Jeudi, « Le Figaro » a publié un sondage sur son site. La question, qui prêtait largement à confusion, a provoqué un tollé de réactions indignées.
« Assassinat d’Hervé Gourdel : Estimez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France ? » Cette question posée sur le site du Figaro le 25 septembre au matin fait polémique, tant chez les lecteurs que chez les journalistes du quotidien.
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Ce jeudi, @Le_Figaro bat son propre record de la question du jour la plus malsaine :/ http://t.co/W5lOcHwRmg pic.twitter.com/RxRsGXM2t3
— Adrien Sénécat (@AdrienSnk) 25 Septembre 2014
Chaque jour, lefigaro.fr publie un sondage sous la forme d’une question à laquelle peuvent répondre les lecteurs en un clic. Après l’assassinat de l’otage français Hervé Gourdel par l’Etat islamique mercredi soir, le quotidien a cru bon de poser une question qui ne pouvait que provoquer l’indignation.
Des « interprétations regrettables » ?
La question a été vite retirée après publication. Sur Twitter, Le Figaro ne présente pas vraiment d’excuses ; le tweet se contente de dire que ce sondage a pu « prêter à des interprétations regrettables ».
Notre question du jour pouvant prêter à des interprétations regrettables, Le Figaro a décidé de la retirer.
— Le Figaro (@Le_Figaro) 25 Septembre 2014
La formulation de la question prête en effet à se demander, a priori, si la France condamne suffisamment les musulmans. Ce n’était (heureusement) pas le sens de la question. Mais celui que voulaient lui donner les auteurs de cette question n’apparaît guère plus justifié. Il semble qu’ils aient voulu demander à leurs lecteurs : « Estimez-vous que les musulmans de France dénoncent suffisamment les actes de l’État islamique ? ». Rue 89 a vite réagi en titrant un article : « Les musulmans priés de condamner des terroristes : quelle folie ! ».
La Société des Journalistes scandalisée
Dans l’après-midi, la Société des Journalistes (SDJ) du Figaro a publié un communiqué dans lequel elle « condamne l’ineptie de cette question ».
Le communiqué de la Société des journalistes du @Le_Figaro pic.twitter.com/wVPc9ziWz6
— Jérôme Bouin (@jeromebouin) 25 Septembre 2014
L’un des responsables de la SDJ du quotidien rapporte que de nombreux journalistes ont alerté la société dans la journée. Il dénonce la « maladresse » des personnes qui ont publié la question à l’origine de la polémique :
« En règle générale, ces questions sont de vraies inepties. Les réponses sont souvent dans la question. Dans de telles circonstances, c’est vraiment bête de faire des sondages comme celui-ci. »
Une « formulation maladroite »
La « question du jour » est décidée le matin en conférence de rédaction du site web. Elle est ensuite validée par la direction. C’est donc un petit nombre de journalistes du journal qui est chargé de choisir sa formulation. A la rédaction papier, par exemple, une journaliste témoigne avoir été « spectatrice » de ce qu’il s’était passé jeudi. Dans Le Monde, Alexis Brézet, directeur de la rédaction du Figaro, dit assumer la responsabilité de la publication de ce sondage :
« C’était une formulation maladroite, dès que nous avons saisi qu’elle était mal comprise, nous l’avons retirée. »
Les réponses à ces questions ne peuvent être interprétées comme le reflet de ce que pensent les Français, ni même les lecteurs. De tels sondages ont déjà fait polémique, sur d’autres sites. En juillet 2013 notamment, Le Point avait demandé à ses lecteurs via un « sondage » ce qu’ils pensaient des propos du député-maire de Cholet Gilles Bourlouleix, qui avait dit dans un camp de Roms : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». Quatre réponses étaient suggérées, dont « Je n’oserai jamais le dire mais j’approuve cette phrase ». Ce sondage avait été finalement retiré, comme celui du Figaro, suite à l’indignation des lecteurs et des journalistes.
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