Qu’est ce que le low bro ? Le water light graffiti ? Qui sont Futura 2000, Dondi White et Shepard Fairey ? L’exposition #STREETART, L’INNOVATION AU COEUR D’UN MOUVEMENT, à la fois rétrospective et futuriste, se charge de répondre à toutes ces questions. Première grande exposition du genre à se pencher sur le rôle des Nouvelles technologies de […]
Qu’est ce que le low bro ? Le water light graffiti ? Qui sont Futura 2000, Dondi White et Shepard Fairey ? L’exposition #STREETART, L’INNOVATION AU COEUR D’UN MOUVEMENT, à la fois rétrospective et futuriste, se charge de répondre à toutes ces questions. Première grande exposition du genre à se pencher sur le rôle des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans le street art et l’évolution de cette pratique urbaine à l’époque de la révolution numérique, #STREETART est un passage (gratuit) obligé. Plus que quelques jours avant la fin !
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Jérome Catz est directeur des espaces d’art Spacejunks (centres artistiques éparpillés dans l’Hexagone, qui promeuvent les cultures émergentes comme le Lowbrow, la Pop Surréaliste, le Street Art) et auteur du livre Street art, mode d’emploi. Daddy cool et commissaire de l’exposition, il a récolté pendant des semaines des dizaines de pièces de collection pour pouvoir fabriquer la première partie rétrospective, flash-back historique obligatoire. Avant d’entreprendre sa visite guidée, Catz met les points sur les « i » : « Le street art est né dans les années 1970. Avant, on parlait de tag et de graffiti uniquement. Et le graffiti, lui, remonte à la préhistoire, lorsque les mecs dessinaient dans les grottes. » On apprend qu’il se développe ensuite beaucoup au Mexique, période post-révolution, grâce au peintre Diego Rivera, muraliste le plus connu. Puis en URSS dans les années 1920, avec le développement de la lithographie. Il poursuit : « Étymologiquement, le terme « graffiti » vient de l’italien et désigne une technique pour embellir le plâtre « . C’est la presse qui l’utilise en premier. Entre eux, les graffeurs s’appellent « writters » c’est-à-dire ceux qui écrivent leur « blaze » sur les murs des villes à l’instar du jeune JonOne à ses débuts dans le Harlem bordélique des années 60.
Parmi les pièces récoltées pour la partie historique, beaucoup de livres. Ceux de l’écrivain américain Norman Mailer, qui décrit la société américaine à l’époque des writters, The White Negro: Superficial Reflections on the Hipster (1956) et Advertisements for Myself (1959) donnent le ton. Il y dépeint un climat de violence, de crime et de désarroi touchant les milieux défavorisés ; déchéance propice à la prolifération des tags et du graffiti comme moyen de protestation sociale. Au milieu des années 1960, au moment où la Guerre froide bat son plein, les murs prennent la parole en Europe de l’Est. Décorés par les révolutions jeunes florissantes, ils sont à la fois supports de l’insurrection politique et témoignent d’une expression artistique urbaine en pleine ébullition.
The faith of graffiti
Attaché à la restitution exacte des étapes et conscient que l’amalgame est fréquent en matière de street art, Jérôme Catz insiste : « Le graffiti naît en 1967 à Philadelphie ». Photos, livres, affiches et vieilles bombes à l’appui, il désigne un graff de Cornbread, l’un des tous premiers graffeurs. A la fin des sixties, lui et son groupe d’amis commencent à tagger la ville en écrivant leurs blazes sur les murs. La presse rentre dans le jeu et les articles sur les graffeurs se multiplient.
Avant d’arriver en Europe sous l’égide de Daniel Buren, Gérard Zlotykamien et du plasticien Ernet Pignon Ernest, le mouvement graffiti s’empare de New-York. Le mythique ouvrage The Faith of Graffiti, publié en 1974 est l’un des premiers livres à relater cet épisode. Accompagné d’un texte de Norman Mailer, The faith of graffiti est l’un des livres les plus emblématique de l’histoire du street art, dans la même veine que Subway Art de Henry Chalfant et Martha Cooper publié dix ans plus tard.
