C’était mieux avant, le niveau baisse, les élèves sont nuls, les crimes augmentent, les diplômes n’ont plus de valeur, la France s’appauvrit, les citoyens se désintéressent de la politique…Deux sociologues, spécialistes des statistiques, viennent démonter certains de ces préjugés les plus grossiers.
C’était mieux avant, le niveau baisse, les élèves sont nuls, les crimes augmentent, les diplômes n’ont plus de valeur, la France s’appauvrit, les citoyens se désintéressent de la politique… Ces discours rebattus ressassent les clichés les plus absurdes, proférés par des commentateurs qui substituent à la rigueur de l’analyse la précipitation du jugement aveugle. Par-delà la recherche scientifique, les médias et les politiques font souvent passer auprès de l’opinion publique de pures contre-vérités pour des évidences indiscutées.
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Deux Maurin, Eric et Louis, spécialistes des statistiques, viennent démonter certains de ces préjugés les plus grossiers. Ils proposent une lecture iconoclaste mais juste du fonctionnement de la société. Dans Déchiffrer la société française, édifiante mise à plat des mécanismes sociaux (famille, santé, logement, mobilité, revenus…), Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, révèle les écarts entre les images dominantes et la réalité des faits, éclaire tous les points aveugles de la société par le filtre des chiffres. Sans sacrifier la nuance ou minimiser les blocages réels (inégalités, école…), son travail synthétique réfute l’idée selon laquelle la France serait un pays en crise profonde, et remet à leur place tous ceux qui, parlant de l’ordre social, jouent sur les peurs.
C’est ce même souci de soulever les malentendus qui guide la brillante réflexion d’Eric Maurin dans La Peur du déclassement. L’auteur démontre que l’angoisse de perdre son statut social touche surtout les classes sociales supérieures, pourtant les mieux prémunies contre le risque. Soucieuses de maintenir leur rang, elles mettent en place des stratégies séparatistes sur les marchés résidentiel et scolaire (accès aux institutions d’élite, aux quartiers éloignés des classes populaires), dont les effets sont manifestes sur la paix et la mixité sociales. Comme autrefois la Grande Peur, les peurs actuelles, dont le déclassement reste le point d’orgue, demeurent nourries par les fantasmes et restent mauvaises conseillères pour ceux qui rêvent d’une société apaisée et plus juste.
Déchiffrer la société française de Louis Maurin (La Découverte)
La Peur du déclassement, une sociologie des récessions d’Eric Maurin, (Seuil, la République des idées)
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