Installé sur les berges de Saône, ce lieu culturel s’inscrit dans la transformation du quartier Confluence. Un immense projet urbain lancé et cajolé par le maire de la ville.
Avec une terrasse de 400 mètres carrés, le Sucre a de quoi déplacer les foules. Perché sur le toit de la Sucrière – l’ancienne sucrière du port Rambaud – devenue un lieu emblématique de la culture lyonnaise, investie il y a quelques années par la première édition des Nuits sonores et lieu d’accueil de la Biennale internationale d’art contemporain, cet unique rooftop de Lyon accueille, depuis juin 2013, un tout nouvel espace de vie, de nombreux concerts, soirées clubs, conférences et brunchs.
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Avec 70 000 visiteurs depuis son ouverture, le directeur parle d’un “miracle”. “Souvent les gens nous comparent à la Nuba à Paris ou à la Wonderlust à Berlin… En très peu de temps, on a réussi à trouver notre place au niveau européen”, se félicite Vincent Carry, directeur du Sucre, également conseiller artistique à la Gaité lyrique.
De Laurent Garnier à London Grammar en passant par Erol Alkan, John Talabot, Gesafelstein ou Marcel Dettman, des très nombreuses têtes d’affiche ont d’ores et déjà foulé la scène du Sucre. “Nous voulons être un acteur culturel local, métropolitain et international connecté”, insiste Vincent Carry. Entouré d’immeubles design, dessinés par les plus grands architectes du monde tels que Jean Nouvel, le Sucre a choisi de s’implanter dans le quartier Confluence. Un territoire en devenir, situé entre le Rhône et la Saône, qui abrite notamment le siège du quotidien Le Progrès, les bureaux du Conseil régional, d’EDF et très prochainement ceux de la chaîne Euronews.
La plus grande mutation urbaine d’Europe de centre-ville, lancée en 2006 par le maire socialiste Gérard Collomb. Egalement sénateur et président de la communauté urbaine, collectivité qui finance en grande partie le projet, le maire a fait de ce chantier urbain un projet personnel. Quitte à négliger l’avis de certains, il cajole ce que certains élus surnomment son “bébé”.
Un immeuble à énergie positive
Il y a encore dix ans, les 150 hectares du quartier n’étaient qu’un immense no man’s land. Une friche industrielle squattée par des camions de prostituées et les routiers du marché de gros de la ville. Aujourd’hui, l’objectif du projet est d’étendre le centre-ville et de transformer la Confluence en lieu de travail, de vie et de loisirs. En faire un écoquartier où l’usage de la voiture est limité et où les espaces verts sont nombreux. Un quartier où la mixité sociale serait un exemple pour la ville – le projet compte 30 % de logements sociaux.
Et pourtant, la Confluence est déjà l’un des quartiers les plus chers de Lyon. En 2010, lorsque les premiers immeubles sortent de terre, la Confluence devient le premier quartier de France à être labellisé par le Fonds mondial pour la nature. Un quartier durable qui se veut un exemple en terme d’énergie renouvelable. D’ici quelques années, la Confluence abritera même le premier immeuble à énergie positive. Pour le moment, seuls 3 000 habitants ont investi les lieux.
Beaucoup de retraités et de professions intellectuelles ont été séduits. C’est le cas de Catherine, professeur de géographie en classe préparatoire. Il y a quatre ans, cette pionnière a emménagé dans un appartement cosy avec vue sur l’eau, jardin d’hiver et grande baie vitrée. Charmée par l’idée de vivre “dans un quartier qui se construit”, la quinqua ne regrette pas son choix. “Il y a une mixité sociale et géographique. Ce n’est pas un dortoir car il y a une vraie vie d’immeuble mais pas vraiment une vie de quartier pour le moment”, explique-t-elle.
“Un quartier vitrine”
Car si la Confluence est un bel exemple de ville du futur, le quartier a encore beaucoup à faire pour se construire une âme. “Alors qu’il n’y avait rien, on veut aujourd’hui en faire un quartier de centre-ville dense, équilibré en terme d’activités qui génère des emplois et des services. Mais on s’aperçoit un peu plus chaque jour que ça prendra du temps”, lance Denis Broliquier, maire UDI du secteur. “La Confluence est plus un quartier vitrine qu’un quartier à vivre”, poursuit-il.
Installé depuis trois mois sur les bords de la Saône, Pierre Bobino, directeur de la Maison de la jeunesse et de la culture se veut plutôt confiant. Il sait que c’est ce genre de lieu qui favorisera la vie de quartier. “L’eau et la verdure donnent à la Confluence une dimension ultra humaine. Il est en gestation mais les gens commencent à se l’approprier”, indique-t-il. Ainsi sur ses 1 500 adhérents, les habitants de la Confluence, sont passés en un an, de 2 à 10 %. De quoi rassurer les plus pessimistes.
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