Il est l’auteur de l’oeuvre la plus chère du monde – un crâne recouvert de diamant, 100 millions de dollars. Abonné aux ventes aux enchères plutôt qu’aux galeries, il n’a pas peur que l’argent abîme l’art. Il expose à Monaco au Musée océanographique.
Votre travail rencontre du succès auprès des nouveaux acheteurs du marché de l’art, chinois, arabes ou russes…
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Je n’ai pas les chiffres en tête, mais il y avait des nouveaux acheteurs lors de la dernière vente aux enchères l’an dernier, et je ne sais plus les pourcentages, beaucoup d’Européens aussi. 10% d’Américains, 50% du Nouveau monde. Les galleries n’aiment pas les ventes aux enchères, elles pensent que vous allez traiter directement avec les acheteurs, mais ça permet en vérité d’ouvrir le marché à de nouveaux acheteurs, qui n’iront jamais acheter une œuvre dans une galerie.
Ce sont des collectionneurs établis, pérennes, ou juste des acheteurs de passage qui s’offrent un Damien Hirst ?
Vous savez, moi j’essaie juste de faire de l’art, c’est ma préoccupation principale et peu importe au fond qui achète mes œuvres. Quand quelqu’un paie le prix fort, ça me rassure. Mais l’important est que l’art perdure. Dans le musée océanographique de Monaco, certaines pièces remontent à plus de cent ans et sont conservées dans le formol. Ce qui m’intéresse, c’est que mes œuvres durent plus longtemps que mes collectionneurs !
Vous êtes vous-même collectionneur…
C’est une drogue, j’essaie de ralentir. Je pense à en faire une collection permanente, mais je dois faire attention à ne pas avoir plus d’œuvres à stocker qu’à exposer. La National Gallery n’a pas de stock, il y a des prêts, des œuvres en restauration, et le reste est exposé. J’aime ce principe et je voudrais m’en approcher.
Votre collection contient-elle seulement des œuvres d’art ou aussi des objets ?
J’ai aussi beaucoup objets : un veau à deux têtes, des pierres scolastiques japonaises ou chinoies, des objets aidas d’Indens nord-américains ou du Mexique.
Vous parvenez encore à vous étonner ?
Je me rends compte que je n’arrive plus à m’étonner, et surtout à échapper à Damien Hirst. Pendant tout un temps, je voulais échapper à Damien Hirst et maintenant j’assume davantage. J’ai résisté au fait d’enfermer mes idées dans des boîtes mais en fait j’aime les boîtes. On naît dans une boîte, on meurt dans une boîte, alors autant laisser tomber.
Quelle relation entretenez-vous avec la mort ?
Je ne l’aime pas ! C’est de la sémantique, moi je me sens impliqué dans la vie, mais quand il y a quelque chose qu’on ne peut pas éviter, j’ai envie de m’y confronter. S’il y a un moyen de l’éviter, en revanche, je veux bien l’essayer. J’adore l’idée de l’immortalité, et j’aimerais vivre éternellement mais pas pour toujours, juste pour un certain temps. C’est ce que font tous les artistes, je crois.
Cette interview est la version longue de l’interview de Damien Hirst parue dans le numéro 749 des Inrockuptibles.
Cornucopia Jusqu’au 30 septembre au Musée océanographique de Monaco /// www.oceano.org
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