Des scientifiques américains et australiens ont réussi à rajeunir des muscles de souris grâce à une molécule produite par l’organisme. Et font renaître le mythe de la jeunesse éternelle.
On en est au rafraîchissement de la nuque, on a déjà trempé un doigt de pied dedans, mais des chercheurs s’apprêtent à nous plonger dans la fontaine de jouvence. Dans la revue Cell, David Sinclair, le chef d’une équipe de l’université d’Harvard, a présenté les résultats incroyables d’une expérience menée sur des souris. Une molécule appelée NAD, produite par le corps et présente dans toutes les cellules, diminue avec l’âge. La baisse du niveau de cette molécule est en partie responsable du processus de vieillissement. Les scientifiques ont donc essayé d’augmenter la concentration de NAD dans les cellules de souris. Résultat : les muscles d’une souris de 2 ans, soumise à ce régime pendant une semaine, ont rajeuni d’un an et demi. L’équivalent pour un humain, selon les mêmes scientifiques, serait un sexagénaire qui retrouverait ses 20 ans.
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Dans sa nouvelle L’Etrange Histoire de Benjamin Button, Francis Scott Fitzgerald avait devancé la science. Benjamin naît à l’âge de 70 ans et parcourt la vie à rebours, avec le décalage et la souffrance que sa situation implique. A la maternité d’abord, où son père refuse de croire que ce vieillard mal à l’aise dans son berceau, bras et jambes pendant de part et d’autre, peut être son fils. Pauvre Benjamin Button qui passe pour vieux toute sa jeunesse, et pour un jeune garçon dont la bosse a bien peu roulé à la fin de sa vie.
Il n’y a qu’autour de ses 35 ans que tout se passe à peu près normalement, son âge et son expérience correspondant enfin à son physique. Mais il n’est qu’au sommet de la montagne russe, entre l’appréhension de la lente ascension et la frayeur de la descente vertigineuse. Si le principe découvert par les scientifiques d’Harvard se généralise, le mythe de l’éternelle jeunesse s’emparera de nous et on avalera notre gélule NAD au petit déjeuner le lendemain de nos 40 ans. Contrairement à la nouvelle de Fitzgerald, cette fois, ce ne sera pas un individu isolé, mais le monde entier qui aura 30 ans pour toute la vie. Rien ne distinguera plus le vieillard du jeune premier, le grand-père de son petit-fils.
Jeannie Longo n’impressionnera plus personne et l’on croisera dans les stades un perchiste ou un lanceur de poids nonagénaire. Des originaux ne se contenteront pas de l’âge moyen et cultiveront le physique d’un adolescent de 15 ans. D’autres, encore plus fantaisistes, refuseront la chimie et suivront le cours de leur vie en acceptant le lent déclin du corps. Les vieux, en trop bonne forme, ne s’enfonceront plus dans leur fauteuil au coin de la cheminée pour ressasser leurs souvenirs, ils ne se poseront plus, à 80 ans, pour tirer les leçons de leurs aventures. Bien trop occupés à cultiver leurs corps élastiques et vigoureux, délivrés de la rouille de leurs articulations, ils ne joueront plus aux sages avec les générations suivantes qui ne profiteront donc pas des astuces et conseils de leurs aînés. Cette jeunesse artificielle sera notre naufrage.
Pour aller plus loin: Le jeune David Sinclair explique les méthodes pour lutter contre le vieillissement au cours de la conférence TED de Sydney.
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