Depuis la fin d’Urgences, le genre est sinistré. La preuve avec la bruyante Miami Medical, signée Jerry Bruckheimer.
Dans la tête des patrons de chaînes américaines, la saison 2009-2010 devait être celle des séries médicales. La fin d’Urgences, disparue au printemps 2009 après quinze ans de mélo nappé d’hémoglobine, leur donnait en effet l’illusion que la voie était libre. Mais depuis, ces visionnaires surpayés se prennent claque sur claque. Normal, ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez recycleur de concepts usés jusqu’à la corde.
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Annoncée comme la “it-série” de l’automne, la bien nommée Trauma (NBC) commençait par un invraisemblable crash d’hélicoptère, et n’a pas trouvé beaucoup d’amoureux pour la suivre – elle attend un verdict d’annulation qui ne saurait tarder.
C’est dans ce contexte plombé qu’est arrivée, le 2 avril, Miami Medical (voir la vidéo), produite par Jerry Bruckheimer (Les Experts) et diffusée sur CBS.
Quoi de nouveau sous le soleil floridien ? Dès les premiers dialogues, un médecin explique, très sûr de lui, qu’ici “nous ne sommes pas aux urgences”. Bah non. Aux docs de Miami Medical, contrairement à leurs ancêtres du Cook County, on n’amène pas le tout-venant, mais les blessés très graves, ceux qui ont au mieux une heure à vivre devant eux au moment où ils franchissent les portes. “Ici pratiquent les Rolling Stones de la médecine”, clame un type sans sourciller.
Et les Beatles de la série télé ? C’est une autre histoire. Car Miami Medical se vautre sans aucune retenue dans la surenchère. Alors que certaines scènes (plutôt des idées de scènes) pourraient intéresser, la plupart des émotions ne sont qu’effleurées, au profit d’un brouhaha visuel et sonore sans queue ni tête.
Comme si on leur avait promis le peloton d’exécution s’ils ne donnaient pas assez de peps à la série, les acteurs se forcent à se parler d’emblée comme s’ils se connaissaient tous depuis dix ans. Un drôle de théâtre surjoué s’engage alors dans les couloirs de cet hôpital blafard et trop neuf. A se demander si les séries grand public US n’ont pas égaré le supplément d’âme qui rendait certaines d’entre elles passionnantes, malgré la concurrence des séries câblées sophistiquées.
Ou alors, peut-être que certaines ont accaparé ce supplément d’âme sans rien laisser aux autres. Car pendant que Miami Medical ne fait pas illusion une seule seconde, Dr House ricane dans son coin. Loin de toutes gesticulations, son héros misanthrope ne croit depuis cinq saisons qu’à la puissance de sa pensée. Et il a bien raison. Dans un autre style, plus minimaliste, Nurse Jackie a fait d’une infirmière accro aux médicaments son héroïne bouleversante. Les séries médicales ne sont donc pas complètement mortes, mais une chose est sûre : elles n’ont pas besoin de Miami Medical.
Photo tirée de la série Miami Medical
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