« Les burners s’attaquent aux rames de metro »
Dans la collection de clichés collectors qui ornent la vitrine, des photos du Bronx, de Harlem, du Queens dans les années 1980; tableau d’une Grosse Pomme ravagée. C’est dans ce décor « défoncé » que des artistes comme Min One (qui n’a que 17 ans à l’époque) ou Duro commencent leur travail de vandalisation du mobilier urbain. « Les ‘burners’ s’attaquent aux rames de métro avec leur ‘bulbes letters' ». explique Catz. Résultat, la presse locale s’enflamme. Dans « East village eye », « Weekly Soho News » et même dans « Revolt », magazine originellement hostile aux graffeurs, les burners font la couv. « A ce moment là, les graffeurs sont clairement dans une recherche de notoriété. Ils sont dans une vraie course à l’égo. C’est à celui qui fera le plus gros et le plus beau graffiti sur un train, sur un mur ». Avides de reconnaissance du milieu, ils tirent à boulet rouge sur des artistes comme Jean-Michel Basquiat, Keith Harring, Amedy, comme eux, enfants du ghetto mais dont les carrières sont en pleine explosion.
Ce début de décennie eighties est aussi marqué par l’arrivée sur le marché d’artistes comme Crash, chantre du pochoir et du point de trame ou de Futura 2000, maître de l’expressionnisme abstrait et animateur de plusieurs expositions sur le graff à la Fashion Moda, espace artistique dans le sud du Bronx créée à la fin des années 1970. Autre figure emblématique de la montée en flèche du graffiti dans l’Amérique des années 1980 : Dondi White. L’artiste afro-américain, homosexuel, politiquement engagé est connu pour ses « whole cars » à la bombe et le caractère politique des messages qu’il délivre, notamment sur la cause gay ou noire. En 1983, Tony Silver et Henry Chalfant sortent « Style wars » premier documentaire sur la culture hip-hop.
http://youtu.be/0EW22LzSaJA
« C’est vraiment à ce moment là que tout se mélange. La discographie rap et hip-hop se mêle au graffiti. Les vinyles et les pochettes de disque deviennent des supports pour le street art. En fait, la musique, le skate, le break dance et le graffiti se mélangent dans ce que l’on appelle ‘les cultures urbaines' » note Jérome Catz.
L’exposition s’oriente ensuite sur le basculement en Europe de ce foisonnement artistique made in USA. Le galeriste suisse William Speerstra ou encore le magazine hollandais « Freestyle aérosol » promeuvent une palanquée d’artistes tandis que Di Rosa en 1984 puis Speedy graffito en 1985 popularisent la figuration libre (peinture figurative ultra colorée).
Les années 2000
Le passage au XXIe siècle rime avec l’explosion du street art. Alors que Space Invader envahit la France avec ses créatures, Banksy parsème le vieux continent de ses dessins au pochoir. La Tate Modern consacre une grande exposition à l’art urbain et les Etats-Unis confient à Shepard Fairey les affiches de la première campagne d’Obama. Non seulement le street art devient viral mais il se re-politise. Jérome Catz explique: « Que ce soient les collages de l’artiste JR, militant humaniste ou les affiches de Fairey contre George Bush, dans les deux cas ce sont des street artistes qui mettent leur art au service d’une cause politique ou sociale ». Peu à peu, cet art urbain est dédiabolisé par les villes et leurs habitants et va même jusqu’à être plébiscité par les pouvoirs publics. New-York, Paris, Barcelone, Milan…plusieurs métropoles et, par ricochet, de nombreuses municipalité offrent aux graffeurs des espaces ou des murs; biens public théoriquement censés rester 100% vierges.
La dernière partie de l’exposition faite d’installations et de gadgets 2.0 raconte l’histoire d’amour naissante entre révolution numérique et street art. La fresque de Water light graffiti (un mur de LED s’allumant au contact de l’eau, ci-dessous) fruit du travail de l’artiste Antonin Fourneau et d’une équipe d’ingénieurs attire les foules.
Les graffitis invisibles ou l’écran de graff numérique (les bombes sont remplacées par un rayon infrarouge) amusent et intriguent .« Sur ce genre d’écrans numériques, maintenant on peut même graffer avec un smartphone ». L’arrivée sur le marché des NTIC des very smart phone dans les années 2013-2014 sert la cause du street art. « Et a contrario, le street art est aujourd’hui utilisé sur le marché de la communication, sur celui des jeux vidéos. Petit à petit, il sert l’intérêt public ». Plusieurs court-métrages diffusés dans l’une des salles montrent comment la communication instrumentalise l’art urbain ou comment les jeux vidéos distillent du graff dans leurs décors pour orienter les gamers. Et Jérôme Catz de conclure : » Le graffiti et le street art font partie de la société aujourd’hui. Ils sont acceptés par beaucoup de monde. D’autant qu’il y a de plus en plus de gens d’accord pour die que maintenant ils sont même utiles ! C’est une bonne nouvelle ».
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