Ils dénoncent une composition non paritaire.
Pas de femmes dans le nouveau « collège des personnalités qualifiées » du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et hommes (HCE). Les six chercheurs ont annoncé leur démission lundi 15 juillet dans le but de dénoncer une composition non paritaire du Conseil qui évince leurs homologues féminines.
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Si la nouvelle structure du HCE, arrêtée le 24 juin, comprend 27 femmes et 27 hommes et semble parfaitement paritaire, aucune chercheuse n’a été sélectionnée pour faire partie du « collège des personnalités qualifiées ». Cette instance consultative indépendante est chargée de publier un rapport annuel sur le sexisme en France, les personnes qui le composent y siègent pour trois ans en « raison de leur compétence et de leur expérience dans les domaines des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes ». Les démissionnaires s’indignent de l’absence de chercheuses féminines dans un domaine où elles sont « précurseuses, très majoritaires et bien plus légitimes », a expliqué à l’AFP Antoine Math, économiste à l’Institut de recherches économiques et sociales et qui fait partie des chercheurs démissionnaires.
“Chaque avis aurait été suspect du fait de ce manque d’ouverture.”
« Ça aurait été aller à l’encontre de nos propres convictions », affirme de son côté Gaël Pasquier au Monde. Maître de conférences en sociologie et membre du HCE depuis 2016, il poursuit : « Il nous semblait qu’en restant, nous ne servions pas l’institution. Chaque avis qui aurait été rendu par le Haut Conseil aurait été suspect du fait de ce manque d’ouverture. »
Le directeur de cabinet de Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes a réagi le 19 juillet indiquant par courrier qu’il regrettait la décision des chercheurs. Il y précise par ailleurs qu’en aucun cas leur démission ne pourrait « au regard des critères de parité imposés par le décret, conduire à la nomination de femmes ». Il défend quelques lignes plus loin la composition de ce collège en soulignant qu’une chercheuse a été contactée mais qu’elle « n’a pas souhaité » l’intégrer tout en précisant la possibilité « d’inviter des personnes supplémentaires pour des réunions de travail, ou des consultations ». Interrogé par Le Monde Gaël Pasquier n’a pas jugé cette proposition satisfaisante pointant la différence de statut que de telles pratiques induiraient entre les membres du HCE et les « invitées ». Le chercheur s’est également insurgé contre « l’invisibilisation des intellectuelles encore prégnante dans le milieu académique ».
Les chercheuses encore discriminées dans le monde de la recherche
Alors que des chercheuses du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) avaient manifesté leur désaccord avec la « composition sexiste du HCE » quelques jours avant la démission de leurs homologues masculins, le président-directeur général du CNRS, Antoine Petit leur a adressé un courrier « d’un paternalisme édifiant ». Il y indique qu’il regrette qu’elles « n’occupent pas la même place que les hommes » dans l’organisme et les invite à se présenter aux postes d’encadrement parce qu’« Il est difficile de promouvoir des personnes qui ne postulent pas ! », a-t-il précisé. Des propos plutôt mal reçus par les chercheuses. Interrogée par Le Monde, l’une d’entre elles se désole : « En invoquant la soi-disant inhibition à se présenter, il individualise la cause des discriminations plutôt que d’interroger le système complexe qui les produit. »
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