Pour ce 1er Mai traditionnel où l’extrême droite française aime célébrer Jeanne d’Arc, Marine Le Pen a fait table rase du passé et des mesures anxiogènes de son programme. Exit l’étiquette FN, son patronyme ou bien encore la sortie de l’euro. Forte du soutien de Nicolas Dupont-Aignan, la candidate s’est présentée en héraut d’une « Alliance patriote et républicaine » face à Emmanuel Macron qu’elle a érigé en candidat du monde de la finance.
Depuis 1988, Jean-Marie Le Pen rend hommage à Jeanne d’Arc chaque 1er mai, place des Pyramides à Paris. A six jours du second tour de cette élection présidentielle, alors que son père se recueillait au pied de la statue en bronze doré de la “Pucelle d’Orléans”, Marine Le Pen, elle, tenait un grand meeting à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
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Du passé, faisons table rase
Ne faisant aucune mention de cette figure érigée en symbole du “refus de l’invasion étrangère” par l’extrême droite française, la présidente du FN s’est présentée en candidate “patriote” face au projet “mondialiste” d’Emmanuel Macron. Pendant que son père occupait laborieusement la rue et chantait a cappella Le Chant du départ, sa fille s’est évertuée à passer sous silence ce passé historique encombrant.
Premier à prendre la parole dans ce Parc des Expositions aux deux tiers vide, Nicolas Dupont-Aignan s’est ainsi contenté d’appeler sa nouvelle alliée par son prénom. Le Front national ? N’en parlons plus. S’appuyant sur le ralliement du leader de Debout la France et sur sa « mise en congé » de la présidence du FN, Marine Le Pen s’est présentée en héraut d’une “grande alliance patriote et républicaine”. Et pour donner du corps à cette plate-forme électorale encore maigrelette, la candidate a remercié Bruno North, président du CNIP, “plus vieux parti de France”, pour sa présence. Mais aussi l’ancienne conseillère souverainiste de Jacques Chirac, Marie-France Garaud, “une grande dame”, qui s’est prononcée en sa faveur.
Plus un mot sur la sortie de l’Euro
Après une campagne relativement calme en 2002, Jean-Marie Le Pen avait transformé son discours en “match de boxe” en multipliant les piques contre les “cocus” et les “gogos” de la gauche, prêts à voter pour Chirac le “Supermenteur”. Marine Le Pen a cette fois épargné ses adversaires battus du premier tour, Jean-Luc Mélenchon et François Fillon. L’objectif ? Séduire les deux électorats entre lesquels elle refuse de choisir mais aussi faire monter l’abstention alors qu’Emmanuel Macron a multiplié les piques contre Jean-Luc Mélenchon, Jean-Christophe Cambadélis ou bien encore François Baroin. A titre d’exemple, sous l’effet conjugué du manque de consignes de la part de leur leader et des attaques du candidat d’En Marche!, le taux d’abstention des électeurs Insoumis a bondi ces derniers jours de 23 à 45% pour le second tour.
Dans la grande moulinette du rassemblement “patriote et républicain”, la sortie de l’euro a également été passée sous le tapis. Durant une heure, Marine Le Pen s’est bien gardée de mentionner cette mesure qu’elle sait relativement anxiogène, notamment auprès des retraités.
“La France qui se lève tôt” face au monde de la finance
#Présidentielle Le Pen s'attaque au "monde de la finance" : "Cette fois il a un nom, il s'appelle Emmanuel Macron" https://t.co/h8hgOiEFFX pic.twitter.com/AFM9ei6PMI
— franceinfo (@franceinfo) May 1, 2017
L’essentiel de son discours a consisté à attaquer Emmanuel Macron qu’elle a réduit à son parcours au sein de la banque Rothschild et à son expérience auprès de François Hollande. “Aujourd’hui, l’adversaire des Français, c’est toujours le monde de la finance, a lancé Marine Le Pen en parodiant le discours du candidat Hollande qui faisait de la finance son « adversaire » en 2012. Mais cette fois, il a un nom, un visage, un parti et il présente son candidat : c’est Emmanuel Macron”. Elle lui a d’ailleurs ordonné d’annoncer le nom de son futur Premier ministre afin de savoir “à quelle sauce il veut manger les Français”.
La candidate du FN s’est évertuée à le présenter comme un candidat hors sol, déconnecté de la réalité quotidienne des Français, ce qu’elle s’efforce de faire depuis la fin du premier tour. Face au “fêtard de la Rotonde”, elle s’est affichée comme la candidate de “la France qui se lève tôt” comme Nicolas Sarkozy en 2007. Malgré son enfance bourgeoise passée à Montretout, cet angle d’attaque pourrait s’avérer efficace lors du débat d’entre-deux tours ce mercredi. Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, si 54% des Français la jugent plus “inquiétante” que son adversaire, 36% continuent de penser qu’elle connaît mieux les préoccupations des Français (contre 20% pour Emmanuel Macron).
Alors qu’il y a quinze ans, la Fête du Travail s’était transformée en gigantesque parade contre Le Pen avec un million de personnes dans toute la France, dont 500 000 environ à Paris, force est de constater que Marine Le Pen ne suscite pas la même mobilisation. Avant même le résultat du second tour de la présidentielle, la présidente “en congé” du FN a donc gagné une partie de son pari. Suffisant pour l’emporter ? Rien n’est moins sûr. Un nouveau sondage OpinonWay-ORPI place Emmanuel Macron en tête avec 61% des voix contre 39% pour elle.
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