Ce n’est un secret pour personne. L’association anti-raciste SOS Racisme s’est toujours montrée très proche du Parti socialiste. Portant haut et fier la main jaune et le slogan “Touche pas à mon pote”, beaucoup de cadres du parti ont fait leurs armes dans ces manifestations contre les discriminations. On pense notamment aux fondateurs Julien Dray […]
Ce n’est un secret pour personne. L’association anti-raciste SOS Racisme s’est toujours montrée très proche du Parti socialiste. Portant haut et fier la main jaune et le slogan « Touche pas à mon pote », beaucoup de cadres du parti ont fait leurs armes dans ces manifestations contre les discriminations. On pense notamment aux fondateurs Julien Dray et Harlem Désir, aujourd’hui respectivement conseiller régional d’Île-de-France et secrétaire d’Etat en charge des Affaires européennes. Ou encore à son ancien président Malek Boutih, député de l’Essonne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mais pour la première fois, lundi 4 janvier, l’association s’est levée contre une proposition soutenue par les dirigeants du PS. Levée au premier sens du terme, et devant le siège du parti, rue de Solférino. Ils étaient environ 250 selon les organisateurs, dont une majorité d’étudiants, à s’insurger contre un projet qu’ils jugent discriminatoire : l’extension de la déchéance de nationalité envers les Français binationaux reconnus coupables d’actes terroristes. Il aura donc fallu ce débat lancé par François Hollande à la suite des attentats du 13 novembre, pour déssouder une amitié de trente ans.
Lire aussi – Gilles Kepel : « La déchéance ne dissuadera pas les djihadistes »
Une rupture historique
Les prémices du divorce sont apparues lundi 28 décembre, au micro d’Europe 1. Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, réagissait à la plaidoirie de Manuel Valls sur Facebook : « En quoi la déchéance de nationalité aurait un effet dissuasif sur les terroristes, qui sont capables de se faire sauter avec des ceintures d’explosifs ? », a-t-il pointé. « Tout le monde sait que ce n’est pas une mesure de protection ».
Déchéance de nationalité: quand la gauche trouvait la mesure “nauséabonde” et “dangereuse”
Une semaine plus tard, la manifestation rue de Solférino relève du symbole de l’ambiguïté des liens avec le PS du mouvement né en 1984, dans la foulée de la Marche des beurs. En 2003, Libération le qualifiait d' »annexe« . Il y a six mois, le journal L’Humanité se demandait » à quoi sert encore SOS Racisme ». Avant de résumer les critiques émises depuis trente ans envers l’association : « Outil de récupération piloté par le Parti socialiste pour les uns, officine et pompe à fric dévoyant la cause antiraciste pour d’autres. »
Le Point revient sur la réception à l’Elysée en 1986 des deux “potes” fondateurs, Julien Dray et Harlem Désir, par François Mitterrand. SOS Racisme a alors le vent en poupe. Coluche, Pierre Bergé ou encore Simone Signoret leur apportent notamment leur soutien.
« Mitterrand, ce n’est pas son histoire. La lutte contre le racisme n’a jamais été un engagement premier, mais, habile, il encourage le développement de ce mouvement de moins en moins spontané. Tout est bon pour crisper l’électorat de droite et fédérer la gauche. Un bon ciment »
La divorce historique, qui s’opère actuellement autour de la déchéance de nationalité, est une preuve éloquente de l’extrême crispation provoquée à gauche par la promesse de François Hollande. Véritable casse-tête pour l’exécutif et sa majorité, la mesure, maintenue dans le projet de révision constitutionnelle, sera débattue à partir du 3 février prochain à l’Assemblée nationale. Le pouvoir socialiste n’exclut d’ailleurs plus d’élargir cette loi à « tous les Français », afin de s’assurer une large majorité.
{"type":"Banniere-Basse"}