Comment un petit gars du ghetto à l’énergie démentielle devint non seulement le “Godfather of Soul” mais aussi l’inventeur du funk, et l’un des plus importants musiciens américains.
Mélange habituel d’archives et d’interviews pour évoquer la carrière (plus que la vie privée) de James Brown et son importance dans l’émancipation des Afro-Américains. Si on ne détaille pas la jeunesse du chanteur ni ses frasques diverses, c’est que l’enjeu du film est essentiellement musical. Sur ce plan, c’est convaincant. Outre l’accent sur son rôle moteur dans la Black Pride, on perçoit précisément, grâce à des interviews de musiciens, dont d’anciens membres de ses orchestres (The Famous Flames et The J.B.’s), pourquoi James Brown a été l’un des chanteurs les plus influents des Etats-Unis.
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S’il se vantait dans une interview d’avoir été à l’origine du hip-hop et du disco, ce n’était que la vérité. Mêlant le gospel de ses origines (mauvais garçon, il chantait dans les églises) au jazz, Brown a créé un courant essentiel dans la musique nord-américaine : le funk. Car bien qu’il ait été fort justement classé dans la soul et le rythm’n’blues dans les années 60, Brown se distingua de ses pairs en empruntant directement un concept au jazz : l’improvisation.
Ou plus précisément ce qu’on appelle le “vamp” (ou en musique classique l’“ostinato”), la répétition en boucle d’une courte formule rythmique. Mais, au lieu de marquer le deuxième temps de la mesure comme dans le jazz, Brown et ses musiciens marquaient le premier temps, ce qui sera une des principales caractéristiques du funk.
Explications de musiciens éloquents
On comprend grâce aux explications de musiciens éloquents, tels que le bassiste Christian McBride, de quelle façon Brown transforma le jazz en machine infernale à danser, fondée sur le rythme. Il eut parfois cinq batteurs sur scène, ce qui en dit long. Certains d’entre eux témoignent, comme Melvin Parker qui, avec son frère le saxophoniste Maceo, fait partie de ces jazzmen exemplaires qui inventèrent le funk. Maceo Parker, ou bien Pee Wee Ellis, saxo et arrangeur de James Brown, décrivent comment, en empruntant un riff au So What de Miles Davis, ils composèrent avec James Brown Cold Sweat (1967), qu’on considère comme le premier morceau funk.
On comprend également à quel point “l’influx” de Brown s’est étendu au rock et à la pop. Le film a d’ailleurs été produit, tout comme le récent biopic sur James Brown (Get on up), par Mick Jagger, qui reconnaît sa dette envers Mr. Dynamite. Cela dit, le chanteur de Sex Machine est encore plus directement à l’origine de la carrière de Michael Jackson, et surtout de Prince. On rappelle aussi que de son côté Brown devait énormément à Little Richard. Manière de souligner à quel point rock, jazz et rythm’n’blues sont intimement liés.
Mr. Dynamite – The Rise of James Brown documentaire d’Alex Gibney. Samedi 12, 22 h 20, Arte
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