Revue de détail des points chauds du monde des médias à quelques encablures de la rentrée.
Avant les présentations des grilles de rentrée, quelques dossiers chauds dominent déjà la fin de l’été audiovisuel : l’avenir de France Télévisions, l’identité de France Inter et la liberté des internautes concentrent les regards inquiets.
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Rémy Pflimlin s’est installé officiellement dans le bureau de la présidence de France Télévisions le 22 août, occupé depuis cinq ans par Patrick de Carolis. Il s’assied sur un trône sous la surveillance de l’Elysée qui l’a nommé avant l’été au terme de longues tergiversations, mais aussi sous le regard de ceux qui contestent le mode inique de désignation, symbole de la perte d’indépendance de la télévision publique. Coincé entre le marteau et l’enclume, de ces deux postes de contrôle opposés, Rémy Pflimlin saura-t-il s’imposer ?
Objectif de Pflimlin : rajeunir de dix ans le cœur de cible de France Télévisions
Héros malgré lui de cette rentrée télé, il devrait éclairer les grandes lignes de sa stratégie lors de sa première conférence de presse le 3 septembre. On en saura alors un peu plus sur la politique sociale et éditoriale qu’il entend mener. Un nouveau directeur des programmes et de nouveaux chefs de pôle devraient être révélés. Mais, au-delà du choix des personnes et des critères qui le guident (les affinités élyséennes, les compétences professionnelles ?), Rémy Pflimlin est attendu au tournant.
Comme il l’affirmait rapidement devant le CSA en juillet, il veut rajeunir de dix ans le coeur de cible de France Télévisions. Ce pari générationnel a valeur d’engagement éditorial et signifie en tout cas son désir de ne pas abandonner définitivement les moins de 60 ans, peu concernés par l’offre de la télé publique. Même si les effets de cette volonté de rajeunissement seront forcément lents à se concrétiser, les premières intentions du nouveau patron de France Télévisions donneront le la de cette rentrée télé. Les autres chaînes, fidèles à leurs grilles, de Canal+ à TF1, de M6 à Arte qui fêtera en octobre ses 20 ans, ne devraient pas en outre bouleverser le paysage figé dans ses anciennes habitudes.
France Inter recherche sa différence
Du côté des radios, le psychodrame de France Inter restera le sujet le plus suivi de cette rentrée. Après un début d’été sous grosse tension (renvois de Stéphane Guillon et Didier Porte, départ de Jean-Marc Four pour France Culture, déplacement dans la grille de Vincent Josse, départ surprise de Nicolas Demorand pour Europe 1…), le patron de Radio France Jean-Luc Hees devra remobiliser ses troupes et rassurer une maison inquiète, où règne d’après les principaux intéressés une “ambiance de merde”.
Tout l’enjeu pour le directeur contesté de la station Philippe Val sera de réactiver l’esprit de la radio qui fait de sa “différence” la clé de son identité aujourd’hui blessée.
Au sein du groupe, d’autres changements sont attendus, notamment à France Musique et sur le Mouv’, où arrivent Yassine Belattar à 7h et Frédéric Bonnaud à 16h. Jean-Luc Hees présentera précisément ses projets ce vendredi 27 août. Quant à Europe 1, son patron Alexandre Bompard devra faire oublier l’échec de sa nomination à France Télévisions en redonnant du souffle à sa radio, dont les audiences piétinent. Le transfert de Nicolas Demorand reste sa plus forte carte : la venue de l’ex-vedette de France Inter domine la rentrée radio.
L’Hadopi menace
Du côté du Web, septembre devrait être l’occasion pour l’Hadopi de refaire parler d’elle puisque, fin juillet, Eric Walter, son secrétaire général, a indiqué avoir déjà reçu des saisines de la part d’ayants droit et a annoncé l’envoi des premiers mails d’avertissement pour fin septembre au plus tard. Eric Walter a également promis une grande campagne de sensibilisation fin août. Mais peut-être faudra-t-il d’abord compter avec les actions du fournisseur d’accès Internet trublion French Data Network (FDN), qui remet en cause deux décrets de la loi pour vice de procédure et a saisi le Conseil d’Etat pour demander l’annulation du premier et la suspension du second. De façon générale, les fournisseurs d’accès internet s’inquiètent et réclament des compensations financières pour les frais qu’ils devront engager pour identifier les adresses IP.
Autre sujet à polémique, la neutralité du Net. La secrétaire d’Etat au numérique Nathalie Kosciusko- Morizet vient de remettre au Parlement un rapport controversé sur le sujet. Il réserve notamment la possibilité de “mise en place de mesures techniques, notamment de gestion de trafic”, ce qui ouvrirait la porte à un Internet à plusieurs vitesses et donc discriminatoire.
Par ailleurs, le rapport souligne avec justesse qu’il devient nécessaire de se pencher sur les problèmes que font apparaître les smartphones (pas de Flash sur iPhone, accès favorisé pour certaines applications…). Selon la députée Laure de La Raudière, une proposition de loi sera rédigée par le groupe UMP à la rentrée.
Parmi les autres dossiers chauds, on surveillera également de près le débat sur la loi de sécurité intérieure Loppsi 2, au Sénat dès le 7 septembre, et au niveau européen, le rapport Gallo sur la contrefaçon et la propriété intellectuelle, qui s’attaque notamment grossièrement au partage de fichiers sur le Net.
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