Le premier projet vidéoludique du musicien australien Johnny Galvatron est un grand voyage fantasmagorique au cours duquel tout se règle en musique.
C’est probablement ce que l’on aura jamais de plus proche d’un jeu vidéo “Ziggy Stardust”. De la même manière qu’il y a des films ou des opéras rock, The Artful Escape est un jeu vidéo rock, et à plus d’un titre : la musique y occupe une place centrale, il raconte l’histoire d’un (apprenti) rocker et son créateur, Johnny Galvatron, est lui-même le leader du groupe australien The Galvatrons. Arts du fantasme et de la performance, chacun à sa manière, le jeu vidéo et le rock ne pouvaient que gagner à se rencontrer.
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Vous êtes Francis Vendetti, un jeune guitariste qui peine à trouver son style dans l’ombre de feu son oncle Johnson Vendetti, légende du folk. Le soir même, Francis doit d’ailleurs monter sur scène dans sa bonne ville de Calypso pour un concert-hommage à ce dernier au cours duquel il a pour instruction de ne jouer que des morceaux du défunt tonton. Tout bascule lorsqu’il fait la connaissance de la mystérieuse Violetta, qui va le secouer un peu et l’entraîner dans un incroyable voyage à travers des mondes aux couleurs improbables peuplés de créatures hybrides, papillon velu, grenouille géante ou “tortue de téléportation”. Il en reviendra transformé, avec un nouveau look et une nouvelle biographie, cette fois choisie. Et, par exemple, une origine sur la planète Galaxran, fameuse pour son lait qui, quand vous le buvez, vous “transporte dans une fête à Manchester en septembre 1987”. Avec un nouveau nom, aussi – par ici, ce fut “Le Délicieux Erwan”, sous vos applaudissements.
Forêts de signes
Jouer à The Artful Escape, c’est d’abord traverser ses décors irréels qui sont autant de forêts de signes, glisser sur ses montagnes (on pense à Alto’s Odyssey) et sauter au-dessus du vide dans un registre de jeu de plateformes allégé ne présentant à peu près aucune difficulté. C’est une affaire de dimensions, de perspective : vous êtes ce corps à part, tout petit, mais qui a pour vocation de se détacher de l’immensité tout en y laissant sa trace (à coups de riffs de guitare qui provoquent des réactions en chaîne à l’écran).
Vous êtes celui ou celle qui, où qu’il ou elle soit, vient toujours d’ailleurs, celui ou celle qui ne fait que passer et que l’on brûle de regarder – la rock star ou celle de jeu vidéo, même combat.
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Rhythm game
Ensuite, il y a les phases de dialogues (mention spéciale au talk-show avec ses questions à choix multiples) et d’exploration, d’initiation de Francis qui, à intervalles réguliers, devra aussi prouver ses compétences musicales. Alors, The Artful Escape se change en rhythm game et c’est en reproduisant la bonne suite de notes avec cinq touches de la manette que l’on triomphera d’une épreuve avant de reprendre notre course vers la suivante.
“Ça doit être très excitant”, s’entend dire notre personnage. Ça l’est, malgré quelques trous d’air occasionnels, The Artful Escape n’ayant pas un sens du tempo aussi infaillible que son faux jumeau synthpop Sayonara Wild Hearts. Mais peu importe, au fond : sa beauté est dans le geste, dans l’instant. Et dans cette conviction contagieuse qu’il est toujours possible d’être un héros juste pour un jour, mais qui brûle éternellement.
The Artful Escape (Beethoven & Dinosaur / Annapurna Interactive), sur Xbox One, Xbox Series X/S et Windows, environ 20€
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