Tantôt un outil, tantôt une crainte, la discrétion médiatique n’a pas le même effet sur tous les politiques dans les sondages. Revue croisée de Martine Aubry et Nicolas Sarkozy.
Elle disparaît, elle baisse. Il se cache, il remonte. Allez comprendre. Pour Martine Aubry et Nicolas Sarkozy, la discrétion médiatique n’a pas les mêmes répercussions dans les sondages.
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Depuis un mois, la Première secrétaire du PS et le président de la République se sont fait plutôt discrets sur la scène politique. Séjour en Inde puis visite de l’exposition universelle à Shanghai pour la première. Représidentialisation pour le second avec délégation des tâches à François Fillon et aucune prise de position intempestive pour ne pas gêner l’Allemagne en pleine crise grecque.
Résultat: une chute de respectivement 6 et 8 points pour Martine Aubry dans un sondage Viavoice paru ce mardi 11 mai dans Libération (47% de bonnes opinions) et dans une enquête Ifop / Paris Match publiée ce mercredi. Dans cette dernière enquête, seuls 12% des personnes interrogées souhaitent que Martine Aubry soit candidate en 2012 contre 20% en janvier dernier. Un résultat mitigé d’autant plus que Dominique Strauss-Kahn (27%) et Ségolène Royal (15%) se placent devant elle.
A l’inverse, Nicolas Sarkozy connaît quelques petites améliorations, même si depuis janvier 2008, le chef de l’Etat reste sous la barre des 50% d’intentions favorables. Dans ce même sondage Viavoice pour Libération, la cote de popularité du Président enregistre une hausse de trois points (38%). Et l’intéressé grignote cinq places dans le palmarès mensuel des personnalités politiques Ifop/Paris Match avec 35% de bonnes opinions contre 30% il y a tout juste un mois.
Alors comment expliquer cette différence? Par leur statut, répond Frédéric Dabi directeur du département opinion de l’Ifop. « Quand on est dans l’opposition comme Martine Aubry, on gère le ministère de la parole ». En somme, on est condamné à parler… Or la patronne du PS s’est fait relativement discrète ces dernières semaines. Ni 20h ni matinale. Tout juste une tribune dans Libération, « Europe, réveille toi! » co-signée le Président du Parti socialiste euopéen, Poul Nyrup Rasmussen et du parti socialiste belge Elio Di Rupo, publiée le 7 mai dernier. Et une apparition ce mardi sur le perron de Matignon, cachée par un grand parapluie, après son entretien avec François Fillon. « Quand nous avons réalisé les entretiens, explique François Miquet-Marty de Viavoice, les sondés ont clairement reproché le silence de Martine Aubry sur la crise grecque ».
Dans le même temps, Dominique Strauss-Kahn a lui été très visible. « Dans notre sondage Ifop / Paris Match, commente Frédéric Dabi, sur la personnalité préférée pour représenter le PS à la présidentielle de 2012, la question posée était ouverte. Nous n’avons suggéré aucun nom aux sondés. Par conséquent, ça impacte positivement la présence médiatique, comme celle de DSK.
Pour Nicolas Sarkozy, l’embellie – relative – s’explique en partie par la raréfaction de ses prises de positions tous azimuts et leur concentration sur un sujet d’inquiétude générale : la crise grecque et ses conséquences. « Sa parole s’était largement démonétisée, complète Frédéric Dabi, et n’avait plus aucun impact. Aujourd’hui elle s’est faite plus rare ». Fini les déclarations multiples et quotidiennes auxquelles se livrait le chef de l’Etat au début de son quinquennat. Désormais, Nicolas Sarkozy suit à la lettre les conseils prônés en son temps par Jacques Pilhan, maître de la communication de François Mitterrand et de Jacques Chirac : disparaître pour créer le désir et mieux revenir. Comme en fin de semaine dernière, avec le sommet des dirigeants européens qui s’est tenu à Bruxelles.
Manifestement, Aubry comme Sarkozy ont retenu la leçon. Revenir après une période d’abstinence et si possible au moment où les autres ne parlent pas. Ainsi, la Première secrétaire va profiter du pont de l’Ascension, date à laquelle les hommes politiques se font rares sur les plateaux, pour enchaîner les interviews. Ce mercredi, elle sera sur le plateau de France Info, avant de recevoir vendredi à Lille France Inter et France 3 – Nord-Pas-de-Calais.
Quant au chef de l’Etat, la crise grecque lui a permis de repasser une tête sur le devant de la scène. Et dès la mi-juin, il pourrait revenir en force pour parler des retraites dans une interview dont la forme est en discussion. C’est bien connu, personne ne lit les sondages mais tout le monde y fait attention.
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