L’élégante revue semestrielle d’anthropologie et sciences humaines Terrain consacre son numéro de rentrée à la diplomatie. Philosophes, anthropologues et diplomates croisent leurs regards sur cet art en crise, en l’abordant par ses aspects les plus inattendus.
Qu’on ne s’y trompe pas : le nouveau numéro de la revue semestrielle Terrain (fondée en 1983), consacré entièrement à l »’Homo diplomaticus”, ne passionnera pas que les personnes férues de relations internationales. Loin de là ! Sous la direction des chercheur·ses en anthropologie Emmanuel de Vienne et Chloé Nahum-Claudel, Terrain montre la diplomatie sous ses facettes les plus inattendues, en prenant le parti d’en donner une définition inclusive (“l’art de gérer les séparations”), et en s’écartant des querelles classiques sur la course à l’hégémonie internationale et les échecs du multilatéralisme.
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La très belle couverture signée Adrià Fruitós, qui transforme la cravate bien droite du diplomate en anneaux sinueux d’un boa, parle d’elle-même. Terrain accorde une place importante aux marges, aux angles obliques et aux vaincus, avec cette hypothèse aux faux airs de mantra : “Les vaincus sont plus inventifs que les vainqueurs en matière de diplomatie.”
“Les diplomates servent-ils encore à quelque chose ?”
On trouvera donc dans ce numéro une contribution du philosophe Baptiste Morizot, qui renouvelle le concept de diplomatie en l’appliquant aux rapports entre espèces ; un texte de l’anthropologue et musicienne Estelle Amy de la Bretèque sur l’émergence des Yézidi·es, victimes de l’organisation Etat islamique en 2014, dans les plus hautes instances diplomatiques et politiques ; ou encore un entretien avec l’ancien ambassadeur Yves Saint-Geours sur les bouleversements de la diplomatie traditionnelle – avec une première question taquine : “Les diplomates servent-ils encore à quelque chose ?”
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