Le hérisson mythique de Sega revient enfin dans un jeu à la hauteur de sa légende.
Beaucoup de gamers avaient fini par se résoudre à sa disparition. Relégué au rang d’icône déchue, Sonic ne sprintait plus que dans une série d’animation sur Gulli. De déception en titre raté, les fans de la licence avaient arrêté de croire à la résurrection vidéoludique de la mascotte de Sega. Pourtant, pour la première fois depuis des lustres, le hérisson bleu fait de nouveau parler de lui, manette en main.
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Sorti le 15 août, le jeu Sonic Mania a reçu une pluie de critiques élogieuses. Une première depuis plus de quinze ans. Pour retrouver le succès d’antan, Sega est revenu à ses fondamentaux : la 2D. Sonic Mania est un revival rétro des jeux en scrolling horizontal qui avait érigé le petit animal ultrarapide au rang de star.
Le projet “Vaincre Mario”
Au début des années 1990, la guerre des consoles fait rage entre Sega et Nintendo. Pour contrer son sempiternel rival et son emblématique Mario, la marque japonaise se cherche une icône moins désuète qu’Alex Kidd. Le département recherche et développement de Sega baptise ce projet “Vaincre Mario”. Avant que “Mr. Needlemouse” (son premier nom de code) ne fasse l’unanimité, d’autres animaux sont suggérés.
“Ils ont pensé à un lapin ou à un bulldog mais le hérisson permettait de matérialiser l’idée que le personnage devenait offensif en se roulant en boule, grâce à ses piquants, raconte William Audureau, coauteur d’une Histoire de Sonic the Hedgehog (Pix’n Love). L’ironie d’un hérisson supersonique a par ailleurs amusé l’équipe.” La couleur bleue identique à celle de Sega est le signe que Sonic est devenu son porte-étendard face au plombier rouge de Nintendo.
Plus qu’un personnage de jeu vidéo, Sonic devient une icône pop qui incarne son époque. Il est partout
Le hérisson bleu voit officiellement le jour en 1991 avec Sonic the Hedgehog, sorti sur console Mega Drive (16 bits). Dans ce jeu de plate-forme, il court à toute berzingue dans des stages colorés afin d’empêcher le maléfique Dr Robotnik de conquérir le monde. L’accueil est triomphal. Plus de 15 millions d’exemplaires sont vendus. “Le jeu bousculait les codes un peu plan-plan de la plate-forme à la Mario en adoptant une vitesse de défilement inédite, en optant pour un système de contrôle aussi minimaliste que prenant – un seul bouton pour sauter et attaquer – et en recourant à des architectures de niveaux spectaculaires”, décrit William Audureau.
Sonic est également une bête de communication. Sega booste son hérisson avec des campagnes marketing créatives et provocatrices (le fameux slogan “Sega, c’est plus fort que toi” que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître). Plus qu’un personnage de jeu vidéo, Sonic devient une icône pop qui incarne son époque. Il est partout. On le retrouve sur les ailerons de la Formule 1 Williams-Renault d’Alain Prost, sur des baskets Nike ou bien encore dans des pubs McDo.
“Autant des jeux des années 1990 que des jeux sur les années 1990”
“Les jeux Sonic étaient presque autant des jeux des années 1990 que des jeux sur les années 1990, analyse William Audureau. Jusqu’alors, les grands héros de jeu vidéo avaient presque toujours été des personnages hors du temps. Sonic, lui, est vraiment le premier à épouser le zeitgeist de son époque, ce mélange d’américanophilie triomphante, de consumérisme assumé et de jeunisme décomplexé du début des années 1990. Cela se retrouve dans ses poses inspirées de celles de Mickey Mouse et des Tiny Toons, dans ses baskets en pleine explosion mondiale de la NBA ou bien encore dans ses clins d’œil à la culture de masse et aux phénomènes de mode du moment, comme Michael Jackson ou Dragon Ball Z.”
Mais, à la fin des années 1990, Sonic loupe son virage en 3D et se prend le mur. Avec la sortie de la PlayStation de Sony, le hérisson bleu prend un coup de vieux. Surtout que les échecs commerciaux des consoles Saturn puis Dreamcast poussent Sega à abandonner leur fabrication. Faute de moyens, l’icône est reléguée à des titres de seconde zone pendant que Mario se réinvente.
“Les joueurs sont tellement investis que cela a eu une influence sur la licence. Sonic Mania a été développé par des fans dévoués”
Malgré cette traversée du désert, le hérisson demeure ultrapopulaire. Sur le web, une communauté de fans entretient la nostalgie. C’est vers eux que la marque japonaise a décidé de se tourner pour son dernier titre. “Les joueurs sont tellement investis que cela a eu une influence sur la licence. Sonic Mania a été développé par des fans dévoués. Je pense que c’est ce qui le rend aussi inattendu et familier”, confie Lola Shiraishi, l’une des productrices.
Habitué aux loopings au bord du précipice, Sonic est attendu avec un second jeu en fin d’année (Sonic Forces) avant une adaptation au cinéma en 2018. Signe que le hérisson bleu est de retour dans les starting-blocks ? David Doucet
Sonic Mania Sur Switch, PS4, XBox One, PC
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