La ville des Trans reste fidèle à sa tradition festive et culturelle, grâce au dynamisme de ses habitants et à la richesse du tissu associatif.
Thibault Doray, batteur de Juveniles : “On n’a jamais ressenti le besoin de bouger à Paris”
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On est arrivés à Rennes en 2006 pour nos études, attirés par l’aura rock de la ville. On a d’ailleurs rapidement déserté les bancs de la fac pour se consacrer à notre musique. J’ai rencontré Jean-Sylvain, le chanteur de Juveniles, dans un bar alors qu’on jouait dans des formations différentes. On a vraiment décollé grâce à l’assoce des Trans Musicales, qui gère à la fois le festival en décembre et l’Ubu, où les groupes locaux font des résidences.
Les Trans accompagnent chaque année des groupes locaux du Grand Ouest (Caen, Nantes, Brest, Angers…), à qui ils proposent des résidences à l’Ubu, ou qu’ils font jouer pendant la tournée du festival dans les Smac de la région (scènes de musique actuelle). C’est ce qui nous a permis de développer le live et de rencontrer nos partenaires. On en est très fiers, d’autant qu’il y a une vraie famille de musiciens qui s’est développée autour des Trans avec les Popopopops, O’Safari, Mermonte… On répète aux mêmes endroits, on joue sur les mêmes plateaux. C’est ça qui est chouette !
Il y a toujours un tissu underground à Rennes, malgré la fermeture de quelques bars du centre-ville comme le 1929. Par exemple, il y a notre bastion le Melody Maker, très garage, ou le Mondo Bizarro, plutôt punk, qui organise des concerts tous les jours. Il y a aussi des super structures comme l’Antipode ou le Jardin moderne et un tissu associatif très dense, le tout soutenu par la Région et la ville. Nous-mêmes, on a été aidés pour monter notre structure de production afin de réaliser le premier album. Notre projet était entièrement prêt quand on a signé une licence de distribution avec Universal. On n’a jamais ressenti le besoin de bouger à Paris. Peut-être que si on y était allés, on aurait été noyés dans la masse.
Guillaume Léchevin, directeur du Jardin moderne : “Les décisions politiques commencent à porter leurs fruits”
Le Jardin moderne existe depuis 1998. C’est un lieu axé sur la pratique de la musique et l’accompagnement des musiciens et des porteurs de projets. On héberge 14 associations de toute l’agglomération rennaise, et on reçoit à la fois artistes amateurs ou professionnels, managers, tourneurs… Beaucoup de projets naissent chez nous à la faveur de ces rencontres. Mais nous n’avons pas la capacité de répondre à toutes les sollicitations. Pour réserver un local de répétition, il faut souvent s’y prendre deux mois à l’avance et nous sommes ouverts du mardi au dimanche !
Il existe un débat récurrent sur le manque de salles de concert à Rennes. Mais malgré l’absence de Zénith, il existe des lieux comme l’Ubu (500 places), l’Antipode (600 places, qui disposera d’un nouveau batiment dans 3 ans), la salle de la Cité (1 000 places), le Liberté (3 000 à 4 000 places), et les Transmusicales qui utilisent le parc des expositions (jusqu’à 9 000 places). Pour une agglomération de 400 000 personnes, ce n’est pas vilain ! On manque surtout de lieux de création et de pratique, c’est ce qu’il faut développer.
Ceci dit, des choix politiques commencent à porter leurs fruits. D’abord, la métropole s’est dotée d’un projet culturel pour mutualiser les ressources. C’est un changement d’échelle qui correspond plus à la réalité. Et surtout, Rennes a lancé un dispositif Solima pour réunir l’Etat, les collectivités, et tous les acteurs de la musique pour définir de nouvelles orientations pour les musiques actuelles. La concertation ne vient que de commencer, on devrait bientôt aboutir à des projets expérimentaux. La question de la coopération est prioritaire, surtout dans un contexte de réduction des coûts aussi morose. Tout n’est pas rose mais nous allons dans le bon sens.
Anne Langlois, directrice de la galerie associative 40mcube : “les artistes ont besoin de plus d’espace”
La scène rennaise de l’art contemporain s’est beaucoup enrichie ces dernières années, notamment grâce à l’arrivée de nouvelles personnes comme Anne Dary au musée des Beaux-Arts ou Sophie Kaplan au centre d’art municipal la Criée, avec l’ouverture du nouveau Frac et notre confortation dans nos locaux. Les collaborations ont été dynamisées, comme l’exposition Archeologia dont nous avons assuré le commissariat en collaboration avec le Frac, le musée des Beaux-Arts et le musée de Géologie. Avec la biennale d’art contemporain, deux centres culturels dans les quartiers, des galeries comme Oniris, des lieux dédiés à l’édition comme Lendroit ou le Cabinet du livre d’artistes, des ateliers d’artistes comme le Vivarium ou le 126, le tout doublé par des activités de recherche menées à l’université, aux Archives de la critique d’art et à l’Ecole européenne supérieure d’arts de Bretagne, dont sont issus par exemple Daniel Dewar et Gregory Gicquel (lauréats du prix Marcel Duchamp 2012), Aline Morvan, Wilfrid Almendra… tous les ingrédients sont là pour créer une scène de l’art contemporain très dynamique.
Si le dernier mandat politique a conforté les institutions d’autres initiatives ont besoin d’être portée, et l’ensemble doit être valorisé.
Quelle est l’ambition culturelle de Rennes? Il faut intégrer les artistes aux niveaux décisionnels et penser à leurs besoins dans une ville où l’immobilier reste élevé, même s’il existe des ateliers municipaux, on nous demande des ateliers tous les jours ! Symboliquement, il faut aussi passer du stade de soutenir les projets à les porter, ce qui passe par des moyens supplémentaire, l’art contemporain restant un secteur qui fait beaucoup avec des moyens réduits, mais aussi plus d’espace, plus de communication…
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