La catastrophe nippone pose une nouvelle fois la question d’une alternative au nucléaire. Mais la classe politique française n’est pas prête à s’affranchir du nucléaire.
Plébiscitée depuis les années 70 en France, l’énergie nucléaire a permis à la France d’être moins dépendante du pétrole, d’utiliser moins de charbon et de ne pas dépendre du gaz russe. Actuellement, le nucléaire fournit 80% de l’électricité française via 58 réacteurs sur les 443 actifs dans le monde (dont 55 au Japon).
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Le nucléaire représente tout de même une énergie à haut risque, comme le prouve la situation actuelle du Japon. D’après des scientifiques, la France pourrait aisément sortir du nucléaire d’ici à 2050, au profit de nouvelles énergies.
« A l’échelle de la planète, le nucléaire représente à peine 6% de la production totale d’énergie. C’est vraiment peu. On peut en sortir facilement », souligne Pierre Radanne, l’ancien président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dans Politis.
Si des solutions existent, la classe politique française ne semble pas pour autant prête à franchir le pas du renouvelable et se positionne, à l’exception des écologistes, presque unanimement sur un maintien du nucléaire.
« Pas question que la France sorte du nucléaire », déclarait le chef de l’Etat mercredi. Il a tout de même annoncé la mise en place d’un contrôle de sécurité dans toutes les centrales nucléaires françaises, notamment celle de Fessenheim, en Alsace, la plus vieille du pays.
Même son de cloche au Front national :
« Sortir du nucléaire, écoutez, que les choses soient claires, ça n’est pas possible », déclairait Marine Le Pen jeudi matin sur LCI.
Du côté des écologistes, la poursuite du nucléaire est vue comme une aberration. Nicolas Hulot affirme qu’« on ne peut pas remettre le sort de l’humanité dans une vulgaire et tragique roulette russe », et le réseau Sortir du nucléaire qualifie de « honteux » le discours de Nicolas Sarkozy sur le maintien du nucléaire.
Face à ces propos, une partie de la classe politique semble vouloir stigmatiser les militants verts. Marine Le Pen les met directement en cause :
« Notre parc nucléaire est vieillissant à cause des écologistes, il faut quand même le dire, qui ont freiné tout investissement dans la modernisation et dans la sécurisation de ces centrales nucléaires. »
Chez les socialistes, seule Aurélie Filippetti s’est positionnée contre le nucléaire. Selon elle, le PS « doit enfin changer de doctrine en matière de risque nucléaire et sortir d’une vision dépassée ».
Plusieurs pays européens ont de leur côté déjà pris des mesures. La Suisse a suspendu tout projet de renouvellement de centrales nucléaires, l’Allemagne a gelé son plan d’allongement de la durée de vie des centrales pour trois mois et l’Italie devrait organiser un référendum sur le sujet au mois de juin, à la suite d’une vague d’opposition au nucléaire dans le pays.
Christophe Behar, directeur de l’énergie nucléaire au commissariat à l’énergie atomique, déclare dans une interview au Nouvel Observateur que « les pays qui remettent en cause ces derniers jours le choix du nucléaire devront y revenir. »
« Ils n’auront pas le choix car ils doivent répondre aux mêmes impératifs que tous les autres. Aujourd’hui, je ne sais pas quelle autre source d’énergie peut, en dehors du nucléaire, répondre aux demandes énergétiques mondiales sans émettre de très grandes quantités de gaz à effets de serres », poursuit-il.
Jeanne Chaumier
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