Donald Trump a remporté hier la primaire organisée dans l’Etat de l’Indiana, récupéré ainsi l’ensemble des délégués qui y étaient mis en jeu. Peu après, Ted Cruz, l’un de ses derniers concurrents, annonçait l’abandon de sa campagne. De ce fait, Trump se voit offrir une voie très large et confortable vers la nomination du parti républicain.
Ce n’était plus qu’une question de jours. Depuis l’abandon de Marco Rubio, l’issue semblait inéluctable: Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, a abandonné à l’issue de la primaire républicaine qui se tenait dans l’Etat de l’Indiana. Donald Trump en est sorti largement vainqueur, avec 53% des suffrages, récupérant l’ensemble des 51 délégués alloués à l’Etat, grâce au système de vote en vigueur dans l’état, surnommé Winner Takes All), qui accorde l’ensemble des délégués au candidat qui récupère plus de 50% des voix.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« C’est un sale type, personne ne l’aime, au congrès tout le monde le déteste, où qu’il aille, personne ne l’aime une fois que les gens apprennent à le connaître » avait déclaré Trump à propos de Cruz face aux caméras de ABC News. John A. Boehner, l’ancien président de la chambre des représentants, l’avait décrit comme « Lucifer incarné« , ajoutant que de son vivant, le texan ne deviendrait pas Président.
Ted Cruz avait pourtant remporté près de 11 primaires et caucus lors de la campagne des primaires. Il s’était notamment illustré en remportant le tout premier vote dans l’Iowa. Donald Trump avait alors fortement suggéré que son adversaire texan avait triché. Reste qu’à ce jour, si Cruz était le plus proche du milliardaire, l’écart se creusait très dangereusement et ses victoires se faisaient de plus en plus rares.
Le sénateur termine sa course avec 566 délégués ralliés à sa candidature contre près de 1 048 pour Donald Trump, le rapprochant toujours un peu plus des 1236 nécessaires pour obtenir la nomination automatique du parti.
Un discours d’abandon étrangement familier
Le discours d’adieu de Ted Cruz à ses soutiens les plus fidèles était similaire à celui de Marco Rubio « Nous avons donné tout ce que nous pouvions » a expliqué Ted Cruz à ses supporters, « Mais les électeurs ont choisi une autre voie. » “L’Amérique est en plein milieu d’une véritable tempête politique, d’un tsunami, et nous aurions du le voir venir » avait pour sa part déclaré Marco Rubio, suite à sa défaite en mars dans son état natal de Floride, « mais j’ai choisi un chemin différent et j’en suis fier. » Un signe de plus que le parti républicain est au bord de l’éclatement.
A 2-minute #IndianaPrimary recap as Donald Trump and Bernie Sanders win while Ted Cruz quits https://t.co/nTdddieyGi https://t.co/6kIIlvKPFY
— Bloomberg (@business) May 4, 2016
Dernièrement, Cruz et Kasich, le troisième larron de cette course à la nomination, avaient formé une alliance de circonstance. Si aucun des deux n’avait prévu d’abandonner la course, l’idée était que chacun d’entre eux abandonnait sa campagne dans les Etats qui lui étaient défavorables. L’objectif était au final d’empêcher de récupérer les 1236 délégués nécessaires à la nomination de Trump et de passer par une convention contestée à Cleveland en juillet. Dans ce cas là un nouveau vote aurait eu lieu.
Ainsi dans l’Indiana, John Kasich a diminué ses effort pour permettre au sénateur Cruz d’agir avec plus de facilité. Las, cette tactique n’a pas porté ses fruits. John Kasich n’a lui que 153 délégués, ce qui est bien inférieur à ce que Marco Rubio avait réussi à réunir lorsqu’il a abandonné il y a presque deux mois. Kasich n’a gagné jusqu’à maintenant qu’une seule primaire, celle de son état dont il est gouverneur, l’Ohio. Lui reste dans la course.
Un boulevard ouvert pour Donald Trump
La rubrique Upshot du New York Times, spécialisée dans l’analyse des statistiques, expliquait il y a quelques jours que Donald Trump ne pourrait probablement pas compter sur des victoires aussi larges que celle acquises dans le nord-est des Etats-Unis par la suite. L’Indiana et la Californie faisaient office selon le site du quotidien de pivots importants pour sa candidature. La Californie, qui est un réservoir important de délégués (172 à récupérer) sera donc crucial. Le candidat pourrait aussi jouer des coups importants dans le New Jersey, qui est un Etat Winner take all, et la Virginie Occidentale, et de ce fait entériner sa victoire pour de bon.
Mais tout n’est peut-être pas encore tout à fait joué. Si il n’a effectivement plus d’adversaires directs sérieux, Trump peut potentiellement s’attendre à ce que le parti républicain lui mette des bâtons dans les roues en jouant avec les règles des caucus et primaires des différents Etats. Comme le rapporte un article de Bloomberg Politics publié le 14 mars et intitulé How to Steal a Nomination From Donald Trump (comment voler une nomination à Donald Trump), il est tout à fait possible que des accords se passent dans le courant du mois de mai pour que des délégués changent de bord et soutiennent un autre candidat. Mais qui ? C’est peut-être la raison pour laquelle Kasich reste dans la course. Il est probable que le gouverneur de l’Ohio s’envisage comme l’arme anti-Trump du parti. Mais il est très peu probable que cela puisse marcher.
Donald Trump, candidat républicain quasi assuré
Les sites d’actualité américains n’y vont eux pas par quatre chemins et présentent déjà Donald Trump comme le candidat républicain présumé. Celui-ci a par ailleurs adopté un ton plus sobre que d’habitude devant ses soutiens lors de son discours de victoire, faisant notamment le souhait d’unifier le parti. La convention de Cleveland, qui devra officiellement nommer un candidat se tiendra un mois plus tôt que celle de 2012, afin de mieux préparer le combat contre les démocrates. Le ticket président/vice-président formé à l’époque par Mitt Romney et Paul Ryan avaient derrière eux un parti républicain exsangue et désuni, incapable de porter efficacement le combat auprès de Barack Obama.
5 things everyone will be talking about today https://t.co/UVHNqT5rOK
Donald Trump and Ted Cruz are among them: https://t.co/caJaPYuSYq
— Bloomberg (@business) May 4, 2016
Reste que Donald Trump fait peur aux Etats-Unis et qu’il n’est pas particulièrement populaire en dehors du cercle des sympathisants républicains. Comme le rappelle le Washington Post, un sondage effectué par CNN montre qu’il est vu d’une façon défavorable par 64% des femmes, 73% des non-blancs, 70% des moins de 35 ans ainsi que 37% des personnes qui se définissent comme conservatrices.
A l’heure actuelle, les intentions de vote sont toujours largement en faveur du candidat démocrate, qu’il s’agisse de Bernie Sanders ou d’Hillary Clinton, qui est aujourd’hui la mieux placée pour remporter la nomination. Si il est évident que ces chiffres peuvent grandement changer jusqu’à l’élection de novembre, le terrain n’est pas des plus propices pour Donald Trump et il est encore plus dramatique pour le parti républicain, qui pourrait mettre beaucoup de temps à s’en remettre.
{"type":"Banniere-Basse"}