Sans images du cadavre de Ben Laden, la mort de l’ennemi numéro 1 restera symbolisée par ce cliché de la situation room. Hollywood a le champ libre.
1. Passé
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Oussama Ben Laden fait irruption dans le cercle médiatique avec les attentats du 11 Septembre, événement planétaire dont les images resteront les plus marquantes du début du siècle. L’histoire en direct sur toutes les chaînes de télé donne alors à voir des avions entrant soudainement dans le champ pour ne plus jamais quitter l’imaginaire collectif.
Dix ans plus tard, la mort du responsable de ces attentats restera, elle, sans images. Raisons invoquées par la Maison Blanche : l’atrocité des clichés et le risque qu’ils représenteraient pour la sécurité nationale des Etats-Unis si ceux-ci étaient récupérés en tant qu’“instruments de propagande”. La photo historique restera donc celle-ci. Prise à des milliers de kilomètres du Pakistan, elle montre Barack Obama entouré de son équipe, suivant en direct l’opération qui aboutira à la mort de Ben Laden, ennemi public numéro 1. Visages tendus ou horrifiés font écho aux expressions que beaucoup arboraient le 11 septembre 2001 devant leur poste de télévision. Dix ans plus tard, l’événement à proprement parler restera confidentiel, interdit,
2. Présent
Le cliché est de Pete Souza, devenu photographe en chef de la Maison Blanche à l’investiture d’Obama. Depuis deux ans et demi, ses photos et celles de ses collègues sont postées sur Internet au jour le jour sur le compte Flickr de la Maison Blanche. Il contribue ainsi à étoffer la mythologie pop du président en place, qui s’y prête mieux que quiconque. Difficile à ce titre de ne pas penser, en voyant ce cliché pris dans la situation room, aux représentations de cette salle de crise au cinéma ou dans les séries (au premier rang desquelles The West Wing – A la Maison Blanche).
Pas étonnant que le cliché, au-delà de sa force intrinsèque et de son aspect historique, ait été pris comme un bel objet de détournements sur Internet où il en existe des milliers de versions retravaillées sous Photoshop pour ajouter des personnages ou des éléments contribuant à briser le côté hautement dramatique de la scène, à mille lieues des troublantes vidéos de liesse à New York à l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden.
3. Futur ?
Si des extraits de vidéos du commando pourraient filtrer, les photos du cadavre de Ben Laden resteront elles, a priori, absentes. Au cinéma, le hors-champ désigne ce qui n’apparaît pas à l’écran mais qui existe dans l’idée que se fait le spectateur de la scène, attisant en lui un sentiment d’attente et de suspense. Il ne faudra probablement patienter que peu d’années avant de voir fleurir sur grand écran des représentations fantasmées de la mort de l’ennemi public numéro 1.
Quelques heures après la mort d’Oussama Ben Laden, les médias nationaux spéculaient déjà sur les réactions d’Hollywood. Le projet de Kathryn Bigelow (oscarisée pour Démineurs) portant sur une opération commando ratée visant à capturer Ben Laden sera du coup probablement repoussé tandis que des ébauches de biopics ou de reconstitutions historiques devraient bientôt voir le jour. Hollywood aura alors le champ libre pour façonner l’imaginaire historique à sa sauce.
Diane Lisarelli
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