Quelle meilleure toile de fond pour la folk éthérée de la chanteuse british Flo Morrissey que les cerisiers (presque) en fleurs du pays du Soleil Levant ? Tout juste vingt-et-un ans, et déjà un album à succès, Tomorrow Will Be Beautiful, et un style bien à elle pour cette native de Notting Hill à Londres, installée […]
Quelle meilleure toile de fond pour la folk éthérée de la chanteuse british Flo Morrissey que les cerisiers (presque) en fleurs du pays du Soleil Levant ? Tout juste vingt-et-un ans, et déjà un album à succès, Tomorrow Will Be Beautiful, et un style bien à elle pour cette native de Notting Hill à Londres, installée depuis peu à Paris. Envolée au Japon en mars dernier, « Flo-chan », telle qu’on l’appelait là-bas, en rapporte des clichés sur le vif et une foule d’anecdotes sur la vie de jeune star en tournée, entre clash de cultures et concerts mémorables. Autour d’un thé matcha de circonstance, on découvre, à travers ses bribes d’expériences de scènes et de publics à travers le monde, une artiste qui construit les fondements de son oeuvre.
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C’était ta première fois au Japon?
J’y suis allée pour la première fois en octobre dernier, pour ma première tournée. Je n’y ai passé que cinq jours, c’était bien trop court et assez intense, j’ai été un peu submergée par le rythme. Mais cette fois ci, quelque chose s’est passé. J’ai eu le sentiment d’y avoir déjà vécu. Tout était si simple. Dans le type de boulot que je fais – ou c’est peut être juste une question de personnalité – tout est compliqué, usant… Et même si la culture japonaise est très centrée autour du travail, la vie est plus simple là bas. J’y ai trouvé ma propre routine : j’allais dans un café tous les matins, puis lire quelques heures au parc si je n’avais pas de rendez-vous, puis direction mon soundcheck. Ça semble vraiment luxueux, les tournées ne sont habituellement pas du tout comme ça. Et les concerts que j’y ai donné font partie de mes préférés.
Tu as une grosse communauté de fans là bas?
C’est là où tout a commencé : mon manager actuel m’a trouvé via un blog japonais quand j’avais 17 ans ! Les fans japonais sont très loyaux, une fois qu’ils t’ont trouvé ils viendront à tous tes concerts et te soutiendront jusqu’au bout. Un mec a écrit un post de blog sur moi, et c’est grâce à lui que j’ai fait ma première tournée là bas. C’est devenu un ami, il m’inspire beaucoup – on s’écrit beaucoup par mail, il m’envoie plein de sons qu’il pense que je devrais écouter, et je l’ai rencontré en mars dernier. Une des chansons de mon album s’appelle « Woman of Secret Gold », c’est une phrase de lui – c’est comme ça qu’il m’appelle.
La vraie différence est au niveau des concerts. En Angleterre, même si le public est vraiment fan c’est parfois dur d’établir une connexion. Les Japonais ne montrent pas vraiment s’ils aiment ou non, ils applaudiront et salueront l’un comme l’autre. Au début j’ai trouvé ça vraiment déstabilisant, mais en réalité il s’agit d’un autre type de relation entre un artiste et son public – il faut communiquer à un autre niveau, et vraiment créer une harmonie plus subtile. Ça semble bête dit comme ça, mais j’ai vraiment apprécié jouer de cette manière. En arrivant sur scène, je disais toujours une phrase qu’on m’a apprise en japonais, en gros « comment ça va la vie? ». Ça fait toujours éclater de rire le public!
Ton premier album est sorti l’année dernière, et tu as fini tes premières tournées il n’y a pas si longtemps. La scène ne te fait plus peur?
Je me sens vulnérable sur scène, mais j’aime bien ça. Je me demande parfois pourquoi je fais ce que je fais, tu exposes tellement de toi et les gens dans le public attendent quelque chose de précis. Tu essaies de créer une connexion avec eux, et parfois ça peut te pomper toute ton énergie, mais c’est vraiment vivifiant. Mes premières tournées l’année dernière ont été de vraies expériences pour moi. Il faut que tu gères, mais pas complètement – parfois il faut juste se laisser entraîner et lâcher prise. Chaque public est différent, il faut s’adapter et mettre en avant une facette de sa personnalité, parfois même être carrément quelqu’un d’autre. J’essaie de ne pas y penser, il faut faire ton truc et ne pas te poser de questions. Quand je ressens l’empathie du public et qu’un vrai lien se crée, c’est là que je suis le plus heureuse.
Tu es en train de préparer ton prochain album. L’inspiration est venue au Japon?
Complètement. J’ai beaucoup écrit là bas. Et j’essaie d’expérimenter d’autres techniques musicales – je viens de m’acheter une harpe, alors je vais m’y mettre! C’est aussi au Japon que j’ai pour la première fois lu un poème sur scène. C’est mon tour manager qui me l’a demandé, apparemment les fans voulaient entendre ma voix parlée même s’ils ne comprenaient rien ! Par chance j’étais tombée sur un poème qui m’a touchée ce jour là, et je l’ai noté dans un de mes carnets. Je viens de finir Just Kids de Patti Smith, et ça m’a vraiment marquée – elle écrit de façon tellement authentique, ça part un peu dans tous les sens mais ça m’a rassurée sur ma propre personnalité. Je ne parle pas vraiment de ce genre de chose, mais elle, elle assume à 100% et en fait une composante majeure de son art. Alors j’étais contente de pouvoir moi aussi expérimenter des moments de poésie sur scène, c’est clairement quelque chose que je veux faire plus régulièrement. Sans que ça devienne prétentieux – il faut que ce soit au bon moment, avec le bon public.
Des recommandations à Tokyo?
Je passais mon temps à True Berry, un bar à jus tellement cool, et j’allais manger tous les jours à Eat Trip, un restau de nourriture bio adepte de la technique du « slow-cooking ». Tokyo est une ville un peu folle, moi je suis attirée plutôt par les ambiances plus détendues – j’ai déniché une boutique mega zen, Cosmic Wonder, qui vend de vraiment belles choses. Et j’ai bien sûr passé beaucoup de temps dans les temples, à m’imprégner de leur ambiance. Je suis quelqu’un d’assez spirituel, et j’ai bien aimé en apprendre plus sur cette culture si respectueuse des traditions, comme par exemple le rituel de l’eau quand tu arrives dans un temple : tu prends de l’eau dans une main, puis l’autre, puis tu bois et tu recraches. A trois jours près j’ai raté la saison des cerisiers… Apparemment il y en avait un à Tokyo qui a fleuri avant les autres, et le dernier soir de mon voyage on a tourné dans toute la ville en demandant aux gens s’ils l’avaient vu. On a fini par le trouver, et ça valait vraiment le coup. Même de nuit !
Toutes les photos sont prises par Flo Morrissey au cours de sa tournée. Retrouvez plus de photos sur son compte Instagram.
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