A Alep, les forces du régime et leurs alliés ont arraché la ville aux mains des rebelles à coups de bombardements et de massacre de la population, laissant des quartiers devenir le théâtre d’un véritable désastre humanitaire.
« Mon Dieu, réveillez-nous de ce cauchemar. Alep est en train d’être effacée et plus de 50 000 personnes sont en danger de mort, surtout des femmes et des enfants » a tweeté hier matin Zouhir Al Shimale, un journaliste free-lance basé à Alep-Est. Sur les réseaux sociaux, les appels au secours comme celui-ci se multiplient.
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Oh God .. wake us from this nightmare ..#Aleppo is being erased & more than 50.000 are under risk of being killed.
Mostly women & child.— Zouhir Al-Shimale (@ZouhirAlShimale) December 12, 2016
Après quatre semaines d’offensive acharnée, le régime syrien de Bachar el-Assad est en train de reprendre la ville d’Alep. Les insurgés avaient établis leurs retranchements dans les quartiers Est de la ville qu’ils contrôlaient depuis 2012. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) cité par Franceinfo, lundi soir, ils n’y tenaient plus que deux quartiers, Soukkari et Al-Machad. D’après le directeur de cet observatoire, Rami Abdel Rahmane, cette bataille « touche à sa fin« . L’ONU a annoncé que les forces du régime ont massacré au moins 82 civils lors de ces deux derniers jours.
Alep-Est: les forces syriennes ont tué 82 civils au cours des dernières 48 heures, annonce l'ONU https://t.co/jOQFehSp8S #AFP
— Agence France-Presse (@afpfr) December 13, 2016
Hier, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Uniers (ONU), Ban Ki-moon, s’est alarmé des informations faisant état de massacres de civils, allant à l’encontre des règles humanitaires internationales.Stéphane Dujarric, le porte parole de Ban Ki-moon, a affirmé hier que la protection des civils incombait particulièrement au « gouvernement syrien » et à « ses alliés« , notamment la Russie et l’Iran. D’après Le Monde:
« La chute annoncée d’Alep est d’abord le résultat de l’isolement croissant d’une insurrection confrontée à la répression sans limites d’un régime bénéficiant de l’appui de forces étrangères. Les combattants d’Alep-Est ont progressivement cédé sous la pression conjuguée des forces russes, du Hezbollah, de milices afghanes et de l’armée syrienne. »
Civils massacrés, ville à feu et à sang
D’après Lina Shamy, une activiste pro-révolution syrienne se trouvant à Alep, ce qui se passe à Alep n’est autre qu’un « génocide« : « Plus de 50 000 civils qui se sont révoltés contre le dictateur al-Assad sont menacés d’exécution ou risquent de mourir sous les bombes ». Des civils « coincés dans une zone de moins de 2km carrés, sans endroit sûr, chaque bombe est un nouveau massacre » explique-t-elle dans une vidéo d’appel à l’aide publiée sur Twitter.
To everyone who can hear me!#SaveAleppo#SaveHumanity pic.twitter.com/cbExEMKqEY
— Lina shamy (@Linashamy) December 12, 2016
My wife told me tonight "Why don't they kill us once. Why do they kill us every minute". People are dying psychologically and physically.
— @Mr.Alhamdo (@Mr_Alhamdo) December 12, 2016
Hier matin, l’utilisateur Twitter Mr.Alhamdo écrivait: « Ma femme m’a dit hier soir ‘Pourquoi ne nous tuent-ils pas une bonne fois pour toute ? Pourquoi nous tuent-ils chaque minutes’. Les gens meurent psychologiquement et physiquement« .
D’après Abd el Wahab Abou Zeid, militant de l’opposition interrogé par RFI, la ville est dans une situation critique:
« Les forces du régime sont en train d’exécuter par balles des civils dans le quartier de Ferdous dans les secteurs assiégés d’Alep (…). Les civils sont pris au piège. Ils subissent les bombardements et sont dans le viseur des tireurs embusqués. Ils sont en train de commettre un génocide. Ils tirent sur tout ce qui bouge et ne font aucune distinction entre un adulte et un enfant (…) Des familles s’entassent dans les rues de ce qu’il reste encore des quartiers d’Alep-Est contrôlés par l’opposition. Et il y a aussi des dizaines de tirs d’obus. Les aviations russe et syrienne sont omniprésentes au-dessus de nos têtes… »
« Le dernier message (…) que j’ai reçu est un hurlement«
De nombreuses personnes présentes à Alep postent ce qui ressemble à des adieux. D’après Franceinfo, environ « 120 000 personnes ont fui le secteur assiégé et beaucoup ont trouvé refuge dans les centres pour déplacés dans les zones gouvernementales« .
Derniers messages de l'Enfer. Les morts nous regardent et nous obligent. Descendons dans nos rues. Apostrophons nos élus, nos candidats,… pic.twitter.com/xckigOv2xd
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) December 12, 2016
Final message – I am very sad no one is helping us in this world, no one is evacuating me & my daughter. Goodbye.- Fatemah #Aleppo
— Bana Alabed (@AlabedBana) December 12, 2016
Le dernier message WhatsApp que j'ai reçu d'#Alep est un hurlement. Littéralement. Un hurlement dans la nuit. L'horreur totale.
— Laura-Maï Gaveriaux (@lmgaveriaux) December 12, 2016
En attendant, Daesh ne se prive pas pour gagner du terrain. D’après le JDD, l’organisation a déjà repris « d’immenses territoires dans la province centrale de Homs » ainsi que la « cité antique de Palmyre« . Un échec qui incombe en partie à la russie pour le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault: « Les Russes qui prétendent lutter contre le terrorisme, se concentrent en fait sur Alep et ont laissé un espace à (l’EI) qui est en train de reprendre Palmyre, tout un symbole! »
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