La semaine dernière, on a essayé de comprendre la sexualité masculine avec Yann Moix. Finalement, les doigts collants des Stones ont été bien plus utiles.
Attention, théorie : “Les Lumières ayant tué Dieu, il a fallu trouver une divinité de substitution et la place libre que Dieu n’occupait plus, on l’a attribuée à la femme. La définition du romantisme c’est ça : la mort de Dieu et l’invention de la femme comme déesse. A 27 ans, j’y croyais encore. Aujourd’hui, cela me paraît une aberration totale.” CQF putain de D ! Merci les Lumières ! J’allume une clope et poursuis, fébrile, la lecture de l’interview de Yann Moix ; je sens que je vais apprendre plein de trucs. “Je n’ai jamais rencontré un être humain de sexe masculin qui soit fidèle. (…) D’un côté, la nature a fait de nous un corps avec des pulsions et cette sexualité (…). De l’autre, la société a inventé le couple comme institution. (…) J’essaie de montrer de manière totalement libre que la fidélité est une anomalie, une impossibilité.” Non, mais la liberté totale du mec, t’imagines ! Et quel mec : prix Renaudot, en passe d’être Ruquiérisé. Un ponte. Et puis patatras !, la journaliste, une déesse post-mort de Dieu, donc, pose gentiment la question : “Dans votre roman, les hommes sont infidèles et les femmes rêvent du prince charmant. Peut-on encore avoir une vision aussi genrée et essentialiste des relations amoureuses ?” Et là, plus personne. “A la limite, la notion d’homme et de femme n’a presque plus de sens”, bah ouais, mais tu viens de dire que les hommes, la fidélité, tout ça… “Je n’ai pas écrit un essai sur ce sujet. Mon sujet, c’est un type fou amoureux dans un premier temps, humilié dans un deuxième temps et qui, dans un troisième, confond peut-être sa lucidité et sa méchanceté.” Ah, d’accooord.
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Comprendre les foirages
“Il faut bien reconnaître que nos plus grands esprits étaient des losers en matière d’amour”, convient une prof de philo dans “Ma vie en théorie”, une des nouvelles du recueil d’E. J. Levy. “Si seulement l’amour était aussi simple que le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein.” Si seulement il était réductible à une affaire de rationalité, si seulement la raison nous permettait d’échapper à la “chose la mieux partagée du monde : le foirage amoureux”. Comprendre les foirages permet éventuellement d’écrire des essais, des romans, des films, des théories, mais jamais de les éviter, ni même de les reproduire.
“Braguette magique”, titres-tu à propos de la réédition de l’album des Stones Sticky Fingers dont la pochette invitait “à jouer avec une fermeture Eclair, laquelle zippe un jean”. On voudrait pouvoir penser nos désirs, les analyser, peut-être les canaliser pour qu’enfin, ils nous conduisent à plus de paix, de joie, à l’amour éternel, amen. Mais l’ennui arrive, et nos désirs nous reconduisent vers la reproduction à l’identique du foirage précédent, si irrésistible, pourtant. Braguette tragique.
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