Sur Arte, vous saurez tout sur le thorium, un métal qui pourrait transformer le nucléaire en industrie propre. Une utopie atomique ?
Arte n’a certes pas la réputation d’être pronucléaire. Pour preuve, cette soirée thématique du 20 septembre sur le nucléaire qui présente tour à tour un reportage sur les déchets sous-marins et une adaptation de La Supplication, livre du prix Nobel Svetlana Alexievitch, écrit à partir des récits de victimes de Tchernobyl.
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Pourtant, entre ces deux films terrifiants, on découvre un curieux documentaire qui jette un regard moins négatif sur cette industrie de mauvaise réputation. Thorium, la face gâchée du nucléaire nous embarque à la poursuite de ce métal, découvert en Norvège en 1829, qui nous est présenté comme la pierre philosophale de notre temps, changeant le plomb – ou plutôt l’uranium – en or, et le nucléaire en énergie “propre” !
Quatre fois plus abondant que l’uranium, il produirait cent fois moins de déchets. Un kilo de thorium est équivalent à 200 kilos d’uranium et à 3 500 tonnes de charbon. Joli symbole, une sphère de thorium de la taille d’une boule de pétanque suffirait à produire l’énergie d’un individu pour toute une vie. Pourquoi ce filon quasi miraculeux a-t-il été écarté au profit de l’uranium et de ses centrales polluantes et explosives ?
Un réacteur inutilisable à des fins militaires
Entrecoupée de séquences d’animation, illustrée par un faux film publicitaire futuriste et humoristique, l’enquête nous mène d’Amérique en Chine à la rencontre des apôtres du métal magique, savants, ingénieurs qui poursuivent l’œuvre d’Alvin Weinberg. Ce physicien américain mort en 2006, vétéran du projet Manhattan à l’origine de la bombe atomique, fut l’inventeur de la filière au thorium. Inquiet des risques de l’atome, il conçut un prototype de réacteur utilisant de l’uranium puis des sels fondus de thorium, qui rendraient impossible, nous assure-t-on, tout accident du type Fukushima.
Ce réacteur, en outre, ne produit pas de plutonium, “carburant” de la bombe atomique, il est donc inutilisable à des fins militaires, ce qui explique en partie pourquoi il a été délaissé lors de la guerre froide, et pourquoi Weinberg, devenu pacifiste, a été viré en 1970.
Aujourd’hui, la filière oubliée revit, grâce au travail (au lobbying ?) de ses adeptes, persuadés de l’avenir de ce métal discret. La planète sauvée par l’atome ? De quoi faire éclater quelques Verts de rage.
Thorium, la face gâchée du nucléaire documentaire de Myriam Tonelotto, mardi 20, 20 h 55, Arte
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