D’aménagement urbain en innovation agricole, Rennes multiplie les récompenses écolos. Alors que la liste EE-LV Parti de gauche devrait être qualifiée au second tour, les candidats aux municipales multiplient les propositions vertes.
Derrière les grandes grilles bleues du cimetière de l’Est se cache une petite révolution écologique. Depuis 2012, les jardiniers rennais suivent à la lettre la méthode “zéro phyto”, qui proscrit l’utilisation de pesticides pour désherber les tombes. Exit les phytosanitaires qui s’infiltrent dans le sol, contaminent les eaux souterraines, et les tenues de cosmonautes qu’arboraient les agents d’entretien pour se protéger des désherbants nocifs. Désormais, comme dans les autres espaces publics de la ville, on privilégie des techniques plus respectueuses de l’environnement comme le sarclage manuel ou le désherbage thermique.
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Rennes multiprimée
Ce changement presque anecdotique a permis à Rennes de recevoir le label Ecojardin. En novembre, c’est le service d’assainissement d’eau qui était récompensé par le label Aquaplus. Depuis une dizaine d’années, la ville enchaîne les bons points : première à mettre en place des vélos en location gratuite, première aussi à tester des composteurs collectifs au pied des immeubles, et dans le top des villes qui jettent le moins d’ordures ménagères (220 kg annuels par habitant contre 245 kg à Nantes et 295 kg à Montpellier).
Par ailleurs, près de 200 foyers soutiennent une trentaine d’agriculteurs via des Amap, et 60 % des terres aux alentours sont encore cultivées ou strictement protégées pour leur intérêt environnementale. La mairie a même un œil sur “Rennes ville vivrière”, une étude menée par des étudiants d’Agrocampus qui stipule que la ville peut déjà être couvrir les besoins de ses habitants pour les produits laitiers et la volaille. Mieux : le développement de l’agriculture locale, soit les 34 000 hectares actuellement cultivés et les 2810 hectares de jardins et d’espaces verts en zone urbaine, pourrait créer 3000 emplois.
“Si une ville verte se définit par un cadre de vie agréable, une ville à taille humaine, des espaces verts gérés durablement, des déplacements doux facilités, alors oui, Rennes est plutôt une ville verte”, résume Simon Marois du groupe local Greenpeace au Mensuel de Rennes.
Les candidats proposent tous un programme vert – sauf le FN
Avec un tel bilan, pas étonnant que les écologistes percent dans la capitale bretonne. En 2009, ils arrivaient ainsi en tête des européennes loin devant l’UMP (21,46 %) et le PS (20,48 %). En 2010, la liste Europe Ecologie-Les Verts rassemblait 22,88 % des suffrages au second tour. En 2012, Eva Joly récolte 5,03 % des voix – son moins mauvais score dans les grandes villes françaises. Pour Jérôme Fourquet et Sarah Alby de l’Ifop, Rennes est l’archétype de la ville écolo-compatible : administrative, universitaire, et tournée vers l’Europe.
“Dans les terres pro-européennes, la matrice de la deuxième gauche demeure puissante et nourrit ce vote écologiste, analysent-ils dans un rapport de l’Ifop sur le vote écolo. Ce sur-vote écologiste dans les grands centres urbains est historiquement encore plus prononcé dans les villes universitaires où les professions intellectuelles et les étudiants sont nombreux. A cela s’ajoute également le fameux vote ‘bobo’ dans certains quartiers aisés et branchés des grandes métropoles.”
Alors que la liste EE-LV-Parti de gauche serait qualifiée au second tour, les candidats aux municipales multiplient les propositions écolos. Ainsi de Bruno Chavanat, le candidat UMP, qui entend rassembler droite sociale et droite réactionnaire autour d’un projet où l’écologie est centrale. Développement du vélo “sans faire la guerre à la voiture”, développement de la nature en ville en aménageant les berges de l’Ille et de la Vilaine et en créant des jardins partagés… Autant de mesures également abordées par la candidate socialiste Nathalie Appéré qui prône une “approche durable”. Il n’y a que le FN qui n’aborde pas la question écolo.
“L’écologie, ce n’est pas seulement des bus et des voitures électriques”
“Le problème, c’est que les politiques veulent constamment faire et refaire l’existant, râle Mistral Oz, numéro 2 de la liste citoyenne Rennes Alternative où l’on trouve quelques décroissants. Par exemple, on a refait la gare il y a 10 ans, et là on s’apprête à la refaire pour créer EuroRennes”. Oz dénonce aussi les bâtiments datant des années 1970, très gourmands en énergie (83 % de la consommation d’énergie du secteur habitat est absorbé par le parc privé).
Si le PS encourage les travaux de rénovation thermique de ces logements, Oz considère qu’il faudrait raser les barres d’immeuble pour enfin penser des “logements durables”. “L’écologie, ce n’est pas seulement mettre en place des bus et des voitures électriques. Il faut repenser la ville en rapprochant les entreprises des habitations, créer des clusters autour de la rénovation thermique…, pointe Mistral Oz. C’est tout un système de pensée qu’il faut renouveler.”
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