Comment la génération Internet des 18-35 gère-t-elle sa relation au couple ? C’est la question posée à laquelle tente de répondre le documentaire « ASV STP », point de départ d’une future enquête collaborative à grande échelle.
Dimanche soir avait lieu la finale du Super Bowl (le championnat de football américain) à Phoenix aux Etats-Unis. Un événement de grande ampleur, regardé par 115 millions de téléspectateurs à la télé américaine. Pendant la mi-temps du match, il existe deux catégories de personnes : ceux qui regardent les fameuses pubs et les autres, qui vont faire un tour sur Tinder. La fameuse application de rencontre sur Internet a vu son audience bondir de 50 %, dès vendredi, dans un rayon de 30 kilomètres autour du stade où se jouait la finale.
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Le même phénomène avait pu être observé l’année dernière, lors des Jeux Olympiques de Sotchi, en Russie. Interrogé par The Hollywood Reporter, le skieur américain Gus Kenworthy avait alors déclaré : « Je pense que la première chose que les gens ont fait en arrivant au village olympique, c’était de vérifier leur application Tinder. »
La course à la performance
Tinder, Grindr ou Happn, les applications de dating ont le vent en poupe ces dernières années. Tout va désormais plus vite, plus fort que les sites de rencontres traditionnels. De la même manière, les pornhubs se développent sur Internet et les actrices X ne sont aujourd’hui plus moquées ou ostracisées. « Les relations sentimentales sont quasiment définies uniquement par la question de la performance sexuelle, du plaisir, de l’intérêt sexuel que l’on peut continuer à se porter », nous racontait il y a quelques semaines la sociologie israélienne Eva Illouz. Pour la génération Internet (les 18-35 ans), que signifie donc aujourd’hui la notion de couple ? Quelles sont leurs nouvelles pratiques et leurs nouveaux usages ?
Un documentaire propose d’explorer le rapport au couple de la génération Internet
C’est dans ce cadre que la journaliste Ariane Picoche a co-réalisé avec Florian Delhomme un documentaire intitulé ASV STP, aux allures de débat entre amis. Il s’agit d’un documentaire « qui traite de la génération Internet des 18-35 ans et de son rapport aux rencontres et aux relations sentimentales de nos jours » nous présente sa coréalisatrice. Six personnes ont ainsi été interrogées, face caméra, donnant leur avis, parlant de leurs expériences. « Le point de départ, c’est un questionnement personnel, poursuit Ariane Picoche. Partout autour de moi, j’observais des amis, garçons ou filles, qui se retrouvaient de plus en plus paumées dans leurs relations sentimentales. »
La multiplication des possibilités de rencontres, aujourd’hui offertes par Internet et par les diverses applications de Tinder à Happn, en passant par Adopte un Mec, auraient donc l’effet inverse de celui escompté. Un constat partagé par Eva Illouz :
« Notre libération sexuelle, parce qu’elle ne s’est pas accompagnée d’une réforme de fond de la famille, d’une vraie égalité économique, parce qu’elle a été accompagnée par une récupération intense et intensive du marché économique, a engendré de grandes difficultés à créer du lien alors même que la vieille culture romantique est encore très prégnante au sein de notre société. Aucun modèle n’a remplacé cette ancienne culture sentimentale. »
« Entamer une réflexion, venant de la génération elle-même »
Les deux réalisateurs ont fait le choix de se passer de l’analyse de sociologues ou de psychologues. « L’idée, c’est d’entamer une réflexion, venant de la génération elle-même, explique Ariane Picoche. On aura le recul dans vingt ans. Nous voulons que la génération s’interroge elle-même sur ces pratiques, sur ce qu’elle est en train de vivre. »
Ce documentaire s’apparente à un « point de départ », les six personnes interrogés vivent toutes, mêmes si elles n’en sont pas forcément originaires, à Paris. Un site Internet, où l’on retrouvera le documentaire, hébergera une plateforme collaborative sur laquelle, n’importe qui pourra livrer son témoignage et ainsi apporter sa pierre à l’édifice. « S’interroger sur le couple est évidemment une notion universelle » conclut Ariane Picoche, on a voulu ainsi élargir le spectre et ne pas nous limiter au cadre parisien et urbain. »
Pour soutenir le projet d’Ariane Picoche et de Florian Delhomme, vous pouvez aller faire un tour sur la page Ulule de leur projet. Pour qu’il puisse voir le jour, ils ont besoin de 4860 euros.
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