Dans un article du journal Ouest France, le syndicat de police SGP-FO réagissait de manière virulente, dès le 25 juin, à l’intervention des forces de l’ordre le soir de la fête de la musique à Nantes. Il pointait “la responsabilité d’un chef de service”.
“Pas de lien établi entre l’intervention de police et la disparition” de Steve Caniço. Voilà pour l’instant ce qu’affirme l’IGPN (la « police des polices »), citée par Edouard Philippe le 30 juillet, après l’identification du corps du jeune homme retrouvé dans la Loire. Alors que cette déclaration est allègrement moquée sur Twitter sous le hashtag #SelonlIGPN, un article du journal Ouest France, paru le 25 juin, refait surface. Les déclarations du syndicat de police SGP-FO témoignent des doutes, voire de la désapprobation qui traversent la police elle-même, vis-à-vis de l’intervention des forces de l’ordre, quai Wilson, tard dans la nuit du 21 juin.
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#Nantes Personnes tombées dans la Loire : un responsable local du #syndicat de #police #SGPFO critiquait le mardi 25 juin les ordres donnés lors de l'intervention. «Un ordre aberrant ». Il pointait la « responsabilité d’un chef de service» @ouestfrance https://t.co/HmvyLCwCaT
— Catherine Gasté (@catherinegaste) July 30, 2019
“Une faute grave de discernement”
SGP-FO dénonçait ainsi “une faute grave de discernement, un ordre aberrant, mettant d’abord nos collègues en danger, et les usagers. (…) Ce n’était pas des casseurs mettant Nantes à sac nécessitant donc d’intervenir immédiatement. Il s’agissait de fêtards”. Pour rappel, quatorze personnes sont tombées dans la Loire ce soir-là, après une charge des policiers. Pour le syndicat de police, l’intervention était donc à la fois disproportionnée et dangereuse. Il pointait même, le 25 juin, la “responsabilité d’un chef de service” : “Intervenir sans tenir compte du rapport de force, à 15 contre plusieurs milliers de personnes, qui, à 4 h 30 du matin, sont forcément dans un état éthylique et/ou stup avancé, dans l’incapacité de raisonner ou comprendre l’intervention de la police un soir de fête de la musique : c’était la confrontation assurée !”
“L’endroit par définition où il ne faut pas charger”
La configuration géographique du lieu est également mise en avant, comme un facteur aggravant les risques : “Le quai de Loire est sans protection, l’endroit par définition où il ne faut pas charger…” D’ailleurs, comme l’a révélé Mediapart, un rapport de 2017 faisait déjà état des risques d’intervenir à cet endroit. La police avait alors opté cette année-là pour un “repli tactique”.
Cité par Ouest France, le 25 juin, Philippe Boussion, secrétaire régional SGP Pays de la Loire, ne mâche pas ses mots : “La responsabilité incombe à celui qui dirigeait les opérations et se trouvait même sur place. Nous avons déjà alerté à plusieurs reprises sur la vision de la sécurité de ce commissaire qui expose régulièrement nos collègues par ses prises de décisions et sa vision exclusivement musclée de la sécurité. Nous demandons à ce que l’IGPN fasse son travail et pointe la responsabilité du donneur d’ordre !” Cet appel parviendra-t-il jusqu’aux oreilles d’Edouard Philippe, de Christophe Castaner et de l’IGPN ?
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