Remarquée grâce à son projet “Cliteracy”, ode au clitoris à la fois pédagogique et fun, l’artiste Sophia Wallace rempile avec “Over and Over and Over”. À la lumière de lettres de néon, cette jeune femme prometteuse de l’art féministe et queer est bien décidée à dissiper l’obscurantisme qui pèse encore et encore autour de la sexualité féminine. […]
Remarquée grâce à son projet « Cliteracy », ode au clitoris à la fois pédagogique et fun, l’artiste Sophia Wallace rempile avec « Over and Over and Over ». À la lumière de lettres de néon, cette jeune femme prometteuse de l’art féministe et queer est bien décidée à dissiper l’obscurantisme qui pèse encore et encore autour de la sexualité féminine.
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Le cheval de bataille de l’artiste New-Yorkaise ? Se faire le héraut de la connaissance du corps de la femme, et plus particulièrement son clitoris. Rappelons que ce n’est qu’en 1998 qu’une urologue a établi l’anatomie complète cet organe féminin, soit 29 ans après que le premier homme ait marché sur la lune. Et dans l’imaginaire populaire, l’ignorance et les tabous autour d’une partie du corps partagée par la moitié de l’humanité ont la vie dure. Au débotté, citons la croyance en l’orgasme vaginal, qui serait un mythe. Aussi, à la différence des seins, des fesses et de l’image d’un vagin pénétré, le clitoris, appendice le plus innervé (de l’ordre de huit mille terminaisons nerveuses) du corps humain est très peu sexualisé. Sophia Wallace s’indigne de cette réalité : « C’est comme si on représentait la sexualité masculine sans parler du pénis ! »
Dès 2013, Sophia Wallace s’est donc donnée la mission de combattre l’illettrisme ambiant sur le sujet, avec son projet « Cliterracy » (contraction de « Clito » et « litteracy », qui signifie alphabétisation). Rapidement devenu viral, le projet mêlait installations, performance et ligne de vêtements. On se souvient notamment des aspects les plus fun, tels que le rodéo sur clito géant quasi phallique (mais formellement fidèle à la réalité anatomique) et les T-shirts imprimés « Solid Gold Clit ».
Parce que la pédagogie est l’art de la répétition, Sophia Wallace a intitulé sa nouvelle exposition « Over and Over and Over ». Sur les murs de la galerie Catinca Tabacaru, à Brooklyn, dans le lower east side, la New-Yorkaise présente une série de punchlines formés de petites lettres de néon colorés, afin de jeter la lumière sur les stéréotypes, la culpabilité, et la méconnaissance qui pèsent encore et toujours sur la sexualité féminine en général.
Photographe de formation, la jeune artiste a pourtant choisi d’utiliser non l’image mais les mots pour transmettre son discours. « L’histoire de l’art et notre culture visuelle est saturée par l’exposition du corps de la femme. Malgré cette omniprésence, l’expérience de vivre dans ce corps est largement non représentée » , confie t-elle au magazine Broadly. Par l’emploi de la matière mot, l’artiste souhaite éviter un risque inhérent à la photographie : celui de réduire la femme à un objet de désir. Le langage devient médium de la conscience de la peau qu’une femme habite.
Côté inspirations, Sophia Wallace dialogue autant avec la pop culture avec des références à Notorious B.I.G, qu’avec la spiritualité, en exposant une phrase tirée d’un manuscrit gnostique du premier siècle, lequel affirme que Dieu est une femme à la fois glorieuse et humiliée, regroupant toute la complexité de la féminité.
Jusqu’au 24 juin, Catinca Tabacaru’s Galery, 250 Broome Street, New York
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