L’ex du Grand Journal évoque la victoire d’Obama, la couleur rose de Brice Hortefeux et une lettre que lui a envoyée Michèle Alliot-Marie.
Tu as vécu la victoire d’Obama en direct ?
Non, j’ai participé à la soirée « Obama » qui était organisée au Comedy Club, on a fait des blagues, mais je me suis couché avant. Je suis content qu’il ait gagné, parce que je n’aurais pas vu l’avenir du même œil si un mec comme lui n’avait pas été élu à ce moment de l’histoire. Ça aurait été malheureux qu’un mec comme ça ne soit pas élu : pas simplement parce qu’il est noir, juste parce qu’il est bon. La victoire d’Obama, ça prouve qu’on peut aller au bout de ses objectifs, et que les Noirs ne sont pas condamnés à jouer au basket ou à faire des claquettes.
Le discours se focalise beaucoup sur la couleur de peau d’Obama, alors que sa victoire, c’est surtout d’intellectuel ?
C’est les autres qui te rappellent ta couleur. Moi, ma couleur honnêtement je m’en bats les couilles. Mes parents m’ont toujours appris à aller au bout de mes possibilités et après, on voit. Après, c’est trop facile de dire je suis noir ou quoi. Obama il ne s’est pas dit qu’il était noir, il s’est juste dit qu’il allait être président des Etats-Unis.
Cette victoire d’Obama, elle ringardise vraiment la France tu ne trouves pas?
Bien sûr, on a toujours été ringards là-dessus. Après les dernières élections, donner des postes à Rachida Dati et Rama Yade c’était pas super gratifiant au final, pour elle. Après je ne veux pas tout leur enlever à ces jeunes femmes, mais on prend encore une leçon là : les Américains nous mettent quinze longueurs d’avance. On les critique souvent en France, mais là ils viennent de nous prouver qu’ils étaient parmi les plus grandes nations au monde.
Brice Hortefeux a dit : « Obama, c’est un modèle d’intégration réussie. »
Ouais, pfuhh, encore ce terme pourri d’intégration. Dire ça c’est vraiment ne rien comprendre. Obama c’est un Américain, il est né aux Etats-Unis. Aujourd’hui il n’y a plus d’intégration qui tienne tout est hyper connecté. Même lui, si il regarde Hortefeux il doit avoir un ancêtre qui vient de je ne sais où, d’Irlande peut-être, vu qu’il est tout rose. A un moment donnée il ne faut plus employer ce terme d’intégration c’est trop naze. La victoire d’Obama c’est une victoire pacifiste, ce n’est pas la victoire d’un gars qui dit :« Les Noirs n’ont jamais eu le pouvoir, maintenant on va tous vous tuer » (rires). Il dit juste : « Rassemblons-nous pour nous en sortir », c’est tout, il ne parle pas d’intégration ni rien…
Ce qui est intéressant, c’est de voir comment Obama a réussi à devenir la coqueluche des émissions de divertissements aux USA, type Saturday Night Live ou David Letterman Show, qui ont joué un rôle stratégique lors de cette campagne…
Ouais, il a réussi à se mettre à leur niveau, qui est excellent… Il faut voir les émissions de ce genre aux Etats-Unis, c’est dingue. Et les conseillers d’Obama ont compris que c’était ces émissions qui faisaient l’opinion aujourd’hui, qu’il fallait savoir comment s’y comporter. C’est des émissions où il faut avoir beaucoup d’autodérision, et Obama il a été de loin celui qui a su se moquer de lui avec le plus d’élégance. McCain et Palin, ils allaient dans ces émissions mais ils prenaient la honte.
En France, ce genre d’émission est-il possible ?
Non, pas du tout. On y arrivera peut-être, mais c’est loin d’être fait. Les hommes politiques n’ont pas le quart de l’humour de leurs homologues américains. Aux USA, les mecs auraient presque réussi à rire du truc « cass’toi pov’con ». En France, on voit le résultat…
Tu ne te vois pas en train de faire des blagues sur un plateau avec Michèle Alliot-Marie ?
Ben, si j’en ai déjà fait, à l’époque du grand journal, et honnêtement c’était loin d’être la pire. Elle m’a même envoyé une lettre après, plutôt sympa d’ailleurs (rires).
Propos recueillis par Pierre Siankowski
En spectacle jusqu’à la fin du mois de décembre au Comedy Club (42, bd Bonne Nouvelle, Paris Xe, du mardi au samedi à 21 h 45, www.lecomedyclub.fr