Snapchat aurait trompé ses utilisateurs. C’est en tout cas ce qu’a déclaré hier la Federal Trade Commission – le gendarme américain de la concurrence. Pour elle, les snaps sont loin d’être éphémères.
C’est bien connu : sur le web, rien ne disparaît vraiment. C’est même là-dessus que Snapchat a construit son succès. Lancée en septembre 2011, cette application pour smartphone permet d’envoyer des « snaps » – photos, vidéos et messages textes éphémères, censés s’autodétruire au bout de dix secondes. Seulement, pour la Federal Trade Commission (FTC), c’est un mensonge : les snaps laissent de nombreuses traces. Que risquez-vous en « snapchattant » ? Explications.
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Capture d’écran
Ce que dit Snapchat : Quand le destinataire effectue une capture d’écran, l’émetteur en est informé
Ce qu’il peut se passer : D’après le communiqué de la FTC, publié hier, n’importe quel possesseur d’iPhone utilisant un système d’exploitation antérieur à iOS7 est capable de faire une capture d’écran en secret. Très populaire chez les autres utilisateurs, des applications tierces, qui se substituent à l’application officielle, déjouent elles aussi le système de notifications (même si, depuis quelques mois, Google semble leur avoir déclaré la guerre).
Disparition du message
Ce que dit Snapchat : Un snap disparaît au bout de dix secondes maximum.
Ce qu’il peut se passer : Vous pensez votre snap évaporé? Surprise! il est toujours là. Pour effacer un snap, Snapchat change seulement son extension en « .nomedia ». Résultat : il n’est plus référencé dans votre smartphone, mais il n’en est pas vraiment supprimé. D’habiles internautes sont capables de retrouver ces snapchats fantômes. Une compétence qui rapporte gros : l’un d’eux a dévoilé monnayer ce service entre 300 et 500 dollars par photo.
Géolocalisation
Ce que dit la FTC : « Snapchat a transmis les données de localisation des utilisateurs de son application Android » affirme-t-elle dans son communiqué « alors qu’il spécifiait, dans ses conditions d’utilisation, ne pas chercher à y accéder« .
Ce dit Snapchat : Les conditions d’utilisation de l’application, mises à jour le 1er mai, semblent désormais très claires sur ce point. « Avec votre consentement, nous sommes susceptibles de collecter des informations sur la localisation de votre appareil pour faciliter l’utilisation de certains de nos services« , peut-on y lire.
Avec plus de 400 millions de snaps échangés chaque jour, Snapchat est extrêmement populaire. L’application doit son succès au sentiment de sécurité totale qu’elle donne à sa communauté d’utilisateurs, essentiellement composée d’adolescents. C’est la raison pour laquelle la FTC s’est emparée du dossier.
Snapchat a déjà été épinglé
Ce n’est pas la première fois que Snapchat « oublie » d’informer clairement ses utilisateurs. La FTC rappelle que par le passé, l’application s’est déjà adonnée à la collecte inopinée de numéros de téléphones, jusqu’à ce que la version d’iPhone iOS 6 corrige ce défaut. La fonction « Retrouver un ami », ajoute-t-elle, a aussi conduit à l’envoi de snapchats à de mauvais destinataires. En janvier dernier, une faille de sécurité de cette fonction a permis le hack de l’application, et 4,6 millions de données appartenant à ses utilisateurs ont été dévoilées sur le Web.
En signant hier un accord avec la FTC, Snapchat a promis une transparence réelle. La société est dorénavant soumise à des contrôles pour les vingt ans à venir, et doit lancer un vaste programme pour garantir le caractère privé des données de ses utilisateurs. Elle échappe pour l’instant à l’amende, mais une violation de l’accord pourrait lui coûter jusqu’à 16 000 dollars par transgression. Un « bad buzz » ennuyeux pour Snapchat, alors que ses deux fondateurs ont intégré cette année le Top 100 des personnalités les plus influentes selon le Time, et qu’ils ont refusé, l’année dernière, une offre de rachat par Facebook s’élevant à plusieurs millions de dollars.
Aujourd’hui, où en est Snapchat ? Dans les conditions générales d’utilisation de l’application, c’est écrit noir sur blanc : « Vous ne devriez pas utiliser Snapchat si vous voulez être sûr que le destinataire ne peut pas conserver de copie« . Mais à peine plus loin, Snapchat s’exonère de toute responsabilité : “Une fois que tous les destinateurs ont reçu le message, nous supprimons automatiquement le snap de nos serveurs et nos services sont programmés pour le supprimer de l’application snapchat des destinataires« . Une formule ambiguë, car elle omet de préciser que si la photo est bien supprimée de l’application du destinataire, elle reste traçable sur son téléphone. Pour l’instant donc, Snapchat joue toujours avec les mots.
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