Qu’on soit acteur occasionnel ou star du X, le virage de l’après-porno n’est pas aisé. Envie de ciné « tradi », études à la fac, vie de famille, le dilemme persiste entre retourner à l’anonymat ou rester dans la lumière.
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Sauvée par l’amour
Ce qui a sauvé Nina, c’est ce truc tout bête qui s’appelle l’amour. Une histoire simple et réaliste :
“Avec Rash, un mec bien au coeur pur. C’est un metaleu sans argent, ex-guitariste d’Horresco Referens. Il m’a prise comme j’étais, assumant mon passé au point de se faire appeler Rash Roberts sur son Facebook.”
Quand, totalement embrumée par la dope, Nina est à deux doigts de suivre la voie sans retour de Karen Lancaume (actrice X puis dans Baise-moi de Virginie Despentes, elle s’est suicidée en 2005 à l’âge de 32 ans – ndlr), c’est Rash qui l’aide à survivre.
“J’aurai pu faire comme elle. Trop de mal à supporter la vie et l’isolement qui enclenche trop de questions. Le cycle attraction-répulsion…”
Alors Nina se bouge pour ne même pas avoir à envisager “les plans escorts” qui font souvent l’ordinaire des jeunes retraitées du milieu, même si personne ne s’en vante trop.
Elle devient maquilleuse sur quelques plateaux de X, tourne habillée pour le Bye Bye Blondie de Despentes puis Lea de Bruno Rolland à sortir cette année, ou écrit le scénario midocu, mi-fiction de Tout le plaisir est pour vous autour de treize figures du milieu du X interrogées par un sociologue.
Elle obtient aussi en 2009 son BTS de diététique et enchaîne sur un brevet d’Etat d’éducateur sportif. Elle coache ainsi “une actrice tradi assez connue qui sait d’où je viens mais que ça ne gêne pas.”
Contente d’avoir inversé la tendance en exerçant un métier “où les gens ont besoin de vous”, Nina va définitivement récupérer la garde de son fils de 8 ans. Et c’est aussi pour lui qu’elle s’est décidée à trouver un vrai boulot. Des fiches de paie régulières. Et quand elle l’emmène jouer au parc tôt le matin “pour éviter les relous”, elle s’angoisse déjà du jour où il faudra lui révéler son passé.
“C’est lui qui devra le porter. Déjà qu’il s’étonne que dans la rue on m’appelle Nina, qu’on veuille me prendre en photo mais pas lui.”
Pour autant elle sait que la marque du X est indélébile. L’internet joue aujourd’hui le rôle de “la lettre écarlate” rappelant à chaque instant ce qu’on a fait avant. Même si Nina et d’autres actrices l’ont bien vécu – sa bio s’appelait J’assume et elle maintient cet état de fait –, c’est toujours les autres qui vous tendent le miroir déformant. Nina avoue avoir beaucoup travaillé, s’être fait violence pour accumuler les cartes, se sachant capable de se réinventer plus facilement que la hardeuse lambda.
Passionnée de photo tout comme Marilyn Jess, elle a pourtant vu deux expos de son travail annulées lorsque les galeristes ont découvert qui elle était. Ça se passe à Paris en 2010 !
“Pourtant le porno n’est pas contagieux mais ce pays est coincé et prude. Chaque fois, j’ai reçu des explications embarrassées, mais je sais que c’est à cause de mon passé.”
Qui décidément ne passe jamais.
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