Après Facebook, c’est au tour du site de rencontre OKCupid d’admettre avoir modifié ses algorithmes afin de réaliser des expériences psychologiques sur ses utilisateurs.
Il y a moins d’un mois, on apprenait que Facebook avait réalisé une expérience psychologique sur près de 700 000 de ses utilisateurs. L’entreprise américaine avait choisi de mettre en avant (ou en retrait) des posts négatifs ou positifs sur des profils d’utilisateurs, afin de voir si leurs émotions étaient influencées par celles de leurs amis.
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Aujourd’hui, c’est le site de rencontre américain OKCupid qui a admis avoir effectué plusieurs expérimentations sur ses utilisateurs. Mieux : c’est l’entreprise elle-même qui a diffusé l’information hier soir sur son blog, par une note postée par le cofondateur du site Christian Rudder.
« C’est comme ça que les sites Internet fonctionnent »
Est-ce par souci de franchise ? Est-ce pour défendre Facebook ? Ou simplement pour prendre les devants et éviter d’être pris « la main dans le sac » par des utilisateurs ou journalistes un peu trop curieux ? Une chose est sûre : Christian Rudder met très bien en scène sa franchise :
« Nous avons récemment remarqué que les gens n’aimaient pas que Facebook ‘fasse des expériences’ avec leur newsfeed. Mais vous savez quoi ? Si vous utilisez Internet, vous êtes sujets à des centaines d’expériences à tout moment, sur n’importe quel site. C’est comme ça que les sites Internet fonctionnent. »
Et le cofondateur d’OKCupid de détailler trois des expériences faites par le site. Si la première n’est qu’une analyse des comportements des utilisateurs, les deux autres font état de manipulation de certaines données pour observer la réaction des membres du site de rencontre.
« Vos mots ne valent quasiment rien »
Pour savoir si les utilisateurs étaient attirés par la photo d’un membre ou par sa petite description (le texte dans les biographies des inscrits), OKCupid a choisi un « petit échantillon » de personnes et a, une fois sur deux, caché leur biographie en ne montrant que leur photo aux autres membres. Résultat : quasiment aucun changement, les membres avaient autant de succès auprès de leurs pairs avec, ou sans texte. Conclusion de Rudder : « Votre photo vaut bien ces fameux ‘mille mots’, mais vos mot, eux, ne valent… quasiment rien. »
Autre expérience, encore plus surprenante : dire aux utilisateurs qu’ils sont parfaits l’un pour l’autre, alors qu’ils ne sont pas censés l’être. OKCupid fonctionne sur un système de « pourcentage de compatibilité ». Pour savoir si ces pourcentages ont de l’influence sur les sentiments de ses utilisateurs, OKCupid en a modifié certains manuellement. L’entreprise a ensuite montré à deux personnes qu’elles avaient « 90% de compatibilité » alors qu’elles n’en avaient en réalité que 30% selon l’algorithme du site.
L’effet placebo
Evidemment, les effets sont à la fois surprenants et captivants. « Quand on dit aux gens qu’ils sont compatibles, ils agissent comme s’ils l’étaient. Même si leurs personnalités sont censées être inconciliables« , conclut Christian Rudder, devant des chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Lorsque l’on dit à des personnes compatibles à 30%, qu’elles le sont en fait à 90%, leur pourcentage d’échanger plus de 4 messages (ce que le site considère comme « avoir une discussion ») passe de 10% à 17% (voir capture d’écran).
Cet effet « placebo » n’a pas plu à tout le monde, comme le montre ce tweet d’un utilisateur du site.
OKCupid homepage says « Our matching algorithm helps you find the right people. » Except when they deliberately show you the wrong people. — Justin Brookman (@JustinBrookman) 28 Juillet 2014
(« La page d’accueil de OKCupid dit ‘nos algorithme de compatibilité vous aide à trouver la bonne personne’. Sauf quand ils vous montrent délibérément la mauvaise personne. »)
Ce récent élan de franchise encouragera-t-il d’autres sites à avouer qu’ils ont également réalisé des expériences sur leurs utilisateurs ? OKCupid a, en tout cas, réussi un bon coup de com’ en faisant mine d’assumer pleinement ces expérimentations, tout en étant protégé par les « conditions d’utilisations » que tous les utilisateurs du site acceptent en s’inscrivant.
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