Le street artist Combo a réuni sept acolytes pour “ridiculiser” les affiches de propagande nazie, du Front national, etc. Elles sont visibles tout le week-end au Musée national de l’histoire de l’immigration. Combo, Dugudus, Jisbar, Kares Le Roy, Madame Moustache, Raphaël Federici et Pierre Budet. Ces huit artistes se retrouvent jusqu’à dimanche pour “dénoncer la montée […]
Le street artist Combo a réuni sept acolytes pour « ridiculiser » les affiches de propagande nazie, du Front national, etc. Elles sont visibles tout le week-end au Musée national de l’histoire de l’immigration.
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Combo, Dugudus, Jisbar, Kares Le Roy, Madame Moustache, Raphaël Federici et Pierre Budet. Ces huit artistes se retrouvent jusqu’à dimanche pour « dénoncer la montée du racisme et de l’antisémitisme ». Ils brocardent des affiches ouvertement racistes glanées sur internet, les recouvrent de graffitis, de tissus colorés, griment des visages connus du Front national, détournent les slogans, etc.
A la tête du mouvement, Combo, street artist qui avait malheureusement fait la une des journaux après son agression en janvier 2015. Quatre jeunes l’avaient tabassé et sommé d’effacer son fameux « Coexist », un tag qui utilise les trois symboles de la religion monothéiste. Entretien.
Avec ces affiches, votre but est de « dénoncer la montée du racisme et de l’antisémitisme ». C’est un sujet qui vous tient à cœur depuis un moment…
Combo – Je travaille dessus depuis un an. Je dénonce les préjugés et le racisme en démontrant que nous avons plus de points communs que de différences. Pour cela, je fais du détournement de symboles qu’ils soient religieux, culturels ou encore politiques. Ce qui me vaut encore quelques petits démêlées avec l’extrême droite. Des militants me harcèlent depuis que j’ai revisité Jeanne d’Arc.
Ces affiches résonnent-elles avec l’actualité, la montée de l’extrême droite, le rejet des migrants, l’amalgame musulman-terroriste, etc ?
Tout à fait. Tous les sujets sont traités. C’est pour ça que l’on est plusieurs artistes, un point de vue n’aurait pas suffit. Pour cette même raison, on ne s’est pas contenté de répondre sur d’anciennes affiches de propagande nazie. On a aussi introduit des affiches politiques récentes, du Front National, pour montrer que le racisme existe toujours, mais sous une autre forme.
Il y a par exemple une oeuvre sur les migrants, faite par Raphaël, qui représente une sorte de Radeau de la méduse avec plusieurs cultures. Moi, j’ai fabriqué un drapeau français, tenu par une Marianne, à partir de tissus d’origines différentes, des tissus africains, espagnols, italiens… On essaye de traiter les sujets de manière symbolique, à notre manière.
Le racisme a changé de forme vous dites ?
Il suffit de prendre la sémantique. Avant on utilisait le mot arabe, maintenant c’est musulman. On dit musulman français, juif français comme si la religion devenait une nationalité. Plus encore, on a déplacé le problème. Comme on ne peut plus affirmer que les mauvais, ce sont les arabes, on dit que ce sont les musulmans. De même, on préfère annoncer que l’on va accueillir les migrants chrétiens plutôt que les migrants musulmans. Pourquoi ? Parce que ça dénote une origine différente, c’est du racisme. La sémantique est juste différente.
Autre exemple : dans les années 50, l’extrême droite assénait que, parmi les migrants algériens, se cachaient des égorgeurs, qui allaient en plus manger notre pain. Maintenant, elle dit qu’il y a des terroristes parmi les réfugiés.
Quel ton avez-vous adopté pour détourner ces affiches ?
Uniquement l’humour, jamais de premier degré. On n’impose pas nos idées. Selon nous, railler les racistes, les ridiculiser est la meilleure arme pour dédramatiser et les affaiblir.
Propos recueillis par Anne-Sophie Valentin
Jusqu’à dimanche soir, au Musée de l’histoire et de l’immigration. Ce samedi 26 mars, Madame Moustache et Dugudus proposent une performance. Dimanche, ce sera au tour de Combo, et de nouveau Dugudus.
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