L’inventeur du « métrosexuel » remet le couvert vingt après avec le « spornosexuel ». La définition est loin d’être claire mais la presse internationale s’excite.
Le sujet
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« Sport + porno + sexuel = spornosexuel » : c’est la nouvelle formule sortie de l’esprit décidément bien (trop) créatif de Mark Simpson. En 1994, ce journaliste et écrivain britannique invente le terme « métrosexuel » au détour d’un article publié dans The Independent et consacré à une expo sur la mode masculine alors organisée par GQ. Vingt ans plus tard (hasard de calendrier, vraiment?!), Mark Simpson balance son « spornosexuel » dans les colonnes du Telegraph. « Métrosexuel de deuxième génération », « totalement vulgaire« , le spornosexuel souhaiterait « être désiré pour son corps, pas pour sa garde-robe. Et certainement pas pour son intelligence ». Mais encore…?
Le souci
Si, en 1994, la notion de « métrosexuel » n’avait pas fait l’unanimité, elle avait au moins le mérite d’être claire : « Le métrosexuel, ce jeune homme disposant de solides revenus, travaillant ou vivant en ville (car c’est là que se trouvent les meilleures boutiques), est peut-être le consommateur le plus prometteur de la décennie ». Dans son article, Mark Simpson ne lésinait pas sur les détails (vestes Paul Smith, chinos à la Steve McQueen, sous-vêtements Calvin Klein) et affirmait que le « métrosexuel collectionne les fantasmes sur le mâle que les publicités lui vendent ». Le journaliste avait vu juste (coucou David Beckham). Il a donc dû se frotter les mains en imaginant, début juin, son come-back médiatique basé sur du recyclage : « spornosexuel » est formé à partir de « sporno », conçu en 2010, et s’inspire largement de « métrosexuel ». Sauf que le coup est raté. Doté de caractéristiques bien maigres (façonner son corps pour s’en servir comme accessoire), le spornosexuel ne semble avoir ni réalité, ni actualité. Hommes et femmes n’ont-ils pas toujours utilisé leurs corps pour attiser le désir de l’autre ?
Le symptôme
Chaque mois ou presque, un mot vide de sens fleurit sur un site d’info avant d’être repris à tour de bras par la presse internationale. Ainsi de « normcore », trop flou pour avoir une réalité. Est-on normcore si l’on porte des Crocs ? Et des Levi’s 501 ? Quelle dose d’ironie est nécessaire pour obtenir le label ? Comble du gag : la journaliste du New York Mag qui a popularisé le mot s’est royalement plantée en lisant le document du cabinet de tendances K-Hole dont il est extrait. C’est l’expression « acting basic » qui était censée désigner le style « normcore ». Mentionnons aussi un article du New York Times paru le 5 mars dernier, qui annonçait le grand retour du monocle, nouvelle accessoire « hipster chic ». On n’a toujours pas croisé de branchés à monocles du côté du Canal Saint-Martin.
Sans enquête ni exemple tangible pour leur donner un semblant de consistance, ces buzzwords et autres tendances sont condamnés, aussitôt nés, à retomber dans les limbes de l’Internet. Loin du journalisme, Simpson semble, lui, avoir puisé son inspiration dans le film Don Jon (de Joseph Gordon-Levitt, 2013), qui met en scène un accro au porno et à la gonflette. Mark, la prochaine fois, tu précises ?
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