Sa performance inouïe et son aura érotique ont marqué l’année dans Synonymes de Nadav Lapid. Mais lui, comment perçoit-il l’érotisme ?
Quelle est ta définition du sexy ?
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Le sexy pour moi tient à une certaine façon d’être soi-même. De prendre la mesure de qui on est et de ne pas chercher à dépasser sa nature.
Est-ce que tu as envie d’être sexy ?
Dans la société où l’on vit, c’est très difficile de ne pas s’en préoccuper, d’échapper à l’injonction de séduire. Parfois, je prends du plaisir à sortir de chez moi en ne soignant pas du tout mon apparence. C’est assez sexy de se sentir anonyme, de passer inaperçu.
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A Paris, où je vis depuis presque deux ans, les gens se regardent beaucoup quand même. Il y a toute une culture de la terrasse de café, où on a parfois l’impression d’assister à un défilé. Il y a ceux qui se montrent et ceux qui se sont installés pour mater. Ça peut être très plaisant d’ailleurs.
Te souviens-tu de la première fois où tu as senti quelqu’un éprouver une attirance érotique pour toi ?
Oui, j’avais 12 ans. J’étais à la boum de ma classe. Elle avait mon âge mais sa sœur plus âgée devait avoir 16 ou 17 ans. J’ai senti à la façon dont elle m’a dit bonjour, dont elle m’a regardé, dont elle m’a demandé comment j’allais, qu’elle était attirée par moi. C’était la première fois que j’observais ça. Mais peut-être que tout ça n’a eu lieu que dans mon imagination, que je me racontais ça parce que justement c’était moi qui étais attiré par elle (rires).
Et tu as repensé souvent à cette fille ?
Ah mais tout le temps ! Jusqu’à maintenant puisque je t’en parle (rires).
Est-ce que tu fétichises certaines parties du corps chez l’autre ?
Je crois que ce qui m’attire le plus chez quelqu’un c’est sa façon de se mouvoir, de marcher, la manière dont il investit l’espace.
Dans “Synonymes”, tu es à plusieurs reprises nu. As-tu surmonté une pudeur pour tourner ces scènes ?
Ce n’est pas facile de jouer nu. Le plus dur, c’est avant. J’y pensais beaucoup, anticipais le regard des autres sur ma nudité. Mais une fois que j’étais dans les scènes, je me concentrais sur ce que j’avais à jouer et j’oubliais ma présence. Comme si mon corps disparaissait dans la scène. Plus on comprend le sens de la nudité à ce moment particulier du film, plus c’est facile. Finalement, ça devient même amusant. Voire excitant. Il y a quelque chose d’excitant à être nu devant d’autres personnes. On se sent brut.
Une scène de sexe qui t’a marqué au cinéma ?
Une scène dans Pola X de Leos Carax (1999). Le personnage de Guillaume Depardieu couche avec sa sœur. Il découvre en lui quelque chose qui était caché dans sa famille depuis des années. C’est une libération érotique et en même temps un tabou. On se dit en voyant cette scène si riche, si dense, que Carax est vraiment un génie.
C’est sexy l’humour ?
Trop sexy ! Il faut toujours avoir une blague dans la poche pour séduire ! Savoir faire sentir aussi que la vie ce n’est pas forcément complètement sérieux.
La violence, ça peut être sexy ?
Francis Bacon est un artiste qui m’a beaucoup marqué, précisément par le rapport qu’il noue entre la violence et l’érotisme. Quand l’un et l’autre se mélangent, ça peut être extatique.
Un vêtement érotique ?
J’adore les débardeurs portés par des filles. Parce qu’on peut voir leur dos. Et aussi ce point où la nuque devient le dos. Je trouve ça très beau.
Une chanson pour l’amour ?
There Is a Light That Never Goes Out des Smiths. Parce qu’elle est associée à mon premier rapport sexuel.
Quand tu étais enfant, avais-tu une icône érotique ?
Oui, le chanteur Mike Brant. J’adorais sa façon de bouger, sa voix me touchait énormément. Il était déjà mort depuis longtemps mais ma mère me l’avait fait découvrir. J’ai acheté plein de DVD de lui pour l’observer. J’étais un peu amoureux.
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