Infidélités, esthétique porno, prostitution, sexualité collective, homophobie… le sexe et le ballon ont une longue histoire.
La « fiancée » de Ronhaldino
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La France n’est pas en reste. Il y a quelques années, une jeune Française se fait connaître comme la petite amie de Ronaldinho. Son nom : Alexandra Paressant. Son physique : celui d’un sublime mannequin, peau bronzée, cheveux bruns, yeux revolver.
Comme dans la chanson de Marc Lavoine, la demoiselle est d’ailleurs un peu spéciale: bientôt, elle inonde la presse internationale de révélations (elle fera la couverture du Sun anglais ou du Bild allemand) et raconte en détails ses nuits torrides avec Ronaldinho, qu’elle dit par ailleurs avoir l’intention d’épouser ( » Lors de la dernière Coupe du monde, l’entraîneur ne voulait pas que les femmes dorment avec les joueurs, mais Ron- nie ne supportait pas cette idée-là. Je le rejoignais la nuit, c’était très excitant, il me faisait crier de plaisir », déclare-t-elle en 2006).
Problème, le joueur en question dément tout. Il ne connaît pas cette femme. Ce qui est d’ailleurs le cas de tout le monde : les entretiens avec Alexandra Paressant ont toujours lieu par téléphone. Un simple coup d’oeil sur le site que lui consacre un admirateur suffit à réaliser l’absurdité de la chose : on y trouve de belles photographies certes, mais des photographies de différentes demoiselles. En France, l’hebdomadaire Public tombe dans le piège en publiant une photo d’une ancienne hôtesse du Juste prix.
Mythomane ? Virtuelle ? Alexandra Paressant est une énigme, d’autant qu’une enquête menée par le magazine So Foot dévoile autour d’elle une équipe de complices digne d’un mauvais casting de série télé : le marlou Christian Sabba Wilson, pseudo-directeur de sociétés d’événementiel, l’agent Olivia Ducreu, passée maître dans l’art de fournir des (faux) scoops aux tabloïds quelques minutes avant leur bouclage, ou encore l’ex-lofteur Fabrice.
Le verdict finit par tomber. La jeune femme est en fait originaire du Creusot, et s’est inventé une vie : un contrat avec l’agence Elite, une attachée de presse et même un profil MySpace truffé de fausses photographies ou de témoignages fictifs de joueurs professionnels.
Dans un entretien avec Jérôme Jessel, reporter à VSD s’étant penché sur les relations entre sexe et football dans le livre Sexus Footballisticus (2007, aux éditions Danger public), la miss évoque ainsi des relations avec Grégory Coupet, Ronaldinho et Thierry Henry. Tout est faux, mais ça fonctionne. Aux Etats-Unis, elle parviendra à lancer la rumeur d’une liaison avec Tony Parker, quelques semaines après les noces du basketteur et de l’actrice Eva Longoria.
Banalisation des partouzes après les compétitions
Les footballeurs professionnels multiplient les frasques sexuelles, mais on peut en dire autant de bien des sportifs de haut niveau. On se souvient de Tiger Woods en cure de désintoxication sexuelle après la révélation de sa liaison avec une ancienne actrice de films X d’Atlanta. Dans Sexe, mensonges et petits vélos, une fiction inspirée de faits réels, Willy Voet, ancien soigneur des équipes cyclistes Flandria, RMO et Festina, évoque la banalisation des partouzes après les compétitions.
Le sport de haut niveau engendrerait-il des besoins sexuels plus importants ? Possiblement, selon Patrick Vassort, maître de conférence à l’université de Caen, sociologue, docteur en sciences politiques et auteur en 2002 de Football et politique, sociologie historique d’une domination.
« Les besoins sexuels des footballeurs sont d’autant plus importants qu’ils sont souvent dopés et subissent les effets secondaires de la prise d’anabolisants et d’EPO. Ces produits créent des besoins, modifient de façon substantielle leurs besoins libidinaux.
