Las du pad thaï ? Repus du banh mi ? La relève est assurée grâce à ces régions méconnues des gourmets qui tentent une percée dans le paysage français.
Il vous serait quasi impossible d’identifier ne serait-ce qu’une seule de leurs spécialités culinaires. Et pourtant, Singapour est considérée en Asie comme la capitale de la cuisine asiatique tandis que Taïwan se révèle être un melting-pot gastronomique de haute volée. Là-bas, la cuisine de rue n’est pas une tendance mais une culture. Les prosélytes de ces deux cuisines ambitionnent désormais de se faire une place au soleil sur la scène street food française.
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Bordeaux, quartier étudiant. Le restaurant Hutong, du nom des petites ruelles de Pékin où l’on peut se rassasier pour trois fois rien, est le pionnier du genre. “En Asie, la street food est un mode de vie, raconte son proprio Jason Ang. Avec ma femme, nous souhaitions démocratiser la cuisine de Singapour et la moderniser.” Pari tenu.
Crevettes snackées et tofu frit
Dans leur petite cantine, façon stand de Hawkers Centers – ces immenses marchés à ciel ouvert qui rythment les rues de Singapour –, ils envoient de jolis bols bien roulés. Comme le laksa lemak, soupe de nouilles chinoises bien relevée à base de lait de coco, curry, bouillon de volaille, crevettes snackées et tofu frit ou un char siu bao, brioche vapeur ultra moelleuse fourrée au porc caramélisé.
“Dans les années 1920-30, de nombreux Chinois ont fui le pays pour la Malaisie, amenant avec eux leur culture culinaire. Voilà pourquoi la cuisine singapourienne (ancienne colonie anglaise principalement peuplée de Chinois, de Malaisiens et d’Anglais) est un mix de plusieurs influences malaisiennes et chinoises”, précise-t-il. Et elle porte un nom : Nyonya.
Même continent, plus au nord. A deux heures de TGV, en plein Streetfoodland, près du canal Saint-Martin à Paris, où les restos viennent tester leur nouveau concept dans des microspots avant un éventuel grand saut et l’ouverture d’une plus grosse adresse.
Qui est capable aujourd’hui de citer un plat emblématique de Taïwan ?
Décor à la mode (bois clair, ampoules à filament), logo stylisé : le repère taïwanais Bopome n’affiche pas la couleur. “Mon but est de faire découvrir la cuisine de mon pays via les codes français, raconte Scarlette Chen, Taïwanaise et cheffe de Bopome. C’est dommage que l’on ne connaisse pas la cuisine de Taïwan, héritage des peuples chinois et aborigènes d’après-guerre.”
“Qui est capable aujourd’hui de citer un plat emblématique de mon pays ? Et pourtant, les baos (petites brioches fourrées le plus souvent à la viande de porc), dont les Parisiens raffolent, sont nés là-bas !” Dans sa cuisine-cagibi, elle revisite les classiques de la street food : le hot-dog est totalement asie-muté et la spécialité, une crêpe fourrée au bœuf, ressemble étrangement au burrito.
Il y avait l’exotisme des boui-bouis tibétains ou laotiens, la suprématie des cantines chinoises, viets et thaïs. C’était compter sans la nouvelle vague asiatique. Avec Zaoka (Paris Ve), ou Warung Makan (Paris IXe), en quelques années plusieurs spots singapouriens et taïwanais ont fleuri dans la capitale, annonçant un renouveau de la cuisine de rue. Et si le made in China, grande influence de ces cuisines, avait du bon ? Mina Soundiram
Hutong 1, place du Général-Sarrail, Bordeaux
Bopome 48, rue de Lancry, Paris Xe
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