Depuis quatre ans, Toits Vivants développe de nouvelles idées pour remettre le végétal au cœur des cités urbaines, en passant par les toits.
Né en 2012, le collectif Toits Vivants cherche à injecter une touche de vert dans des paysages gris : « Nous étions un petit groupe motivé pour revégétaliser et amener du comestible dans la ville. Les toits et terrasses sont souvent inexploités : l’idée était de le faire avec les gens, le bâti et l’écosystème, qui peut se mettre en place au sein même du bâtiment, en collectant du compost pour en faire du substrat, distribuer localement les produits… Nous voulions développer une économie circulaire grâce aux jardins, en intervenant dans les milieux les plus denses. » Et tout cela fonctionne aujourd’hui grâce à l’énergie d’une vingtaine de personnes, de l’urbaniste au bénévole : « A travers les constructions, on essaie de s’adapter et de générer des interactions. Nous cherchons à optimiser un écosystème où l’humain aura sa place, contrairement à un jardin classique. Il s’agit de combiner l’aspect productif et l’aspect convivial : quand on a un toit accessible, avec vue sur la ville, on n’a pas envie d’y aller que pour cultiver, mais aussi pour en profiter.» L‘objectif étant à chaque fois de s’adapter au contexte : « Nous réfléchissons à la récupération des déchets, à l’énergie. Nous sommes aussi ‘en compétition’ avec les panneaux solaires. Il faut choisir la vocation la plus appropriée pour chaque espace car nous ne sommes pas des monomaniaques de l’agriculture. Nous intervenons au sein du collectif Babylone (groupement d‘architectes, urbanistes, designers… spécialisés dans la résilience et l’agriculture urbaines – ndlr) à même de faire des propositions plus adaptées.»
Comment l’association agit-elle ? « Nous identifions parfois des lieux et allons ensuite voir les propriétaires. Il faut beaucoup d’autorisations, il y a de nombreuses contraintes, cela peut prendre des années. Parfois, des gens qui maîtrisent leurs toits viennent vers nous, et là les choses peuvent se mettre en place sans risques. D’autres fois, ce sont des appels à projets. Nous avons aussi beaucoup d’idées dans les cartons, mais il y a beaucoup de contraintes : c’est pour cela que très peu de toits à Paris sont cultivés.» Le collectif n’agit néanmoins pas seulement sur les toits : « Il y a beaucoup à faire en pleine terre, en périphérie urbaine, sur des terrains qui ne sont pas valorisés. Il y a une telle concurrence (d’usages) à Paris sur les toits que si on fait une chose, il faut que cela apporte beaucoup, et pas seulement des aliments, mais aussi une amélioration de la qualité de vie.» Et si le collectif travaille souvent sur des immeubles déjà construits, il réfléchit aussi en amont avec des architectes : « Nous avons un projet sur Arcueil, avec une serre verticale, un jardin partagé. On a proposé un rucher, un poulailler, un compost. Nous avons aussi travaillé sur l’espace au sol avec un jardin comestible. Nous espérons que les habitants participent aux plantations, qu’ils soient impliqués. Ils vont gérer une autoproduction, avec des produits frais qu’ils seront fiers de pouvoir consommer. »
Une démarche écologique qui intéresse aussi les villes : « Nous nous posons des questions avec les autres associations sur l’accompagnement des collectivités pour développer des stratégies alimentaires de production et de distribution, des ‘systèmes alimentaires locaux‘. » L’étude est notamment en cours avec Roubaix : « La ville a une réflexion globale pour développer des projets productifs sur toutes ses friches. L’idée ici est de réfléchir à l’alimentaire. Les collectivités sont vraiment demandeuses. » Cette demande vient-elle du collectif ou de l’individu ? « Ce sont les gens. On l’a vu avec les Incroyables Comestibles, un mouvement parti d’Angleterre qui incite à planter dans la rue et à rendre la production accessible à tous grâce à des panneaux ‘Servez-vous‘. Cette initiative a été reprise par les villes, qui renversent actuellement la tendance et lancent beaucoup de projets.»
De quoi occuper Toits Vivants, déjà à l’œuvre sur une structure de coopérative, ‘Ville Comestible‘ : « Nous allons faire de l’accompagnement et du conseil aux propriétaires et aux bailleurs pour des projets d’agriculture urbaine sur les toits. Nous serons dorénavant outillés pour répondre à des marchés publics ou fournir des prestations de conseils sans perdre notre âme pour autant.» Et donner encore un peu de vie aux toits.
Le site de Toits Vivants
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Retrouvez toutes les bonnes idées qui améliorent notre société dans notre dossier #careinitiatives
{"type":"Banniere-Basse"}