Et puis il y a chez les footballeurs des relations au corps qui ne sont pas celles de Monsieur Tout-le-monde. Le corps est un objet, un outil, puisque c’est lui qui permet d’obtenir des performances. Bien souvent, le sportif ne voit pas de problème à la nudité, il s’expose facilement. Regardez les calendriers. »
Il a beau s’exposer facilement, le joueur de foot, surtout s’il est en activité, ne parle pas de sexe. On en a contacté une dizaine : aucun n’a voulu répondre sur le sujet.
« Vous n’aurez rien. On leur demande de ne pas parler de ce sujet aux journalistes, confirme Jennifer Mendelewitsch, agent de joueurs et auteur de la biographie de Domenech, Hors-jeu. Généralement, les joueurs ne s’expriment pas très bien et n’ont pas l’habitude de parler d’autre chose que du football. Les dérapages sont assez fréquents, alors on leur dit de se taire. »
Se taire, d’autant que les potentielles glissades sont aussi nombreuses que les tentations autour des joueurs.
« Les joueurs sont précoces dans tous les sens du terme. Ils commencent leur carrière à 16 ans et la terminent à 30. Ils ont déjà un salaire à 16 ans. Ils peuvent s’acheter ce qu’ils veulent très tôt. En général, ils sont mariés et ont également des enfants très tôt. Ils ont d’un côté leur vie de famille, de l’autre leur vie de joueur, avec les infidélités, les prostituées…
Dès leur plus jeune âge, les tentations sont fortes : des filles les attendent devant le club pro, à la sortie de l’entraînement. Des filles les attendent en boîtes de nuit après les matchs. Avec autant d’occasions, n’importe qui ferait certainement de même. »
« Des Zahia on en compte plein »
Lorsque Bernard Tapie n’apporte pas « le matos », les footballeurs vont le trouver sur place. Lors des soirées dites de « dégagement », les joueurs se rendent dans des clubs parisiens à peine sortis de la douche : le Pink Paradise, le Hustler Club, Le Milliardaire ou encore La Suite sont pleins à craquer de jeunes filles fort conscientes des porte-monnaies ambulants que représentent ces jeunes sportifs en rut. Dans un récent entretien accordé aux Inrocks, un joueur du championnat de France témoignait :
« Dans ces clubs, les relations entre les joueurs et les filles sont assez informelles. Ce ne sont pas des prostituées classiques avec des tarifs affichés mais des filles qui tournent autour des joueurs, des clubs. Elles ont une aventure avec un joueur, il leur donne de l’argent… Après, elles passent à un autre joueur. »
Et Mendelewitsch de confirmer:
« Des Zahia, on en compte plein. Il y a eu un scandale parce qu’elle était mineure. Mais ça n’a rien d’exceptionnel que des joueurs se soient tapé des putes au cours d’une soirée en boîte. »
D’autres cherchent plus qu’une aventure d’un soir. Au Brésil, on les appelle les « Maria-Chuteira », littéralement les « mariecrampons » : des filles prêtes à tout pour séduire les joueurs professionnels et, surtout, oublier leur pilule. Enceintes, elles s’assurent ainsi une existence prospère, divorce ou non. En somme, elles jouent simultanément la maman et la putain.
Pour éviter le piège, une solution : la vasectomie, à laquelle aurait eu recours le Brésilien Ronaldo, prenant soin tout de même de faire congeler son sperme pour sa retraite (annoncée pour 2011). Chacun sa revanche donc : aux compagnes des joueurs, le sexe assure un avenir financier radieux. Aux joueurs, ce défilé de filles canons et de conquêtes faciles apparaît comme une récompense, une médaille.
Avant les passements de jambe, la plupart des joueurs ont grandi dans des milieux pauvres et n’étaient pas forcément les plus populaires à l’école. « Lorsque Ribéry (qui, comme Karim Benzema, a été mis en examen le 20 juillet dans le cadre de cette affaire – ndlr) a une relation sexuelle avec Zahia, il se l’offre comme un cadeau d’anniversaire, explique Patrick Vassort, et il partage le cadeau avec ses collègues. Ainsi, on limite aussi les risques que l’affaire s’ébruite : s’il n’y a qu’une prostituée pour trois ou quatre joueurs, pas quatre, on risque moins le déballage public. L’argent fait office de contrat : on achète le silence. »
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