration américaine a attribué les actes de torture perpétrés en Irak à des “bad apples” qui auraient perdu la tête pendant les permanences de nuit à Abou Ghraib et resteraient les seules responsables des sévices révélés par les atroces photos diffusées en 2004.
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Loin d’être de simples bavures, ces actes répondaient à une volonté réelle du gouvernement Bush qui, au lendemain du 11 Septembre, déclarait l’impérieuse nécessité de “se salir les mains” pour gagner la “guerre contre le terrorisme”. C’est ce que s’applique à démontrer Torture Made in USA, un documentaire de Marie-Monique Robin, prix Albert Londres 1995 et déjà auteur du film documentaire à succès sur les OGM, Le Monde selon Monsanto.
Jamais diffusé à la télévision pour des raisons complexes de droits, Torture Made in USA est désormais visible en libre accès sur Mediapart.fr. L’occasion de découvrir, grâce à une enquête rigoureuse et pédagogique, comment le modèle américain a pu, dans le cadre d’une “guerre mondiale contre le terrorisme”, en arriver à institutionnaliser la torture.
Dès le 16 septembre 2001, Dick Cheney annonçait ainsi sur NBC : “Nous devons agir dans l’ombre, (…) nous devons passer du temps dans les ténèbres du renseignement là où se passent les affaires louches, dangereuses et sales. Pour cela nous devons libérer de toute contrainte les services de renseignement afin qu’ils puissent accomplir leur mission.”
Quelques jours après le choc du 11 Septembre, l’instrumentalisation de l’inquiétude et de la vulnérabilité des Américains était donc en route. En ligne de mire, le contournement des “vieilles règles” (les conventions de Genève, le droit pénal international et les lois nationales) par la construction d’un arsenal juridique autorisant la systématisation de la torture (l’introduction de la notion de “combattants illégaux” qui permet par exemple tous les abus). De très nombreux avis légaux ont alors été rédigés par des avocats néoconservateurs en vue de “justifier l’injustifiable”, comme l’affirme Ken Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch.
Aujourd’hui, Obama a banni les techniques d’interrogatoire extrêmes pratiquées du temps de Bush, mais de nombreuses zones d’ombre persistent. Parmi elles, une récente disposition légale, soutenue par l’administration Obama, interdisant la divulgation de photographies représentant des actes de torture dans les prisons ou sur les sites américains. Un pas en arrière par rapport au programme de campagne du candidat démocrate qui, malgré son prix Nobel de la paix, ne s’est toujours pas engagé à ce que les hauts responsables de l’administration Bush rendent des comptes.
Torture Made in USA, diffusé en libre accès jusqu’à la mi-décembre sur Mediapart.fr
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