Qu’on soit acteur occasionnel ou star du X, le virage de l’après-porno n’est pas aisé. Envie de ciné « tradi », études à la fac, vie de famille, le dilemme persiste entre retourner à l’anonymat ou rester dans la lumière.
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Lila dit ça
Appelons-la Lila, 23 ans, et un air ingénu qui lui fait extraire sans façons le dernier Hot Vidéo de son sac sous la clim salvatrice d’un Starbucks Coffee bondé. Lila aura fait une carrière éclair en 2009. Six semaines passées à voguer de chez John B. Root à Union. Quelques photos, des scènes bi et deux ou trois tournages en couple “dont un avec un hardeur assez violent au QI de 2. Son rêve est de faire éjaculer toutes ses partenaires, alors il te branle comme un malade. Le réal a dû finir par lui dire de se calmer”.
Le reste tenait plutôt des bons souvenirs. Alors pourquoi lâcher l’affaire ? Déjà pour éviter de se griller. Car Lila a des prétentions plus élevées à afficher que son tour de poitrine. Son QI, par exemple. Originaire de la banlieue lilloise et titulaire d’une licence de gestion, elle entend travailler dans les fusions/acquisitions et suit un stage dans ce domaine.
Mais elle reste prudente car on l’a déjà reconnue. Entre Facebook et les photos qui traînent gratuitement sur le web, son anatomie n’a plus de secrets dans sa fac.
“Une fille qui ne m’adressait pas la parole est venue me dire qu’elle trouvait ça arty. J’ai répondu : “Ben, c’est juste du porno !” Des profs en revanche se sont inquiétés. Ils m’ont demandé si j’avais besoin d’une aide psychologique” – incapables de comprendre que Lila avait envie d’aventures et, ne mentons pas, “avait aussi besoin d’argent”.
Fille unique, elle part de chez elle en 2006, brouillée avec ses parents. Fiona, une amie plus âgée, qui passa aussi par le Dauphin – surnom du studio de John B. Root –, a sérieusement déchanté au moment de trouver un job plus marqué “tailleur-pantalon” que “porte-jarretelles et caraco”. Fiona l’a mise en garde, elle qui luttait pour faire disparaître ses photos du web – au moins des sites gratuits.
Qu’importe. Lila voulait sauter le pas, expérimenter. Surtout elle avait 3 000 euros de découvert que quelques demi-journées “payées un demi-Smic” ont vite permis d’éponger. “Même sans avoir d’argent à rembourser, j’aurais franchi le pas. Peut-être juste six mois plus tard.” Cultivée et “intéressée par la politique, méthodique voire procédurière”, comme elle se définit elle-même, Lila aime le sexe, et se produisait déjà parfois pour des strip-teases.
“Je travaille depuis l’âge de 16 ans et j’ai fait tous les jobs avant ça, vendeuse chez Sephora, démonstratrice en grand magasin, hôtesse d’accueil pour des marques de téléphonie. D’ailleurs quasi tous ceux qui s’inscrivent dans ce genre de job se prétendent aussi acteurs.”
Sauf que ceux-là tournent habillés ou en rêvent. Lila, elle, n’a eu aucun essai à faire et voilà que son téléphone n’arrête plus de sonner.
“Comme j’avais des examens à préparer, raconte-t-elle, je refusais beaucoup de propositions, ça avait l’air d’exciter encore plus les producteurs, contents qu’on leur résiste. En fait, dès qu’il y a une nouvelle, entre les réals qui sortent tous du bois, et les hardeurs qui veulent essayer toutes les filles, il y avait de la demande.”
Elle perdra son temps chez un vieux réal graveleux qui lui parle essais payés et se la joue proximité culturelle (du genre “moi aussi j’aime l’art”) avant de lui proposer la “pipe du mois” sur son auguste personne. Elle refuse et réfléchit. D’autant qu’elle a rencontré une starlette vite montée en graine et retraitée au bout d’un an qui lui enjoint de foutre le camp tant qu’il est temps.
En réflechissant à son droit à l’image bradé sur trente ans, Lila se dit que finalement le compte n’y est pas et que son copain, étudiant lui aussi, et qui le vivait très mal, sera content. Aujourd’hui, le sexe est redevenu privé. Lila se concentre sur ses études. Avec son côté exhib, elle rêve que “plus tard au boulot, on se dise : “Tiens, elle a fait ça !”
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