En mars, à Austin (Texas), se tient chaque année le South by Southwest (SXSW), le festival des start-up. C’est là, entre rumeurs délirantes, remise des Interactive Awards et open bars déjantés que s’invente le futur.
South by Southwest (SXSW) est né il y a vingt-cinq ans sous la forme d’un festival de musique devenu incontournable. Aujourd’hui, les Strokes ou Jay-Z s’y succèdent encore entre deux groupes indés qui prennent d’assaut la ville. Une section web ainsi qu’une sélection de films s’y sont greffées depuis 1994. Selon les organisateurs, SXSW Interactive, devenu le rendez-vous branché de l’innovation, serait désormais le plus important du genre et aurait éclipsé les fans de musique avec près de 15 000 participants l’an dernier. Pas un hasard si Twitter et Foursquare y ont été lancés. Le downtown de la capitale texane transformé en “startlandia” accueillait cette année une foule suréquipée, avec un ratio d’un iPad par festivalier, se moquait le Guardian.
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Les incontournables théoriciens du web 2.0, Clay Shirky, Evgeny Morozov, Violet Blue – qui, pour sa part, officie depuis San Francisco sur l’intersection du sexe et de la technologie –, ont participé aux conférences aux intitulés parfois intrigants tel “Falling in love with a bot” (“tomber amoureux d’un programme automatisé”). Comme toute convention qui se respecte, SXSW sert d’abord de cadre aux annonces et aux sorties : le lancement de l’iPad 2 a ainsi été habilement orchestré par Apple dans des boutiques éphémères rapidement dévalisées, pendant qu’Internet Explorer organisait la sortie publique de IE9, sa version 9, au milieu du festival.
Du côté du “LOL participatif”, Christopher “Moot” Poole du forum 4chan a annoncé le lancement de Canvas, réseau antisocial de mash-up d’images, tout en prêchant les vertus de l’anonymat et de la glande collective en ligne. Quant au lancement attendu de Circle, le réseau social de Google, il n’aura été que rumeur, démentie (pour l’instant) par la firme.
Plusieurs thèmes ont dominé les conversations, de la neutralité du net au “game layer” (strate ludique) : la gamification, ou stimulation par le jeu de la motivation individuelle et de la participation (comme donner des badges en récompense sur Foursquare ou permettre l’accès aux offres Groupon aux participants les plus rapides), pourrait changer le monde, a soutenu Seth Priebatsch, CEO du site de jeu mobile SCVNGR.
SXSW peut surtout compter sur une masse critique de technophiles réunis pour tester et en découdre avec ces start-up. Le “géosocial”, combinant la géolocalisation et les applications sociales, a pris le dessus cette année, principalement par le biais de la messagerie de groupe, qui s’est imposée comme la tendance 2011.
Récompensé par un Interactive Award, GroupMe instaure la fonction Reply All pour textos. On connaissait déjà l’application de messagerie instantanée Kik : Fast Society, Yobongo, Hashable ou encore Beluga (ce dernier, récemment acquis par Facebook, et testé par nos soins sur place), sont autant d’outils de coordination qui permettent d’échanger à plusieurs via smartphone et de se retrouver.
Foursquare, la star de 2010, a battu durant ce week-end son record avec 2,5 millions de check-in sur place. Dennis Crowley, son jeune cofondateur, en a lancé la version 3.0 : la base de données de lieux accumulés par Foursquare sera disponible pour les utilisateurs du site et aux développeurs, ce qui ouvre de nouvelles possibilités de recommandations et des opportunités business. Il a annoncé à l’avenir davantage d’interactions et d’offres locales, sur le modèle de Groupon, le site d’achats groupés qui inspire également Places, le service de géolocalisation de Facebook (Facebook Lieux).
Par ailleurs, on utilisera de plus en plus le téléphone pour scanner la réalité, a souligné Denis Brulé, le cofondateur de Moodstocks qui était du voyage avec le pôle de compétitivité français Cap Digital. Pendant le SXSW, Austin reste essentiellement un lieu de rencontres et d’émulation technologique, faisant l’apologie d’un entrepreneuriat festif. A l’heure où la ville entière se transforme en open bar géant avec ses soirées sponsorisées, c’est dans les vapeurs alcoolisées, entre deux tacos, que s’imaginent les start-up de demain. Cheers.
Clémentine Gallot (à Austin)
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