Ambiance « bande de potes » mais références pointues : derrière leur micro, les chroniqueurs du podcast « Studio 404 » débattent tous les mois depuis deux ans de l’influence des cultures numériques sur la société. Rencontre.
On avait rendez-vous au sommet d’une falaise donnant sur l’océan. C’est du moins la version officielle que donnera Lâm Hua, l’animateur du podcast Studio 404, à ses auditeurs en ouverture du dernier numéro de son émission. Pour des raisons techniques, Lâm et ses chroniqueurs préfèrent garder secret l’endroit où leur podcast sur l’influence des cultures numérique sur la société est enregistré. « Le nom de studio 404, vient de là« , nous explique l’animateur. « C’est pour dire ‘Studio not found’ ».
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Au sommet d’une falaise donnant sur l’océan, donc, on retrouve dimanche dernier toute l’équipe de Studio 404, prête à débattre pendant une heure sur les ad-blocks, les robots ou encore le Web de l’oubli. Parmi eux, il y a Ghislain, le producteur, qui est à l’origine du projet.
« Au départ on voulait faire un numéro 0 et l’envoyer aux radios« , explique ce dernier avec le sourire.
« On était sûrs de nous, on était persuadés que ça allait marcher, et en fait pas du tout. C’est pas que ça ne leur a pas plu, mais les radios ont encore du mal à se rendre compte que ça touche un large public, et qu’il y a des gens qui ont besoin de genre d’émissions« , continue-t-il.
Une petit communauté de fidèles
L’émission de radio s’est ainsi muée en podcast, mensuel, mis en ligne sur Soundcloud depuis le mois d’octobre 2012. Peu à peu, Studio 404 a rassemblé de fidèles aficionados : ils sont aujourd’hui 2000 à suivre leur page Facebook, 1500 sur Soundcloud. « A chaque émission, on a des nouveaux fans qui viennent, et ils ne repartent plus« , constate Lâm.
Une petite communauté que celui qui se fait appeler FibreTigre (« un pur produit de l’Internet« ), un des quatre chroniqueurs de l’émission, prend soin de faire vivre en mettant régulièrement à jour le Facebook de l’émission. « J’ai un petit tableau Excel avec mon emploi du temps et dedans j’ai ‘animation compte 404’ », rigole-t-il.
Pour lancer le podcast, Lâm a contacté FibreTigre avec qui il avait travaillé « sans jamais l’avoir rencontré en vrai » pour le hors-série Wired France, mais aussi son ami gamer Daz (« il a une grosse tchatche« ) et Sylvain Paley. « Il avait tout de l’archétype du petit connard, le mec qui est au Celsa [une école de communication, ndlr], qui se la joue comme les petits jeunes qui font la loi sur Twitter. Mais c’est un mec extrêmement curieux et ouvert, et toujours enthousiaste dès qu’il y a un truc qui le bouscule. » Derrière Lâm, Sylvain acquiesce en se marrant.
« Au fait, moi j’ai rien compris à la chronique de Fibre sur les robots »
Mais un podcast sur le numérique avec quatre voix de mecs, ça ne le faisait pas. FibreTigre a alors proposé à Mélissa Bounoua, journaliste à Reader.fr, un site lancé récemment par slate, de rejoindre l’équipe.
« À ce jour, la bande n’a pas bougée. La grosse réussite de l’émission, c’est que les quatre, qui ne se connaissaient pas, se sont entendus très vite. Et ils ont une certaine franchise entre eux ».
Au moment où Lâm prononce ces mots, Daz lâche dans le fond de la pièce : « au fait, moi j’ai rien compris à la chronique de Fibre sur les robots« . Eclats de rire. Chaque intervenant reçoit en effet, avant l’émission, les chroniques des autres, afin qu’ils puissent préparer leurs relances.
Pendant le podcast pourtant, les échanges sont fluides, presque naturels. Si les blagues fusent, le fond est dense et les références précises. A l’inverse, « les médias traditionnels sont obligés de dire ‘bon on va d’abord expliquer ce qu’est Internet, et ensuite on va parler du propos’ », souligne Lâm. Ici, on n’explique pas ce qu’est le deep web ou les adblocks [des extensions qu’on ajoute sur son navigateur qui filtrent les pubs sur les sites internet], mais on se permet tout de même de donner les définitions des termes plus pointus comme « season pass » ou « DLC », issus du jargon des jeux vidéo.
Privilégier l’audio à la vidéo
Récemment, Studio 404 s’est lancé dans la vidéo, en tournant une émission produite par Dailymotion en septembre dernier. Malgré une invitée prestigieuse (la secrétaire d’Etat chargée au numérique Axelle Lemaire), Lâm reste mitigé.
Sur son blog, il explique qu’il craint que l’émission vidéo ne s’apparente à de la « mauvaise télé » :
« Une émission web qui se rapproche de plus en plus d’une émission télé peut aussi créer se montrer criante de déséquilibre. »
Les commentaires des fidèles de 404 abondent dans le même sens, préférant à la vidéo le podcast audio, dans lequel les chroniqueurs semblent plus détendus et l’ambiance plus chaleureuse. « Du coup, on a mis la vidéo entre parenthèse pour l’instant, car notre vecteur principal reste le podcast. D’ailleurs il fait beaucoup plus d’audience« , conclut Lâm.
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