Bimbo ironique, elle a rénové l’archétype de la belle blonde de son humour ravageur. Garçon chétif et sensible, il s’est réinventé en musclor pour devenir le fantasme n°1 de la communauté gay mondiale. Louise Bourgoin, François Sagat: rencontre entre deux sex-symboles atypiques.
Et toi François, la transformation que tu as initiée sur ton corps, était-ce pour correspondre à l’idée que tu te faisais d’un corps masculin érotique ?
François Sagat – Oui, c’était le corps que je désirais avoir pour moi, celui que je pouvais désirer chez d’autres… Ça n’avait rien à voir avec l’image du père en tout cas. Mon père était chétif comme moi. C’était une forme d’anorexie pour garçon, donc inversée : un désir d’être toujours plus volumineux. A partir du moment où j’ai changé de corps, j’ai très vite eu bien plus confiance en moi. Dans ma sexualité, bien sûr. Mais aussi dans ma vie.
Dans les vidéos que tu tournes pour toi, et que tu postes sur le Net, tu t’amuses à affubler ce corps si viril d’attributs féminins : perruque, bas résille…
François Sagat – Oui, sûrement par envie de niquer l’image qu’ont fabriquée les films porno dans lesquels j’ai joué. Cette virilité exacerbée qu’on m’a fait jouer, en me demandant d’avoir un visage fermé, des gestes brutaux, j’ai envie de la casser. D’abord, j’ai eu envie de construire cette image, maintenant j’ai envie de m’amuser avec sans la renier.
Tu pourrais un jour faire effacer ton tatouage crânien ?
François Sagat – Non, je m’y suis trop habitué. Ça me correspond finalement mieux que mes anciens cheveux. Ma mère déteste toujours autant. C’est comme si j’étais allé contre la nature, contre la création de ma mère… (Louise éclate de rire)
Que fais-tu dans le film de Christophe Honoré, Homme au bain ?
François Sagat – Il y a toujours ce corps à l’image, qui est le mien, qu’on retrouve nu très souvent et que ceux qui ont vu mes films X reconnaissent. Et puis il y a autre chose. Quelque chose qui m’a échappé et que Christophe Honoré a capté. Une sorte de vulnérabilité qui n’avait jamais été filmée.
Dans ma manière de m’exprimer, dans certaines expressions de mon visage que je ne contrôle pas, il se dégage un truc que je n’avais jamais vu chez moi, et qui m’a même un peu gêné quand j’ai découvert le film. Je me sentais dévoilé.
Mais ce tournage a été une bonne expérience. Ça m’a amusé de tourner aussi dans le film de zombies gays de Bruce LaBruce. Après, je ne pense pas du tout que cela annonce, pour autant, la poursuite de ma carrière de comédien. J’attends de voir. De toute façon dans la vie, j’ai plutôt attendu que les choses viennent. Evidemment, parfois, on peut attendre longtemps (rires)…
Toi, Louise, tu attends les choses ou tu les provoques ?
Louise Bourgoin – Moi aussi, les gens sont venus me chercher. Je sais que certaines actrices envoient des lettres aux cinéastes pour déclarer leur envie de tourner avec eux. Moi, je ne l’ai jamais fait et je n’oserais pas. Pourtant il y a des metteurs en scène avec qui je rêve de travailler, bien sûr…
Mais tu ne t’autoriserais pas à leur dire…
Louise Bourgoin – C’est pas ça… C’est plutôt que si j’étais metteur en scène, je ne suis pas sûre que ça m’exciterait qu’un acteur me propose de travailler avec lui. Je préférerais que ça vienne de moi.