Avec L’Instant télé et L’Instant M sur France Inter, Sonia Devillers passe les médias à la loupe. Journaliste talentueuse et enthousiaste, elle conçoit son métier comme étant au service du public.
“Ça a foiré, j’ai tout raté.” Ce mardi 13 septembre, l’heure est au mea culpa pour Sonia Devillers. Cinq jours plus tôt, elle a reçu Yann Barthès dans L’Instant M qu’elle pilote sur France Inter depuis août 2014. Le présentateur de Quotidien sur TMC est tétanisé au micro et cela se ressent.
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“Je croyais voir débarquer l’animateur triomphant du Petit Journal de Canal, gonflé aux stéroïdes du succès. J’ai vu arriver un garçon frêle, terrassé à l’idée d’être interviewé”, reconnaît-elle, grillant clope sur clope, dans un café en face de la Maison de la Radio.
“L’Instant M n’est jamais dans le règlement de comptes ni le copinage”
Un exercice d’autocritique rare dans le PAF, mais qui est à l’image de cette présentatrice iconoclaste de 41 ans, à l’antenne chaque matin à 6 h 53 puis 9 h 40 pour L’Instant télé puis L’Instant M. “Enthousiaste ou mordant, L’Instant M n’est jamais dans le règlement de comptes ni le copinage. Les gens que je reçois ne sont ni mes amis, ni mes ennemis”, explique-t-elle en sirotant son orange pressée.
Du lundi au vendredi, pendant vingt minutes, Sonia Devillers décrypte, analyse et élargit la question des médias. De son propre aveu, il ne s’agit pas d’une émission sur les journalistes par les journalistes et pour les journalistes.
“La petite vie des médias n’intéresse personne”, assène-t-elle. Pas plus que la télé, “un objet de travail passionnant, mais c’est tout”. Les sujets traités sont variés : d’un animateur télé à un patron de presse en passant par un sociologue des médias, un kiosquier ou un réalisateur de documentaires. L’ambition de L’Instant M est “d’être écouté par des gens qui détestent la télé ou qui ne la regardent pas, et qui trouvent ça quand même passionnant”.
Elle espère recevoir Hanouna, Ruquier et Lapix
N’allez pas croire qu’elle n’a pas d’avis pour autant sur le tube cathodique. Le Cyrille Eldin bashing et la nouvelle formule du Petit Journal ? “Il est évident et attendu. Maïtena Biraben a vécu la même chose l’an passé.” Si elle est ravie de son coup réalisé avec Yann Barthès – un an et demi de bagarre pour le faire venir –, elle espère attirer Cyril Hanouna – qui refuse de mettre les pieds dans la radio publique –, Laurent Ruquier et Anne-Sophie Lapix devant son micro.
Sonia Devillers déteste les idées reçues : “La caricature de France Inter qui se bouche le nez parce qu’on parle de la télévision, c’est faux et archifaux. C’est le premier loisir des Français, il n’y a aucun mépris à avoir.” Elle a fait de la transmission son moteur : “La radio se fait dans la générosité, dans l’idée qu’on donne, qu’on partage.”
Elle doit beaucoup à Isabelle Giordano, qui l’a fait venir sur Inter en 2006, dans l’émission Service public. “Elle me répétait constamment : ‘Mais à qui tu parles ? Ça intéresse qui, ce que tu racontes ?’” L’intéressée ne tarit pas d’éloges : “Si ce n’avait pas été moi, quelqu’un d’autre aurait déniché son talent. Son enthousiasme et sa détermination sont des qualités formidables.”
Plus de mille émissions au compteur
Cinq années plus tard, avec plus de mille émissions au compteur, elle prend les commandes de sa première quotidienne, Le Grand Bain, durant l’été 2011. L’émission devient hebdomadaire (chaque samedi) à partir de 2012, jusqu’à L’Instant M à la rentrée 2014.
Parisienne, née aux Lilas, Sonia Devillers a laissé tomber, en 1999, cent cinquante pages d’une thèse sur Bergson pour écrire des brèves de cinq lignes dans les pages médias du Figaro. Un atterrissage brutal : “Un grand patron du Figaro m’a dit : ‘Tu sais, demain, ta page sera dans la caisse du chat.’ Ça m’a fait du bien de l’entendre.” Après deux années d’Instant M, son enthousiasme reste le même. Et l’émission est plébiscitée : d’après le dernier relevé Médiamétrie, 1,76 million d’auditeurs l’écoutent chaque jour.
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