Le Tea Party Nation convoque Dieu, les fessées, Django Unchained et George Zimmerman, actuellement inculpé pour meurtre, dans sa déclaration sur la tuerie survenue à Newtown le 14 décembre. Pathétique.
Dans un email envoyé à ses membres le 16 décembre et disponible sur son site, le Tea Party Nation (TPN), organisation conservatrice et extrémiste qui fait partie du mouvement Tea Party, prend position sur la tuerie survenue à l’école élémentaire Sandy Hook de Newtown, aux Etats-Unis, par la voix d’un de ses bloggeurs, Timothy Birdnow. Pour le TPN, la tuerie est tout simplement l’oeuvre du Diable, ce que refuse, selon eux, de reconnaître la société américaine.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
« Nous refusons de reconnaître le Mal comme une chose transcendante. Le Bien et le Mal présupposent un Dieu et un Diable, et ces concepts sont siiiiii vieux jeu. Nous sommes désormais trop modernes pour croire à ces « contes pour enfants » qui mettent en scène un Créateur et un ange rebelle » peut-on lire dans la déclaration.
Timothy Birdnow y blâme aussi la « culture narcissique » de la société américaine, « dévouée à l’Eglise du Matérialisme » qui est, pour lui, la cause de la tuerie – « un acte monstrueux du Mal« .
Deuxième argument : le manque de corrections physiques. Pour le TPN, on ne frappe plus assez les enfants, qui se croient alors tout permis, sous-entendu : comme de tuer 27 personnes. « Il fut un temps où les enseignants donnaient la fessée aux enfants. Maintenant un professeur est en péril s’il punit verbalement un enfant méchant » déclare le Tea Party Nation. Par voie de conséquence, la société devient plus libertaire, ce qui ne plait pas du tout au Tea Party Nation, qui pointe le fait que les Etats-Unis sont confrontés à « des filles de 14 ans enceintes, des garçons de 15 ans atteints de maladies vénériennes » mais aussi à des problèmes « d’abus de drogues, d’alcoolisme, de violence« . Des comportements qui conduisent, selon eux, les jeunes à désirer se venger.
Le cinéma en prend aussi pour son grade. Le Tea Party Nation cible spécifiquement Django Unchained, le nouveau film de Quentin Tarantino, résumé à droite et à gauche comme un western-spaghetti au temps de l’esclavage. L’organisation politique lui reproche de filmer le meurtre par un esclave noir d’un groupe de personnes blanches pour libérer sa femme esclave, et conclut en déclarant : « la culture populaire a fait du meurtre, du viol, du désordre, de la haine et de la violence des choses ‘cool’« .
L’argument George Zimmerman
Autre argument avancé (sûrement le plus malsain) : le manque de patrouilleurs autour des écoles. Et le Tea Party Nation de citer George Zimmerman : « Si George Zimmerman avait été devant la porte d’entrée [de l’école] au lieu d’un lecteur automatique de cartes, ces enfants seraient toujours vivants ».
Or, George Zimmerman est actuellement accusé du meurtre de Trayvon Martin. En février dernier, ce lycéen noir américain était tué en pleine rue à Sanford (Floride) par Zimmerman, un voisin qui patrouillait régulièrement dans le quartier pour assurer la sécurité du voisinage. Découvert sur les lieux du crime en possession d’une arme, Zimmermann affirmait avoir agi en état de légitime défense avant d’être relâché. L’affaire, dénoncée comme un crime racial, n’avait pas tardé à enflammer la Floride puis les États-Unis, des manifestations fleurissant peu à peu dans tout le pays, avant de prendre une tournure politique. Le 23 mars, Barack Obama qualifiait le fait divers de “tragédie” et déclarait : “Si javais un fils, il ressemblerait à Trayvon Martin“. Zimmerman a finalement été inculpé pour meurtre sans préméditation et attend actuellement son procès.
Explosion de déclarations religieuses
Le Tea Party Nation n’est pas le seul à avoir avancé des arguments très tendancieux concernant la tuerie de Sandy Hook. Le 17 décembre, Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, a mis le massacre sur le compte du manque d’expression religieuse à l’école dans l’émission qu’il anime sur Fox News. Au vu du tollé provoqué par ses propos, le présentateur a vainement tenté de se rattraper avant de déclarer exactement la même chose : « Nous escortons Dieu hors de notre culture (…) et ensuite nous sommes surpris que notre culture sans lui reflète réellement ce qu’elle est devenue« .
D’autres religieux ont repris l’argument, comme James Dobson, fondateur du groupe chrétien Focus on the Family, qui a assuré hier sur sa radio Dr James Dobson’s Family Talk :
« Je pense que nous avons tourné le dos aux Écritures et à Dieu Tout-Puissant et je pense qu’il a laissé la sentence s’abattre sur nous. Je pense que c’est ce qu’il se passe actuellement. »
La National Rifle Association (NRA), lobby pro-armes aux Etats-Unis, dont la déclaration était pourtant très attendue, a préféré garder le silence et prendre ses distances avec les réseaux sociaux. Sa page Facebook – sur laquelle se multipliaient les commentaires insultants – a ainsi mystérieusement disparu et aucun tweet n’a été posté depuis le 14 décembre, jour de la tuerie.
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}